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Avec la pandémie de Covid-19, les crises économiques et plus récemment la guerre en Ukraine, la faim s’est de nouveau invitée dans l’actualité. La faim dans le monde est en constante augmentation pour la sixième année consécutive selon le SOFI, le rapport de la FAO (l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) sur L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde.
En 2021, ce sont 828 millions de personnes qui souffraient de la faim à travers le monde. Le rapport de 2022 va plus loin et, estime que 670 millions de personnes seront encore confrontées à la faim en 2030 -pratiquement aucun progrès depuis 2015 – date à laquelle l’objectif de la faim zéro a été fixé.
La fin de la faim est le deuxième objectif des « Objectifs de Développement Durable (ODD) » que les Etats s’étaient promis d’atteindre d’ici 2030, or le monde avance dans la mauvaise direction. Il reste huit ans pour éliminer la faim, l’insécurité alimentaire et toutes les formes de malnutrition. Quels sont les chiffres de la faim aujourd’hui ? Quelles sont les causes ? C’est quoi la faim ? Comment lutter contre la faim dans le monde ? On vous explique tout dans cet article.
Avant de démarrer, reprenons les bases. Quand on parle de faim, on ne parle pas ici de la sensation de faim que l’on ressent lorsqu’on saute un repas mais d’un phénomène durable pendant lequel une personne ne sera plus en capacité de se nourrir en quantité ou qualité suffisante : ces personnes sont en insécurité alimentaire. C’est-à-dire qu’elles ont du mal à bien se nourrir sur une longue période. Ce manque d’alimentation, de nutriments aura un impact direct sur la santé de la personne et si la situation persiste, l’individu pourrait être atteint de malnutrition autrement appelé sous-alimentation ou sous-nutrition.
Elle provoque un amaigrissement, un retard de croissance et une insuffisance pondérale. La malnutrition affaiblit le système immunitaire, rendant le malade vulnérable à d’autres maladies et peut même entraîner la mort.
La famine est un état de pénurie alimentaire grave, dans lequel toute, ou une grande partie de la population d’un pays ou d’une région n’a plus accès à la nourriture sur une période longue et qui conduit à la mort des populations concernées. La famine est une situation exceptionnelle pendant laquelle un nombre important de personnes se retrouvent dans l’impossibilité de se nourrir.
Les instances internationales ont établi des niveaux d’alerte sur l’insécurité alimentaire – appelé IPC (Integrated Food Security Phase Classification) – des populations allant de 1 à 5. Cette classification se base sur des critères qui permettent de définir l’état de la sécurité alimentaire dans une région du monde dans le but d’attirer l’attention internationale sur certaines situations critiques et engager des actions. Les niveaux les plus élevés correspondants à une urgence extrême qu’on peut catégoriser comme une région en état de famine ou quasi-famine.
En 2021, la faim était encore en augmentation. On compte désormais 828 millions de personnes soit près de 10% de la population mondiale qui souffrent de la faim selon le nouveau rapport du SOFI 2022 sur l’état de sécurité alimentaire. C’est une hausse 150 millions par rapport au début de la pandémie. En 2021, la faim a touché 278 millions de personnes en Afrique, 425 millions en Asie et 56,5 millions en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Toujours selon le rapport sur L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, près de 3,1 milliards de personnes ne pouvaient pas se permettre une alimentation saine en 2020. Ce chiffre supérieur de 112 millions à celui de 2019 s’explique par l’inflation des prix à la consommation des produits alimentaires provoquée par les répercussions économiques de la pandémie de covid-19 et des mesures mises en place pour l’endiguer.
En 2020, selon les données du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, on estimait qu’entre 6 000 et 12 000 personnes pourraient mourir de faim chaque jour.
