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Si le droit de demander l’asile est consacré par la Convention de Genève, traités internationaux fondamentaux dans le domaine du droit international humanitaire et ratifiée par la France, dans les faits, les premières étapes pour avoir effectivement accès à ce droit dépendent des modalités d’accueil mises en œuvre par chaque Etat. L’accès à la demande d’asile suppose non seulement d’avoir accès à l’information mais également de disposer de ressources financières, matérielles et sociales suffisantes. A Paris, l’enquête révèle que les personnes exilées ne sont pas égales face aux conditions d’accès au droit d’asile.
Une fois arrivée en France, les obstacles pour obtenir des informations et faire sa demande d’asile sont nombreux. Pour certaines personnes, se dresse alors devant elles un véritable parcours du combattant.
La première difficulté que rencontrent les exilés à Paris est liée à l’accessibilité de l’information. En effet, pour pouvoir enregistrer une demande d’asile en France et débuter ainsi la procédure, il est d’abord nécessaire de savoir à qui s’adresser et quelles sont les étapes à suivre pour déposer son dossier. Or, aucun dispositif n’existe aujourd’hui pour informer systématiquement les personnes qui souhaitent demander l’asile au moment de leur arrivée sur le territoire français.
Bien qu’il existe des informations disponibles, notamment en ligne, celles-ci ne sont pas accessibles pour tous puisque l’enquête révèle qu’à leur arrivée en France, 66% des exilés n’ont pas d’accès internet. De plus, une large partie d’entre eux ne parle pas français or les plateformes d’information en ligne ne sont pas systématiquement traduites.
Leur première source d’information repose donc largement sur les personnes issues de leur communauté (66% des répondants) avec qui ils partagent la même langue ou les mêmes conditions de vie. Mais s’informer au fil des rencontres, via des indications et conseils de bouche à oreille, ne garantit pas l’exactitude et l’actualité des informations.
Grâce à leur travail sur le terrain, les associations représentent la deuxième source d’informations selon 20% des répondants.
En Île-de-France, une fois les informations rassemblées sur les démarches à entreprendre pour enregistrer une demande d’asile sur le territoire français, l’accès à la demande d’asile passe obligatoirement par l’obtention d’un rendez-vous via une plateforme téléphonique. Cette étape a été instaurée en mai 2018 par l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) et permet la prise de rendez-vous qui donne ensuite accès à une convocation au Guichet unique pour demandeurs d’asile (GUDA).
Cela pose un problème d’égalité d’accès puisque le rapport révèle que 24% des primo arrivants – c’est-à-dire des personnes qui n’ont pas encore commencé les démarches – n’ont pas accès à un téléphone.
De plus, le numéro n’est pas gratuit et certaines personnes exilées payent jusqu’à 10€ de crédit téléphonique pour obtenir ce rendez-vous. Le délai moyen pour obtenir un rendez-vous s’élève à 15 jours. Jaden, Yéménite de 39 ans, se rappelle avoir « appelé 21 jours pour prendre un rendez-vous à la préfecture »
"J’ai appelé au moins plus que 15 fois, et que, depuis 15 jours [...] chaque jour je les appelle "
82% des répondants aux questionnaires ne parlaient pas français à leur arrivée sur le territoire ce qui rend quasiment impossible l’accès à la documentation nécessaire via un site internet uniquement accessible en français. Sans accompagnement, ils sont démunis.
Les personnes interrogées sont mises en difficulté par l’absence de traduction systématique des plateformes d’information en ligne. Beaucoup d’entre elles déplorent également de ne pas avoir eu accès à un interprète ou à un interprète adapté lors de leurs rendez-vous administratifs. Non seulement le dispositif d’accueil est complexe, mais il se complexifie davantage pour les personnes qui ne peuvent s’entretenir avec leur accompagnant social dans leur langue.
