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2019_WASH_DA_SILVA_CHRISTOPHE_C0A4202-min © Christophe Da Silva pour Action contre la Faim

À la Une

santé

Qu’est-ce que le choléra ?

Mais qu’est-ce qui rend cette maladie si dangereuse et pourquoi est-il si difficile de prévenir et d’endiguer les épidémies dans certaines régions ? 

 

Quelles sont les causes du choléra ?

 

Le choléra est une maladie infectieuse provoquée par la bactérie « Vibrio cholerae ». Cette bactérie produit une toxine dans l’intestin et provoque une diarrhée aiguë, souvent associée à des vomissements, ce qui peut entraîner une déshydratation potentiellement mortelle, voire un arrêt cardio-respiratoire. Il en existe environ 200 variétés différentes de bactéries de genre Vibrio, mais seules 12 d’entre elles sont nocives pour l’homme  et seul le Vibrio cholerae provoque la maladie du choléra.

 

Quels sont les symptômes et quel est la dangerosité de la maladie ?

 

Les symptômes typiques de cette maladie infectieuse sont une diarrhée aqueuse (parfois plus de dix litres par jour pour un adulte), souvent inodore et sans mucus, qui ressemble à de l’eau de riz, ainsi que des vomissements. Souvent, des signes de déshydratation apparaissent, comme des yeux creux, une langue sèche ou la soif. En cas de déshydratation massive, l’évolution de la maladie peut conduire à la mort en quelques heures si elle n’est pas traitée directement. C’est pourquoi le risque de mourir du choléra est particulièrement élevé pour les personnes souffrant de sous nutrition ou dont le système immunitaire est faible. Un choléra grave non traité est mortel dans 50 à 60% des cas. Toutefois, si les soins sont administrés à temps, le taux de mortalité tombe à moins d’1%.

Ce sont surtout les bébés et les jeunes enfants ainsi que les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes dont le système immunitaire est affaibli qui ont le plus de risque de contracter le choléra. Les bébés en particulier perdent très rapidement, proportionnellement à leur poids, beaucoup de liquide en cas de diarrhée et de vomissements et doivent être traités le plus rapidement possible. En revanche, les adultes en bonne santé ne sont souvent pas ou peu affectés par la bactérie. Les personnes ayant contracté le choléra et s’étant rétablies développent une immunité allant de six mois à deux ans.

 

YE - WASH - 2024 - Mohammed Alhasanai (23)-min © Mohammed Alhasanai pour Action contre la Faim

 

Comment se transmet le choléra ?

 

La plupart du temps, une épidémie commence par une personne malade et se propage ensuite rapidement vers d’autres personnes, qui elles-mêmes vont potentiellement contaminer d’autres personnes. Les bactéries Vibrio cholerae se trouvent principalement dans les excréments et le vomit. Toutes les personnes qui entrent en contact avec la bactérie ne tombent pas forcément malades. Les personnes infectées asymptomatiques peuvent contaminer les autres presque aussi rapidement que les malades présentant des symptômes. Même les personnes décédées du choléra restent très infectieuses, rendant les pratiques funéraires particulièrement sensibles.  Les animaux ne peuvent d’ailleurs pas être infectés et ne peuvent pas non plus transmettre la maladie : le choléra ne touche que les humains. 

La période d’incubation (durant laquelle le patient n’est pas contagieux) varie de quelques heures à cinq jours, suivie par une phase contagieuse asymptomatique pouvant durer jusqu’à dix jours, elle-même suivie d’une phase symptomatique contagieuse. A noter que seuls 20% des personnes infectées développent un choléra, et seulement 4% des personnes infectées développent une forme sévère de choléra.

La maladie est généralement transmise par la nourriture et l’eau contaminées par les excréments, par exemple en cas de manipulation avec des mains sales ou que des aliments entrent en contact avec de l’eau contaminée, plus rarement, par contact direct avec des personnes malades.

Dans les zones où l’assainissement et l’accès l’eau est absent ou inadéquat, les eaux usées (excréments, eaux noires, eaux grises) contaminées par le Vibrio cholerae peuvent ainsi infecter les points d’eau destinés à la boisson, la cuisine ou l’hygiène personnelle.

 

Quels sont les contextes favorisant le développement du choléra ?

 

Les bactéries du genre Vibrio peuvent survivre cinq à dix jours à l’air libre, sont naturellement présentes dans les eaux douces (sauf dans les eaux souterraines), saumâtres et salées, et prolifèrent lorsque la température de l’eau est plus élevée.

Le choléra se propage surtout dans les populations souffrant de conditions de vie précaires (des conditions par exemple liées à un déplacement forcé, un évènement climatique aigu ou exacerbées par un conflit). Une telle situation peut alors mettre l’ensemble d’une population en danger.

En particulier, des normes d’hygiène personnelle et environnementale peu élevées, un accès insuffisant à l’eau potable, un mauvais système d’assainissement et des zones critiques dépourvues d’infrastructures d’eau et de santé favorisent la propagation de l’agent pathogène.

 

HT_WASH_ChristopheDaSilva_2018_118 © Christophe Da Silva pour Action contre la Faim
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Comment endiguer la transmission du choléra ?

La première stratégie à promouvoir est un accès universel aux services de base en eau, assainissement, hygiène ainsi qu’une bonne couverture en matière de santé.