En France, cinq à sept millions de personnes ont eu recours à l’aide alimentaire en 2020, c’est près de 10% de la population Française selon le rapport « Etat de la pauvreté en France 2021 » du Secours Catholique. Du jamais-vu en période de paix en France. La crise sanitaire de coronavirus a rendu encore plus vulnérable les familles déjà fragiles, notamment les familles monoparentales.
Les demandeurs d’Asile sont également fortement touché. A Paris, on estime que 50% des demandeurs dépendent exclusivement de l’aide alimentaire et 33% d’entre eux sont en situation de faim sévère selon notre rapport conjoint avec plusieurs autres associations « Les oubliés du droit d’asile« .
Les personnes les plus touchées par la sous-alimentation sont les enfants, les femmes et plus particulièrement les paysans et petits producteurs agricoles.
Les femmes, victimes d’inégalités de genre n’ont pas toujours accès à la terre ou à des sources de revenus. Leur travail, notamment le travail domestique n’est pas rémunéré. Lorsqu’elles sont seules, elles n’ont pas accès à la nourriture ou à des ressources suffisantes pour manger à leur faim.
Les enfants et plus particulièrement les enfants de moins de 5 ans ont un système immunitaire plus fragile et sont donc très vulnérables. Si les mères sont elles-mêmes dans une forte insécurité alimentaire, elles produiront par exemple moins de lait maternel ou un lait moins nutritif, rendant leurs enfants vulnérables à la faim. Autre exemple, l’accès inégal à l’eau potable impacte directement la santé des nourrissons notamment lorsqu’ils consomment du lait en poudre mélangé à de l’eau non potable.
Dans son rapport, la FAO estime que 45 millions d’enfants de moins de 5 ans souffraient de la forme la plus mortelle de malnutrition, qui peut multiplier par 12 le risque de décès chez les enfants. 149 millions d’enfants de moins de 5 ans présentaient un retard de croissance et de développement en raison d’un manque chronique de nutriments essentiels dans leur alimentation.
La faim découle principalement des conflits, des inégalités et des dérèglements climatiques, tous trois sont étroitement liés.
En 2016 environ 60% de la population mondiale souffrant de la faim se trouvait dans des pays en conflit. Les deux tiers des personnes souffrant de la faim vivent dans 8 pays : l’Afghanistan, la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, le Nigeria, le Soudan du Sud, le Soudan, la Syrie et le Yémen. La plupart de ces pays sont en conflit ou souffrent encore des conséquences d’un conflit passé. [3]
Aujourd’hui, dans de nombreux pays la faim est utilisée comme une arme de guerre. Affamer les populations, empoisonner des puits, brûler des champs, ces pratiques sont aujourd’hui des tactiques très utilisées pour asservir les populations. Pour lutter contre cela nous avons appuyé la Résolution 2417 du Conseil de Sécurité de l’ONU qui punit l’utilisation de la faim comme arme de guerre.
Les conflits peuvent naître d’un accès inégal aux ressources mais aussi des mouvements de populations provoqués par d’autres conflits, la pauvreté et même les dérèglements climatiques.
Dans son rapport mondial sur l’insécurité alimentaire 2021 [5], l’Agence des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture a identifié des pays tels que le Burkina Faso, le Yémen, le Nigéria, le Sud Soudan comme étant à risque de famine. Ces zones sont en conflit et les populations vivaient déjà une situation alimentaire difficile avant le début de la crise sanitaire. La pandémie est venue s’ajouter à la liste des défis. Il est donc important de permettre à ces personnes d’avoir accès à la santé et à l’aide humanitaire. Ces zones sont souvent difficiles d’accès pour les acteurs de l’humanitaire à cause des contraintes administratives et sécuritaires.
La crise climatique et les conditions météorologiques extrêmes ont fait basculer 34 millions de personnes dans l’insécurité alimentaire en 2019. Cyclones, inondations, sécheresses, ces événements destructeurs plongent chaque année des milliers de personnes dans la précarité. Après avoir vécu une catastrophe naturelle les populations sont privées de leurs terres, leurs revenus, leurs habitations. Les aléas climatiques poussent les populations à se déplacer et à chercher refuge dans d’autres pays, ou à chercher d’autres ressources ce qui peut provoquer des conflits lorsque l’accès est insuffisant et qu’il faut de plus le partager.
