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picture 1 © Kamal Aziz Inayat pour Action contre la Faim Irak.

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Irak : endiguer l’épidémie de choléra

Ces dernières années, l’épidémie est devenue une menace de santé publique et un indicateur des inégalités et des lacunes en matière de sensibilisation dans plusieurs communautés à travers l’Irak. Afin de prévenir la propagation de l’épidémie dans ce pays fragilisé par des années de conflit, Action contre la Faim (ACF) organise des séances de promotion de l’hygiène au niveau communautaire et distribue des kits de lutte contre le choléra, en collaboration avec les autorités locales.

Du 1er janvier au 25 septembre 2023, 723 067 cas de choléra, dont 4 301 décès, ont été répertoriés dans le monde, principalement en Afrique et en Asie[1]. Selon les données du Ministère de la Santé irakien, 1 238 cas de choléra, dont 7 décès, avaient été confirmés à travers l’Irak au 30 octobre 2023.

Caractérisé par une diarrhée aqueuse soudaine et indolore ainsi que par des vomissements, le choléra peut rapidement entraîner une déshydratation, un arrêt cardiovasculaire et, en l’absence de traitement, la mort. La réhydratation est le traitement principal tandis que les vaccins peuvent être utilisés à la fois pour prévenir et traiter l’épidémie.

Les épidémies de choléra proviennent généralement d’une seule source et se propagent rapidement par le biais d’aliments ou d’eau contaminés. Elles émergent souvent dans les régions qui réunissent plusieurs facteurs de risque tels qu’un accès insuffisant à l’eau, un assainissement inadéquat, des pratiques non hygiéniques et des systèmes de santé affaiblis – des facteurs tous étroitement liés à la pauvreté. Si le choléra est endémique depuis 1966 en Irak, l’effondrement de l’État et du système de santé a entraîné une augmentation du nombre de cas au milieu des années 2000.

Pour prévenir et contrôler la propagation de la maladie, Action contre la Faim sensibilise les communautés et les autorités locales aux bonnes pratiques d’hygiène et à la gestion de l’eau dans cinq gouvernorats du pays.

 

Un risque accru d’épidémie de choléra

 

L’état alarmant des ressources en eau serait la principale source de l’épidémie de choléra. Selon le Ministère de la Santé, l’infection serait majoritairement due à l’irrigation des cultures avec les eaux usées des fleuves Tigre et Euphrate[2], qui présentent des niveaux historiquement bas et constituent la principale source d’eau pour des millions de personnes dans la région.

Le risque accru d’épidémies de choléra est en outre exacerbé par le changement climatique, la pénurie d’eau, la contamination due à des canalisations endommagées et à une chloration insuffisante ainsi que par les déplacements de population et les perturbations des services de santé, en particulier dans les régions en proie à l’instabilité et aux conflits. Les épidémies surviennent généralement entre septembre et décembre, mais l’épidémie de l’été 2022 a pris les autorités au dépourvu, mettant sous tension un système de santé déjà en crise.

Kirkuk au nord (335 cas et 3 décès), Sulaymaniyah (220 cas et 1 décès), Erbil (442 cas), Bagdad-Rasafa et Karkh au centre de l’Irak (42 cas), Dyala (178 cas et 2 décès), et Thi Qar au sud (52 cas et 1 décès) sont les régions les plus touchées par l’épidémie. En outre, le Ministère de la Santé de Bagdad a identifié Bassorah, Maysan et Muthana comme des gouvernorats à haut risque pour les épidémies de choléra en raison de la mauvaise qualité de l’eau.

 

Choléra et malnutrition : un cercle vicieux

 

Dans un pays déjà accablé par la pauvreté, l’instabilité, les effets du changement climatique et les mauvaises conditions sanitaires, le choléra et la malnutrition créent un cycle néfaste. Non seulement le choléra exacerbe la malnutrition mais il entraîne également une incidence plus élevée et une durée plus longue de la diarrhée, en particulier chez les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère (MAS).

La malnutrition affaiblit davantage l’immunité, ce qui rend les individus plus susceptibles de développer des maladies et amplifie la crise. Dans ce contexte, les organisations humanitaires et les professionnels de la santé se mobilisent pour répondre au besoin urgent d’eau potable, d’assainissement et de mesures d’hygiène.

"Le choléra provoque une perte abondante d'eau et de nutriments, ce qui réduit l'appétit et affecte également l'immunité. C'est pourquoi l'eau propre, l'assainissement et l'hygiène sont aussi essentiels que la nourriture dans la lutte contre la faim"
Asma Farooq
Irak, Responsable

Prévenir et contrôler le choléra au niveau communautaire

 

Depuis 2021, Action contre la Faim participe activement à un groupe de travail portant sur l’eau, hygiène et assainissement (EHA), en se concentrant sur la coordination des opérations et le renforcement des capacités des partenaires engagés dans la lutte contre la pénurie d’eau, une des conséquences du changement climatique.