De l’eau propre, un système d’assainissement efficace et des mesures d’hygiène strictes et routinières, en particulier un bon lavage des mains et une hygiène rigoureuse lors de l’allaitement et de l’alimentation des bébés et des jeunes enfants contribuent efficacement à prévenir les épidémies telles que le choléra et à en limiter la propagation.

Un système de santé performant est également essentiel, notamment afin d’assurer une bonne sensibilisation des populations sur le choléra et la prise en charge adéquate des cas.

Une bonne coordination entre les services de santé et les services chargés de l’approvisionnement en eau et assainissement est également essentielle pour anticiper et répondre à une épidémie. La présence de systèmes d’alerte et de mesures nationales de prévention et contrôle des épidémies sont cruciales.

 

Pourquoi la malnutrition et le choléra sont-ils deux maladies étroitement liées? 

Les personnes souffrant de sous-nutrition ont beaucoup plus de risques d’être gravement atteintes par la maladie. Cela s’explique par le fait que l’absorption insuffisante de nutriments modifie le tractus gastro-intestinal : les « bonnes » bactéries intestinales sont perturbées dans leur fonctionnement et les parois intestinales ne peuvent plus absorber aussi bien les nutriments.

La sous-nutrition a également un impact sur le système immunitaire et l’affaiblit. Les personnes souffrant de sous-nutrition sont donc plus sensibles aux infections et particulièrement aux maladies hydriques comme le choléra.

Le choléra (tout comme d’autres maladies hydriques) peut à son tour affaiblir durablement le système immunitaire, induire de fortes pertes d’eau et de nutriments et réduire l’appétit. Un cercle vicieux s’installe rendant la guérison difficile. 

 

Comment soigner le choléra ?

 

Les malades doivent être traités le plus rapidement possible avec une solution saline et sucrée (SRO, Solution de réhydratation orale), administrée par voie orale ou intraveineuse pour les cas les plus graves. Le traitement est basé sur la réhydratation et le choléra se soigne bien à l’aide de cette solution. Dans les cas les plus graves, on administre des antibiotiques.

En outre, des vaccins (oraux) offrent une protection contre l’infection pendant une période variant de 6 mois chez les enfants à deux ans chez les adultes (selon les dernières évidences disponibles).

Mais l’accès à ces médicaments ou vaccins reste un enjeu vital pour de nombreuses populations (isolées, en zones de conflit, discriminées, etc…).

 

LB_2022_ER_Cholera Outbreak__DiegoIbarraSanchez_023 © Diego Ibarra Sanchez pour Action contre la Faim
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Où se produisent les épidémies de choléra aujourd’hui ? 



D’une manière générale, on parle d’épidémie lorsque des maladies apparaissent en grand nombre et de manière limitée dans l’espace et dans le temps. Lorsqu’une épidémie s’étend au-delà des frontières nationales, on parle de pandémie. La dernière pandémie majeure était la pandémie Covid 19.

Les épidémies de choléra sont récurrentes, en particulier dans les régions en crise, et bien que la maladie soit en principe facile à traiter, des décès associés au choléra sont encore enregistrés aujourd’hui.

En 2024, plusieurs épidémies ont eu lieu dans 33 pays d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient et d’Amérique Centrale. Du 1er janvier 2024 au 29 septembre 2024, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé, 439 724 cas de choléra et 3432 décès ont été signalés.

 

 

Comment Action contre la Faim intervient elle en cas d’épidémie de choléra ? 

Nos équipes sont formées à répondre aux épidémie de choléra et a mis à jour ses procédures d’intervention en réponse aux épidémies de choléra en 2023. Ces procédures, basées sur les protocoles internationaux prônés par l’Organisation Mondiale de la Santé, permettent aux équipes de connaitre et respecter les standards et normes en vigueur.

Dans les établissements de santé appuyés ou gérés par Action contre la Faim, les personnes malades peuvent être traitées selon les protocoles nationaux ou internationaux en vigueur. Nous protégeons en particulier les enfants des évolutions graves en les traitant en parallele contre la sous-nutrition.

Notre assistance porte également et de manière prioritaire sur le niveau communautaire, où Action contre la Faim sécurise dans les zones à risque l’accès à l’eau potable, construit des infrastructures d’assainissement, met en place des systèmes d’évacuation des eaux usées afin de prévenir les épidémies, et forme systématiquement la population aux mesures d’hygiène personnelle et environnementale.

Au-delà de la réponse de terrain aux épidémies, Action contre la Faim contribue également à une approche plus globale de la gestion du choléra, avec sa participation active à la Global Taskforce on Cholera Control animée par l’Organisation Mondiale de la Santé dont l’objectif est d’éliminer la maladie à travers différents angles stratégiques, incluant la production de guides opérationnels (Kit de Procédures Opérationnelles Choléra 2023) et de formations.

Un volet central pour l’éradication de cette maladie est également le plaidoyer pour un meilleur accès au vaccin oral mais surtout pour un accès universel à l’Eau et à l’Assainissement de base, dans les communautés exposées à des risques de choléra et dans les centres de santé associés.

Ce plaidoyer réclame en particulier un meilleur financement du secteur de l’eau, en particulier en contexte humanitaire, ainsi qu’un meilleur financement de la coordination humanitaire des secteurs de l’Eau et de la Santé, et la mise en œuvre par les Etats du Droit à l’Eau et à l’Assainissement.

 


Écrit par Jean Lapegue, Responsable de Service Eau Assainissement et Hygiène à ACF-France et membre de la Global Taskforce on Choléra Control animée par l’Organisation Mondiale de la Santé.

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