Aujourd’hui, notre modèle agro-industriel nourrit lui-même les causes de la faim dans le monde : l’agriculture est à la fois victime et bourreau, car si les événements climatiques extrêmes sont la principale cause de pertes agricoles au niveau mondial, le système alimentaire agro-industriel émet à lui seul un tiers des émissions de gaz à effet de serre, dont 50 % et 60 % des émissions de méthane et de protoxyde d’azote, qui ont respectivement un pouvoir de réchauffement de 25 à 298 fois supérieur à celui du CO2.
Nous encourageons l’agroécologie, les pratiques comme l’agroforesterie, la création de jardins et de banques de semences en formant les communautés ou en leur fournissant le matériel nécessaire. Sans un environnement préservé et protégé, tous nos efforts communs contre la faim seront compromis.
L’accès aux principales ressources nécessaires à la survie, à savoir : l’eau, des terres cultivables, l’éducation, la santé, est inégal à travers le monde. Aujourd’hui encore, des millions de personnes n’ont pas l’eau courante alors que les maladies liées à l’eau favorisent le développement de la malnutrition. L’OMS estime que 50% des cas de malnutrition infantile sont directement liés à la consommation d’eau impropre à la consommation ainsi qu’à un manque d’hygiène et d’assainissement. Pour lutter contre la faim durablement et efficacement, il est indispensable de garantir l’ODD numéro 6 : l’accès à l’eau pour tous.
L’égalité entre les genres joue elle aussi un rôle dans la progression ou la lutte contre la faim. Les femmes jouent un rôle essentiel dans la lutte contre la faim mais font face à une discrimination quasi-systématique dans certaines régions du globe. En 2021, l’écart entre les femmes et les hommes en ce qui concerne l’insécurité alimentaire s’est encore accentué. 31,9% des femmes dans le monde étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave, contre 27,6% des hommes selon le rapport SOFI 2022. Un écart de plus de 4 points de pourcentage, contre 3 points de pourcentage en 2020.
Partout dans le monde, les femmes n’ont pas un accès égal à la terre, aux outils, et aux moyens financiers pour s’émanciper. Elles peuvent être mariées de force ou manquer d’accès à l’éducation, ce qui les enferme dans le cercle vicieux de la pauvreté. Or, si les femmes et les hommes jouissaient du même accès aux terres la faim pourrait reculer de 12 à 17%. Les femmes sont aussi plus affectées par les dérèglements climatiques, les déplacements de populations et les conflits. [4]
La crise sanitaire a beaucoup impacté les systèmes alimentaires dans le monde. Les restrictions et les confinements mis en place un peu partout pour lutter contre le virus ont conduit à la perte de récoltes et de revenus ce qui a plongé des millions de personnes dans un état de précarité. A cause des mesures prises pour endiguer la pandémie, plusieurs millions de personnes rencontrent aujourd’hui des difficultés pour s’alimenter correctement. La pandémie a révélé et exacerbé les inégalités sociales, rendant plus que jamais nécessaires les efforts pour une meilleure politique de protection sociale.
En France par exemple, une étude d’Action contre la Faim démontre que la moitié des personnes qui bénéficient des aides alimentaires en 2021 n’avaient pas recours à ces aides avant la crise sanitaire. Actuellement dans le monde, 3 milliards de personnes n’arrivent pas à avoir un régime alimentaire sain pour des raisons économiques.
La malnutrition connait une augmentation inquiétante, surtout dans les pays dont les systèmes de santé étaient déjà fragilisés par les conflits, les aléas climatiques et la pauvreté, avant l’arrivée du Covid-19. Les impacts de la crise sanitaire ont accentué la faim chez ces populations.
