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À la Une
Le 23 septembre a lieu le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires. Les discussions sont dominées par les promoteurs du modèle agro-industriel, à grand renfort de greenwashing.
Dans le monde, il existe de multiples types de systèmes alimentaires, qui varient selon les conditions géographiques et climatiques, la culture, les contextes politiques et économiques…
Mais l’un d’entre-deux est dominant du fait de son poids économique et de son influence sur les politiques : c’est le système agro-industriel. C’est aussi lui qui domine l’utilisation des ressources naturelles et pèse le plus sur la crise climatique. Au bout du compte les systèmes agro-industriels produisent beaucoup d’inégalités et peu de nourriture.
Les systèmes alimentaires agro-industriels sont basés sur une production en monoculture, caractérisée par l’utilisation massive d’intrants chimiques (engrais, pesticides, herbicides), de longues chaînes de production mondialisée avec une forte concentration des pouvoirs (quelques acteurs maitrisant une grande partie de la chaîne de valeur) au détriment des petits producteur.ice.s.
Les systèmes agro-industriels présentent de nombreux impacts négatifs. Les monocultures réduisent la biodiversité cultivée, et les pesticides affectent beaucoup d’espèces : les oiseaux, les abeilles ou tous les microorganismes des sols. La déforestation associée à l’agriculture industrielle contribue aussi largement au déclin de la biodiversité sauvage. L’utilisation abusive d’engrais épuise les terres qui deviennent moins productives.
Les systèmes alimentaires industriels aggravent la crise climatique puisqu’ils sont très émetteurs de gaz à effet de serre : environ 1/3 du CO2 soit le deuxième secteur le plus émetteur, sans compter le méthane (élevage) et protoxyde d’azote (engrais chimiques).
Associés à des cas d’accaparement de terres et de ressources, les systèmes agro-industriels ne marquent pas non plus de points du point de vue des de droits humains. De plus les travailleur.euse.s des systèmes alimentaires industriels comptent parmi les plus mal payés, travaillent parfois sans protection alors qu’ils.elles manipulent des substances dangereuses, et sont peu reconnu.e.s par les régimes de droits du travail et les systèmes de protection sociale.
Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires se déroule le 23 septembre à New York. Il a pour but de transformer les systèmes alimentaires en proposant des solutions, en mobilisant les Etats et en mettant en place des coalitions ‘multi-acteurs’ impliquant aussi des multinationales du secteur privé. Depuis qu’il a été annoncé par le Secrétaire Général des Nations Unies en 2019, la préparation du Sommet a été un processus long et complexe, qui n’a pas permis d’inclure la voix des personnes en première ligne des systèmes alimentaires, les productrices et producteurs familiaux, qui produisent 70% de l’alimentation mondiale, ni les personnes les plus confrontées à la faim.
Si la situation sanitaire n’a certainement pas facilité la mise en place d’un processus inclusif, la structure du sommet a elle aussi fait défaut. Son format met dans une même arène de négociation des acteurs qui n’ont ni le même pouvoir ni les mêmes moyens : des organisations de petits producteur.ice.s face à des multinationales. Les moins puissants sont inaudibles et les solutions qui leur sont adaptées et qu’ils/elles appellent de leurs vœux ne sont pas mises en avant par le Sommet. Le risque est de voir le pouvoir de décision, la marge de manœuvre des paysan.ne.s réduite.
Par exemple le Sommet fait la promotion de l’agriculture de précision, une approche qui n’a pas vocation à transformer profondément les systèmes alimentaires, mais plutôt à limiter à la marge les impacts de l’agriculture industrielle. Elle consiste à réduire les doses d’engrais et de pesticides appliqués sur les cultures, notamment au moyen de nouvelles technologies (drones, GPS…) qui indiquent quand et où précisément appliquer les produits. Cette forme d’agriculture high tech n’est pas toujours adaptée aux petits producteur.ice.s, qui sont forcés à investir dans ces équipements et technologies et peuvent être maintenus dans une situation de dépendance vis-à-vis de fournisseurs extérieurs.