Ashraf, demandeur d’asile Afghan et locuteur du dari résume ainsi son échange avec l’agent au GUDA (Guichet Unique pour Demandeurs d’Asile) : « c’était soit en français soit en arabe, et démerde-toi ».
Pour ceux qui n’ont pas de famille ou de proches pour les accueillir, l’arrivée à Paris rime trop souvent avec la rue. 96% des personnes interrogées ont déjà dormi à la rue ou en squat. Le passage à la rue est donc quasi-systématique pour les demandeurs d’asile.
En cause, le parc d’hébergement d’urgence est saturé. En outre, l’accès au logement est soumis à un enregistrement préalable de leur demande en préfecture, les personnes n’ont d’autres choix que de dormir dans la rue en attendant que leur demande soit enregistrée ou que des places se libèrent une fois la demande enregistrée.
Un nombre important de personnes vivant à la rue ont rapporté des faits de violences allant du vol à l’agression physique. Les vols peuvent survenir lorsque les personnes sont à leurs rendez-vous administratifs et sociaux, partis chercher de la nourriture ou prendre une douche. Au regard du nombre et de la similitude des témoignages recueillis, on peut en conclure qu’il ne s’agit pas d’événements isolés mais que les personnes à la rue font face à une menace structurelle.
« Il vaut mieux être au milieu des autres, parce [si] on est tout seul, soit les sacs sont partis, soit t’es attaqué par des gens. Si tu te fais trop isoler, tu seras attaqué… » Harouna, 50 ans, Gabonais. Or, se regrouper pour se protéger des vols et attaques conduit à d’autres difficultés : la police.
Quand les installations des personnes exilées deviennent visibles dans l’espace public, la police est susceptible d’intervenir. La dispersion et le délogement des personnes à la rue par la police sont rapportés comme des expériences récurrentes voire quotidiennes. Une contrainte supplémentaire qui pousse les exilés à une mobilité accrue, source d’épuisement.
A la difficulté de se loger s’ajoute la précarité financière de ce public. 79% des primo-arrivants déclarent n’avoir aucune ressource. 50% des demandeurs d’asile ne bénéficient pas de l’allocation qui leur allouée (ADA) tandis que la plupart d’entre eux (80%) n’a aucune autre source de revenu.
Conséquence du manque de ressources : la difficulté à se nourrir. 60% d’entre eux font appel aux dispositifs d’aide alimentaire mis en place par les associations. Le nombre de demandeurs d’asile en situation de faim sévère est réduit de moitié lorsque ceux-ci bénéficient de l’allocation. Pour ceux qui n’en bénéficie pas, 50% des demandeurs dépendent exclusivement de l’aide alimentaire et 33% d’entre eux sont en situation de faim sévère.
L’enquête révèle que parmi l’ensemble des répondants, 54% sont en situation de faim modérée à sévère.
Cette précarité extrême a un impact psychique fort sur les demandeurs d’asile. Déjà menacés dans leur pays d’origine, ils se retrouvent à la rue, sans ressource dans “le pays des droits de l’Homme” en attendant d’arriver au bout de leur procédure d’asile. Cette situation incertaine a des conséquences : décompensation, addiction, perte de repère, isolement. Les risques psychiques sont nombreux pour les exilés.
"finalement si je dure dans la rue ça va me traumatiser. Parce que comment je vais prendre la douche ? Comment je vais boire ? comment je vais manger ? Donc, ça c’était très difficile, c’est ça qui m’inquiétait beaucoup."
Le constat est alarmant et les conditions de vie des personnes qui demandent asile ou protection subsidiaire à la France sont déplorables.
Pour améliorer la compréhension du dispositif, lever les barrières et faciliter la procédure d’asile, nous avons fait une série de recommandations afin de :
Elles supposent une adaptation législative et réglementaire mais aussi l’augmentation de moyens ou un ajustement des pratiques. Au total, ce sont 36 recommandations précises et concrètes qui sont formulées.
Plus de détail en téléchargeant nos recommandations.
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