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Sénégal crise alimentaire © Clément Lefer pour Action contre la Faim

À la Une

Rapport global sur les crises alimentaires

Conflits, climat, COVID-19 : vers une crise alimentaire mondiale ?

 

Ce chiffre est le plus élevé des quatre années qui se sont écoulées depuis le lancement du Rapport Global des Crises Alimentaires.

Si l’étude sortie le 21 avril 2020 a été faite avant même que l’épidémie de COVID-19 ne se transforme en pandémie, à terme, le virus pourrait alimenter d’autant plus les crises alimentaires mondiales. Une réponse globale doit être apportée sans plus attendre.

 

Les facteurs de l’insécurité alimentaire aiguë sont souvent liés et s’alimentent mutuellement, ce qui rend difficile l’identification du déclencheur ou du moteur spécifique de chaque crise alimentaire, précise le rapport. Cependant, cette étude permet de dresser une liste des principaux facteurs qui favorisent et alimentent les crises alimentaires. Ces facteurs sont les suivants : les conflits (le facteur clé qui a poussé 77 millions de personnes dans un état d’insécurité alimentaire), les conditions climatiques extrêmes (34 millions de personnes) et enfin les chocs économiques (24 millions de personnes).

 

DES CRISES ALIMENTAIRES PROVOQUéES PAR LES CONFLITS

 

Sans grande surprise les conflits et l’insécurité sont le facteur qui arrive en premier pour expliquer les crises alimentaires de 2019. Nous dénonçons sans cesse l’utilisation de la faim comme arme de guerre et l’impact des conflits sur la faim dans le monde.

Lors de conflits, les systèmes et les marchés alimentaires sont perturbés, ce qui fait monter les prix des produits alimentaires et entraîne parfois des pénuries d’eau, de carburant, ou de denrées alimentaires. Les populations sont souvent privées de leurs sources de revenus et poussées vers une insécurité alimentaire. Les mines terrestres et les engins explosifs improvisés détruisent souvent les terres agricoles ou les équipements lors des affrontements.

"77 millions de personnes étaient dans un état d’insécurité alimentaire à cause des conflits en 2019"
Rapport Global sur les crises alimentaires 2020

La majeure partie de ces personnes, soit 40 millions, se trouvent en Asie et au Moyen Orient où les tensions et les conflits armés font rage. Dans cette région, les différentes crises au Yémen, en Syrie et les répercussions sur les pays voisins sont considérables et plongent la population dans une incapacité à se nourrir. Dans le rapport, le Yémen est considéré encore une fois comme la pire crise alimentaire, les prix des aliments de base comme le riz ont augmenté de 83% alors que plus de la moitié de la population a perdu son activité économique à cause des conflits.

Globalement, près de 85 % de la population (24 millions de personnes) a besoin d’une aide humanitaire en termes de nourriture, d’approvisionnement en eau ou de soins médicaux.  Le système médical est inopérant depuis plusieurs années, la guerre a détruit 50% des structures sanitaires.

"Si le Covid-19 se répand au Yémen, nous devrons faire face à la pire catastrophe humanitaire mondiale depuis la Seconde Guerre mondiale. Pire qu'en Éthiopie en 1984 ! "
Jon Cunliffe
Directeur régional des opérations pour Moyen-Orient , Action contre la Faim

En Afrique de l’Ouest, on retrouve deux zones principalement affectées par des conflits : le bassin du lac Tchad et le Sahel. Dans ces deux zones, l’insécurité a entraîné des déplacements massifs de populations, la perturbation des activités productives, des marchés et des flux commerciaux.

 

 

 

4 des 5 pays les plus touchés par la malnutrition en Afrique sont au Sahel. C’est la région du monde où la faim a le plus progressé ces dix dernières années, en cause les effets cumulés des conflits, du changement climatique et d’un manque d’accès aux services de base.

 Le Burkina Faso en est l’exemple le plus flagrant. Le nombre de déplacés internes a été multiplié par 6 au cours de l’année 2019, passant de 87 000 personnes à 560 000 selon l’ONU. Il s’agit de la crise humanitaire qui progresse le plus rapidement en Afrique.

 

LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES NOURRISSENT LES CRISES ALIMENTAIRES

 

Les phénomènes climatiques extrêmes ont vu leur intensité et leur gravité augmenter et avec eux le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde. Les changements climatiques extrêmes ont été le principal facteur de la situation d’insécurité alimentaire aiguë de près de 34 millions de personnes en 2019, c’est quasiment 6 millions de plus que l’année précédente.

Les conséquences du changement climatique sur la faim sont immédiatement visibles à la suite de catastrophes naturelles comme le Cyclone Idai.  Il a frappé le Mozambique et le Zimbabwe, engendrant une épidémie de choléra et des conséquences sur le long terme pour la population. Mais le dérèglement climatique peut également se manifester et avoir une influence sur les récoltes, le décalage de la saison des pluies, les sécheresses à répétition comme en Éthiopie mettent en péril la population reposant majoritairement sur une activité agricole.

L’Afrique comptait le plus grand nombre de personnes souffrant d’une grave insécurité alimentaire en besoin d’assistance dans les pays gravement touchés par les événements climatiques en particulier dans la Corne de l’Afrique et en Afrique australe, puis en Amérique centrale et au Pakistan.