Si réduire l’utilisation d’intrants chimiques n’est pas en soi une mauvaise chose, c’est la logique de l’approche qui pose problème : elle vise à rendre « plus acceptable » le modèle d’agriculture industriel, en conservant les principaux intérêts de ses principaux promoteurs (fournisseurs d’intrants, de semences standardisées, de machines…).
Le Sommet se focalise de façon disproportionnée sur des approches technologiques, et les données dans l’agriculture. Or certaines nouvelles technologies n’ont pas prouvé leur efficacité et pertinence pour les petit.e.s producteur.ice.s. Il faut donc toujours se demander quels acteurs contrôlent les données, et si les entreprises agri-tech ont un fort intérêt financier.
Il existe des ‘systèmes d’information de marché’ (SIM) très intéressants pour les paysan.ne.s lorsqu’ils sont disponibles sur mobile et en langues locales, qui les informent sur les prix de différentes denrées, et évitent ainsi aux producteur.ice.s éloigné.e.s des villes, de se faire « arnaquer » par des intermédiaires qui viennent acheter les productions bord champ. De même Action contre la Faim dans un projet au Sahel, collecte et fournit des données sur l’eau, les pâturages disponibles, en partenariat avec des collectifs d’éleveurs et d’éleveuses.
En juillet déjà, à l’occasion du pré-Sommet sur les systèmes alimentaires, nous publiions une lettre ouverte avec plus de 80 parlementaires et organisations de la société civile, pour dénoncer la capture de la gouvernance de l’alimentation par les multinationales du secteur privé, au sein du Sommet.
Nous soutenons la contre-mobilisation portée par la société civile sur tous les continents. https://www.foodsystems4people.org/?lang=fr
Avec ce sommet, un nouveau pas va être franchi dans l’accaparement de la gouvernance mondiale de l’alimentation par une poignée de multinationales déjà en situation de monopole. D’autres modèles plus vertueux, tels que ceux basés sur l’agroécologie paysanne, sont peu promus et soutenus, notamment financièrement, alors qu’ils produisent la majeure partie de l’alimentation au niveau mondial !
L’agroécologie paysanne a de multiples facettes : agronomique, économique, sociale, et politique. Elle offre donc des solutions pour une grande partie des enjeux auxquels sont confrontés les systèmes alimentaires (inégalités, crise climatique, nutrition et santé…) et est porteuse d’alternatives face aux systèmes alimentaires industriels dominants. L’agroécologie regroupe des pratiques agricoles qui respectent les saisons et les territoires, permettent de cultiver sans intrants chimiques, en travaillant avec les écosystèmes et en tirant bénéfice des interactions entre les plantes, les animaux, les sols. L’agroécologie est ainsi une science des écosystèmes, qui met notamment en valeur les connaissances du terrain, les savoirs paysans. C’est aussi un mouvement social, qui remet les paysan.ne.s, les citoyen.ne.s au cœur des systèmes alimentaires : pour qu’ils soient maîtres de décider ce qu’ils cultivent et ce qu’ils consomment !
L’agroécologie permet à la fois de lutter contre la crise climatique, et de s’y adapter, tout en produisant une alimentation diversifiée et nutritive et en valorisant la rémunération des petit.e.s producteurs et productrices : une solution gagnante sur tous les tableaux.
Il est nécessaire de transformer nos systèmes alimentaires afin de les rendre plus durables, plus justes et à même de nourrir sainement l’ensemble de la population mondiale. Pour Action contre la Faim, l’agroécologie paysanne doit être au cœur de cette transformation, et reconnue comme un modèle social.
Nous appelons la France à être vocale sur les manquements du Sommet sur les systèmes alimentaires, à dénoncer publiquement son manque d’inclusivité et à pousser pour que l’agroécologie paysanne soit valorisée pour sa contribution à une transformation profonde des systèmes alimentaires. L’agroécologie ne doit pas être reléguée au rang de solution de greenwashing mais au contraire reconnue pour le modèle social et politique qu’elle représente, pour l’avancement du droit à l’alimentation.
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