La pandémie du coronavirus a montré les failles des systèmes alimentaires.
La pandémie et le conflit entre la Russie et l’Ukraine, deux des plus gros exportateurs de blé mondiaux ont mis en lumière la dépendance des pays importateurs envers les pays producteurs, spécialisés dans un type de produit. La guerre met sous tension des pays dépendants des importations de blé comme Madagascar ou la République Démocratique du Congo.
Les mesures de confinement et de restrictions des déplacements pour endiguer la pandémie ont empêché les travailleurs agricoles de cultiver leurs champs, abandonnant leur récolte. Il est plus que jamais nécessaire de repenser et d’améliorer les systèmes alimentaires.
Action contre la Faim appelle les décideurs et gouvernements du monde entier à prendre des mesures pour transformer les systèmes alimentaires. Il est urgent d’inverser la tendance en transformant radicalement les systèmes alimentaires en faveur de l’agroécologie paysanne. Les Etats doivent orienter leurs efforts vers l’agroécologie et vers des systèmes alimentaires locaux et pérennes. L’agroécologie permet d’amplifier la production alimentaire tout en augmentant l’indépendance des paysans et en diminuant les pressions environnementales telles que : les gaz à effet de serre, les pollutions dues aux produits phytosanitaires, etc.
Elle utilise de nombreuses techniques respectueuses de l’environnement comme la recherche de complémentarité entre les espèces par exemple. Elle présente de nombreux atouts par rapport aux pratiques agricoles industrielles qui appauvrissent et dégradent les sols et qui constituent une autre cause de la faim. L’agroécologie valorise également les savoir-faire paysans et œuvre pour des systèmes alimentaires économiquement viables et justes.
Il est indispensable de revoir le système alimentaire mondial. Les dirigeants doivent profiter d’occasions comme le sommet du G7 pour encourager un changement global et espérer atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) promus par l’ONU, d’ici 2030 pour garantir un monde durable pour tous [2].
Depuis plus de 40 ans, Action contre la Faim agit pour prévenir, dépister et traiter la malnutrition, ses causes et ses conséquences sur les populations les plus vulnérables. Comme la faim à plusieurs causes, notre approche est multisectorielle pour répondre aux besoins des populations.
Par exemple, nous promouvons un modèle d’agriculture plus durable, l’agroécologie dans plusieurs de nos pays d’intervention. Nous soutenons financièrement des personnes vulnérables, nous en accompagnons d’autres à un retour à l’emploi, à des opportunités économiques pour que ces personnes puissent avoir accès à des moyens de subsistance durable et de manière autonome.
Toujours sur nos terrains d’intervention, nous offrons un accès à l’eau potable, à l’assainissement dans des villages reculés. Nous promouvons l’hygiène et notamment le lavage de mains pour enrayer la propagation d’épidémie comme celle du covid-19 par exemple.
Sans volonté et décision politique, la faim restera une problématique. C’est pourquoi nous menons un plaidoyer auprès des instances internationales et des états pour interpeller les décideurs. Nous formulons des recommandations pour lutter contre la faim parce que lutter contre la faim c’est lutter contre les inégalités, pour la paix, contre la crise climatique, pour un système alimentaire plus juste.
En 2020, nous avons soutenu 26,3 millions de personnes à travers le monde avec nos différents programmes.
Action contre la Faim
C’est bien plus que nourrir
Sources
[1] Source Indice de la faim dans le monde sorti en 2020
[2] 17 Objectifs de Développements durables définis par l’ONU pour sauver le monde.
[3] Rapport World Food Program 2020 : https://www.wfp.org/publications/2020-global-report-food-crises.
[4] Source Rapport mondial sur les crises alimentaires de 2019
Rapport « Une Pincée d’agroécologie pour une louche d’agro–industrie » ACF/Oxfam/CCFD
[5] Rapport sur l’Etat de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde
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