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À la Une
Les violences au Soudan risquent d’aggraver la crise humanitaire dans le pays.
Avant le début des affrontements, 15,8 millions de personnes, soit 30 % de la population du pays, avaient déjà besoin d’une aide humanitaire, et plus de 11 millions souffraient d’insécurité alimentaire aiguë, c’est-à-dire qu’elles n’avaient pas accès à une nourriture suffisante en qualité et en quantité.
Depuis le début des combats le 15 avril, les prix des denrées alimentaires ont doublé et les déplacements sont de plus en plus restreints. Il devient difficile pour la population d’accéder à la nourriture et à l’eau. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a averti que les combats au Soudan pourraient plonger des millions de personnes supplémentaires dans la faim.
Action contre la Faim travaille au Soudan depuis 2018 et développe une réponse humanitaire axée sur la nutrition et la sécurité alimentaire et la réponse aux situations d’urgence. Actuellement, les travailleurs humanitaires et les membres de la communauté internationale sont pris pour cible. À ce jour, cinq travailleurs humanitaires ont été tués, selon les Nations unies. Les activités humanitaires ont été interrompues, avec de nombreux rapports de pillage des biens humanitaires, ce qui rend encore plus difficile l’assistance aux populations touchées, ainsi que la couverture des besoins de base tels que la nourriture et l’eau.
Les opérations d’évacuation du personnel international et de leurs familles de nombreux pays étrangers sont en cours. Après avoir été évacué, Reza Mohammadi, coordinateur financier d’Action contre la Faim au Soudan, n’a pu qu’exprimer son inquiétude pour ceux qui restent : « Ma famille et moi nous sentons en sécurité maintenant, mais nous ne pouvons pas nous empêcher de penser à nos collègues nationaux et à leurs familles”. Rafiullah Tariq, chef du département évaluation d’Action contre la Faim au Soudan, a ajouté que « nos pensées vont à tous nos collègues nationaux qui souffrent de cette guerre injustifiée« .
Action contre la Faim s’inquiète de la situation une fois les évacuations terminées ainsi que de la sécurité et du bien-être de notre personnel national qui reste dans le pays.
Selon les données de l’OMS, on estime à 50 000 le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë au Soudan dont le traitement a été interrompu en raison du conflit.
À cela s’ajoutent les périodes de sécheresse, les inondations et les épidémies. Les sécheresses prolongées, les pluies irrégulières et les mauvaises récoltes qui s’ensuivent ont entraîné une détérioration de la sécurité alimentaire. En 2021, lorsque les forces armées soudanaises ont lancé un coup d’État militaire, la prévalence de l’insécurité alimentaire dans certains États du pays atteignait 65 % dans le Darfour occidental, 59 % dans le Darfour central et 56 % dans le Darfour du Nord. Les taux de malnutrition augmentaient dans tout le pays à un rythme inquiétant, en particulier chez les enfants. Selon l’UNICEF, environ 3 millions de personnes de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chaque année dans le pays.
El Fateh Edis Edris Eisa, chef de la base d’Action contre la Faim dans l’Etat du Nil Bleu au Soudan, déclare que « la situation ici est calme, mais les gens ont peur de ce qui se passe à Khartoum. Les gens ne savent pas ce qui va se passer« .
Plus de 400 personnes ont été tuées et au moins 3 700 ont été blessées. Nombreux sont ceux qui fuient la violence à pied. Selon les chiffres de l’Organisation Internationale pour les Migrations (IOM) et le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), près de 4 000 personnes ont été enregistrées comme se déplaçant du Soudan vers le Sud-Soudan et20 000 vers le Tchad, qui accueille déjà plus de 400 000 réfugiés soudanais. Le HCR estime que ce nombre pourrait atteindre 270 000 personnes, sans compter celles qui tentent de trouver refuge dans d’autres pays que le Sud-Soudan et le Tchad.
Il y a aussi ceux qui fuient la violence mais restent au Soudan. Selon le chef de la base d’Action contre la Faim dans l’Etat du Nil Bleu, « des milliers de personnes arrivent de Khartoum. Certains se réfugient dans des écoles et des mosquées« .
Le conflit a éclaté le 15 avril après que les négociations sur la formulation d’une transition vers un gouvernement civil se soient enlisées. En décembre 2022, après des mois de négociations, les dirigeants militaires et civils du Soudan ont signé un accord préliminaire pour mettre fin au régime militaire qui gouverne le pays depuis octobre 2021. Un accord final devait être signé au début du mois d’avril, à l’occasion du quatrième anniversaire du renversement d’Omar al-Bashir parun soulèvement populaire. Les forces armées soudanaises (SAF) et les forces de soutien rapide (RSF) devaient céder le pouvoir, ce qui a provoqué des tensions.
Un cessez-le-feu de 72 heures a été conclu le 25 avril entre les parties belligérantes après une médiation des États-Unis et de l’Arabie saoudite. Cependant, le personnel d’Action contre la Faim à Khartoum affirme que « le cessez-le-feu a été respecté le premier jour, mais qu’il ne l’est plus. Il y a des tirs nourris et des bombardements aériens« .
Action contre la Faim demande instamment aux parties engagées dans le conflit et à la communauté internationale de prendre les mesures suivantes :
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