 

 

QUI SONT LES PLUS TOUCHé.e.S PAR LES CRISES ALIMENTAIRES ET DANS QUELLES REGIONS ?

 

Dans les pays analysés, 17 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère, la forme la plus grave que peut prendre la faim, sans accès à un traitement ils risquent la mort.

Aujourd’hui 183 millions de personnes sont en stress alimentaire ce qui veut dire qu’elles pourraient basculer dans un état d’insécurité alimentaire grave si les pays les accueillant subissent un autre choc quelque qu’en soit la nature. 71% de ces personnes sont réparties dans une trentaine de pays en Afrique.

Burkina Faso conflits changement climatique © Jean-Luc Luyssen pour
Action contre la Faim

Les femmes et les enfants de moins de 5 ans sont les plus vulnérables à la faim. Les femmes n'ont pas les mêmes accès à l'´éducation, à la formation, aux moyens de production. Dans beaucoup de pays les femmes agricultrices n'ont pas le droit d'être propriétaires de leur terre et leur revenu n'est pas égal à celui des hommes. Un grand nombre d'obstacles qui les plongent plus facilement dans la faim à la suite d'un conflit ou catastrophe naturelle.

© Jean-Luc Luyssen pour
Action contre la Faim

Mozambique cyclone Idai © Anastasia Bosio pour
Action contre la Faim

Des femmes, hommes et enfants sont forcés de se délacer et trouver un refuge ailleurs après que le Cyclone Idai ait détruit leurs habitations au Mozambique.

© Anastasia Bosio pour
Action contre la Faim

Mauritanie changement climatique © Lys Arango pour Action conre la Faim

Les communautés pastorales et les agriculteurs sont les populations les plus vulnérables et les plus touchées par la faim à cause des conflits, du changement climatique en particulier.

© Lys Arango pour
Action conre la Faim

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Les personnes les plus vulnérables sont également les personnes vivant dans des camps, les conditions de vie y sont précaires. Les déplacements de populations constitués majoritairement par des femmes et des enfants trouvent la plupart du temps refuge au sein de leur pays, lorsque cela est impossible ils sont poussés à se réfugier dans les pays voisins et dans des cas plus extrêmes dans d’autres régions.

Selon le UNCRH 79 millions de personnes ont été obligées de quitter leur foyer et fuir les conflits. Plus de la moitié de ces personnes ont été accueillies dans des pays comptant un grand nombre de personnes souffrant d’une grave insécurité alimentaire. Dans les pays où les contraintes de financement ont réduit l’assistance dans les camps de réfugiés, leur sécurité alimentaire est gravement menacée.

 

QUEL EST L’IMPACT DU COVID-19 SUR LES CRISES ALIMENTAIRES ?

 

Dans la plupart des pays couverts par le rapport, les systèmes de santé sont déjà surchargés, avec un manque alarmant d’équipements, de médicaments et de personnel formé. Les personnes souffrant d’une forme avancée de la faim à savoir la malnutrition aiguë sévère ont souvent des complications et un système immunitaire affaibli, ils risqueraient de développer davantage de symptômes graves du virus COVID-19.

"75 millions d’enfants dans le monde souffrent de retard de croissance. "
Rapport Global sur les crises alimentaires 2020

Les mesures de confinement mises en place pour lutter contre le virus dans les pays les plus vulnérables, peuvent nuire à la capacité des populations d’avoir accès à la nourriture ou aux moyens de production. Les restrictions de circulation sont susceptibles d’affecter la mobilité des équipements et des humanitaires, y compris la capacité de mener à bien nos programmes.

Le rapport alerte sur les effets collatéraux mondiaux du COVID-19 qui pourraient créer de multiples chocs économiques. I Ils pourraient entraîner une augmentation des prix des denrées alimentaires en raison de la pénurie de main-d’œuvre agricoles, des restrictions nécessaires aux déplacements et menacent de perturber les systèmes alimentaires à travers le monde.

 

Les pays confrontés à un conflit armé, des troubles civils ou à l’instabilité, sont particulièrement vulnérables à l’impact d’une crise économique. Pour éviter que ces dizaines de millions de personnes déjà confrontées à des crises alimentaires ne succombent au virus ou à ses conséquences économiques, tous les acteurs doivent se mobiliser à l’échelle mondiale. La pandémie du COVID-19 n’est pas uniquement une crise sanitaire, c’est une crise qui a des effets sur l’économie, qui menace d’accentuer les inégalités et de plonger une partie du monde dans une insécurité alimentaire aiguë.

Pour l’année à venir le rapport prévient que les conflits et l’insécurité, les changements climatiques extrêmes, les invasions de criquets, les chocs économiques et le COVID-19 seraient les principaux accélérateurs d’insécurité alimentaire sévère. Selon l’ONU les personnes affectées par le COVID-19 pourraient atteindre les 250 millions pour l’année à venir si rien n’est fait.

L’heure n’est plus au réveil des consciences, les faits et les chiffres sont là et cette étude et de nombreuses prévisions nous le montrent, une crise alimentaire mondiale se profile. Il est temps d’agir. Il est de notre devoir de venir en aide à ces femmes, hommes et enfants qui vivent dans des pays en conflits, subissant les conséquences des dérèglements climatiques ou du virus et qui ne sont plus en mesure de faire face à cette situation.

Agissons ensemble pour endiguer ce fléau et mettre un terme aux crises alimentaires.

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