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Témoignages
Action contre la Faim présente depuis 2012 à Madagascar est témoin de ces changements et alerte aujourd’hui sur la situation en donnant la parole aux premiers concernés.
Tamasoa, 28 ans, est promoteur chez Action contre la Faim, son travail consiste à se rendre au contact des communautés pour discuter avec eux et prendre en notes leurs besoins face à la dureté du quotidien.
« En ce moment la communauté fait face à la faim, causée par la sècheresse et le manque d’eau potable. Cette situation existe déjà depuis longtemps, mais ça s’aggrave en ce moment à cause des vents de sable. La communauté vit grâce à l’agriculture, pourtant si on regarde la situation, il n’y a pas de production en ce moment, du coup il y a peu d’espoir pour l’avenir. Si la récolte se passe bien pour cette année et la suivante, alors il y a de l’espoir mais il est difficile de penser à cela, vu la situation actuelle. »
"Les cas de malnutrition dans cette localité sont dus au manque de pluie et de nourriture"
Un constat confirmé par Rengimana Adjoint, président fokontany (village) d’Antanimainty et porte-parole pour sa communauté.
« La situation est très dure depuis le début de l’année 2020, nous n’avons compté que trois jours de pluies. Trois jours seulement. Beaucoup de gens vivent grâce à l’agriculture mais ils ne peuvent rien cultiver maintenant. Nous ne savons pas ce qui peut causer ce changement. »
Vorisoa est agriculteur et père de 6 enfants, la situation climatique a transformé son quotidien et fragilise les ressources de sa famille. Il a peur pour l’avenir.
« Le climat d’Androy est connu depuis toujours mais depuis quelques années, c’est devenu invivable. Les vents de sable font la particularité du climat de la région mais le phénomène a pris de l’ampleur depuis 2016. Nos terres ne sont plus cultivables à cause du sable. Nous n’avons même pas de récoltes pour démarrer la prochaine saison. Nous n’avons donc pas d’espoir pour l’année prochaine car la récolte de cette année devait servir à démarrer la prochaine. »
Quand les agriculteurs ne peuvent plus produire, ils ne peuvent plus consommer leurs récoltes, ni les vendre pour avoir une source de revenu, et sans revenu ils ne peuvent plus acheter de denrées alimentaires. C’est un cercle vicieux qui se met en place pour des familles déjà vulnérables.
Aimé, père de 4 enfants et marchand de fruits et légumes a également vu ses étales se transformer au fil des ans.
« Les gens n’ont pas d’argent. Ces fruits ne sont plus frais, ils pourrissent sur l’étale. Ils sont là depuis 4 jours mais ça ne nous étonne plus. Mon souhait ? Que j’arrive à vendre les marchandises que je prends le matin. »
Face aux aléas climatiques, les personnes les plus affectées sont principalement les petits producteurs agricoles, mais aussi les femmes seules et leurs enfants. Avec un accès limité aux ressources, et sans filets de protection sociale, les conséquences sur leur sécurité alimentaire sont dramatiques, comme en témoigne Tsiharatie, mère au foyer de 7 enfants.
" Nous n’avons rien à manger à cause de la sècheresse et nous vivons dans la pauvreté."
« Aujourd’hui nous avons préparé des tamarins secs. On écrase le tamarin jusqu’à avoir une pâte gluante. Puis on rajoute de la cendre et on le cuit. Nous allons le manger ce soir. Ce n’est pas sain du tout, mais au moins nous avons quelque chose de chaud dans le ventre. Si on n’a pas mal au ventre au bout de deux ou trois jours alors on continue. On peut tomber malade, mais on ne sait pas quoi faire. On n’a pas le choix. On ne peut pas emprunter ni s’endetter, car on n’a rien pour rembourser. »
Ces dernières années, la dégradation progressive des ressources naturelles combinée à des précipitions imprévisibles et au nombre croissant des chocs, ont détérioré les conditions de vie et les moyens d’existence des plus vulnérables au Sud de Madagascar. La situation actuelle laisse présager un avenir bien sombre pour ceux qui subissent déjà les conséquences des changements climatiques.
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