En mai 2023, avec le soutien du Ministère de la Santé, Action contre la Faim a mis en place des sessions de renforcement des capacités pour 20 agents de santé afin d’améliorer la lutte contre le choléra. ACF a mené une évaluation afin d’identifier les zones à haut risque en fonction de l’historique des épidémies de choléra, identifiant Sulaymaniyah, Kirkuk, Erbil, Thi-Qar et Basra comme cibles prioritaires. Le choléra se propageant par la consommation d’eau et d’aliments contaminés, les efforts se sont concentrés sur la sensibilisation des communautés à la manipulation correcte de ces ressources, ainsi qu’à une bonne hygiène des mains.

Maryam Qadir vit avec six membres de sa famille dans le district de Saed Sadiq à Sulaymaniyah et elle a assisté aux séances de prévention et contrôle du choléra. « Obtenir des informations sur la lutte contre le choléra a fait une grande différence, dit-elle. J’applique maintenant dans ma vie quotidienne les conseils que j’ai reçus de la part de l’équipe de sensibilisation à l’hygiène d’Action contre la Faim afin d’éviter que moi-même ou ma famille n’attrapions la maladie« .

Picture 2 © Kamal Aziz Inayat pour Action contre la Faim Irak.

Maryam Qadir, une des femmes ayant assisté aux séance de prévention, discute avec l'équipe d'ACF dans le district de Saed Sadiq à Sulaymaniyah.

Au total, les sessions de sensibilisation à l’hygiène d’Action contre la Faim ont touché 5 449 personnes dans quatre districts – Arbat, Bazyan, Centre et Saed Sadiq – et 5 137 kits anti-choléra ont été distribués. Les efforts collectifs d’Action contre la Faim, en collaboration avec les communautés locales et le Ministère de la Santé, ont eu un véritable impact auprès des habitants du gouvernorat de Sulaymaniyah.

Kamal Aziz Inayat a supervisé les interventions de l’équipe de sensibilisation à la lutte contre le choléra. « Dans le cadre de nos activités, nous diffusons des messages relatifs à la prévention et au contrôle du choléra et nous distribuons des kits de choléra dans les endroits où la prévalence du choléra est la plus élevée, explique-t-elle. Après l’intervention d’Action contre la Faim, les cas de choléra ont chuté de 68 % et aucun décès n’a été répertorié. Cela témoigne de l’importance d’une intervention rapide, coordonnée et communautaire face aux crises de santé publique« .

 

A propos d’Action contre la Faim en Irak

 

Sept ans après la fin des combats contre Daesh, et malgré quelques avancées positives, l’Irak reste confronté à de nombreux défis avec 2,5 millions de personnes ayant besoin d’une assistance humanitaire. L’érosion de la cohésion sociale nationale, la restauration incomplète des services de base et des moyens de subsistance, l’aggravation des conséquences liées au changement climatique, l’augmentation du stress hydrique et le risque cyclique d’épidémies de choléra mettent en péril la fragile stabilité du pays. Alors même que les besoins humanitaires persistent, d’importantes réductions de financement ont eu lieu, laissant de nombreux besoins insatisfaits.

Action contre la Faim continue d’entreprendre des interventions essentielles : nous avons réhabilité des systèmes d’approvisionnement en eau potable dans les écoles et aidé les autorités locales à détecter les fuites dans les réseaux d’eau communautaires, mis en place un outil participatif d’analyse des risques liés au stress hydrique, consulté les communautés pour renforcer le plaidoyer sur les normes environnementales et continué à sensibiliser les communautés et les autorités aux bonnes pratiques en matière d’hygiène et de gestion de l’eau.

Nous nous sommes engagés auprès des agriculteurs pour soutenir le développement d’une agriculture résiliente au changement climatique et aux pénuries d’eau, nous avons soutenu les ménages déplacés vulnérables par des transferts d’argent pour les aider à répondre à leurs besoins, et nous avons œuvré à la relance de l’économie locale en soutenant les petites entreprises par des subventions et en formant les propriétaires pour assurer la prospérité de leurs affaires.

Afin de réduire la stigmatisation et les tabous qui entourent l’accès aux soins de santé mentale, Action contre la Faim a fourni des services directs et des formations en matière de santé mentale, de soutien psychosocial et de protection aux communautés. Nous avons également travaillé au renforcement de la cohésion sociale en analysant la dynamique des conflits afin d’apporter une réponse adaptée aux besoins de la population.

 


¹ https://www.ecdc.europa.eu/en/all-topics-z/cholera/surveillance-and-disease-data/cholera-monthly

² https://reliefweb.int/report/iraq/iraq-cholera-epidemic-dref-ndeg-mdriq015-operation-update-ndeg-1-01-december-2022

 

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