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DSC01254-min © Tom Gustin pour Action contre la Faim

À la Une

Madagascar

Près de deux ans après le passage des cyclones, la situation reste critique dans le Sud-Est

Après une opération d’urgence l’année dernière, Action contre la Faim a décidé d’ouvrir une base dans le district de Manakara, région Fitovinany, pour répondre aux besoins humanitaires grandissants.

 

D’énormes défis en matière d’accessibilité

 

10 km, c’est la distance qui sépare le village d’Ambodiharamy du Centre de Santé de Base le plus proche. C’est également la distance que parcourent les équipes mobiles Santé et Nutrition d’Action contre la Faim, traversant des rivières où l’eau monte à hauteur de la taille et portant à bout de bras le matériel nécessaire pour la prise en charge des enfants malnutris dans la région. Elles sillonnent les chemins sinueux pour atteindre des zones reculées et complétement inaccessibles aux véhicules motorisés.

« Le manque d’accès aux services de base, c’est le défi majeur auquel font face les populations qui vivent dans cette région », Tom Meunier, coordinateur terrain pour Action contre la Faim à Manakara. « Seuls 34 % des centres de santé sont accessibles en voiture et 19 % sont accessibles uniquement à pied. Les longues distances menant aux centres de santé découragent souvent les familles de se faire soigner et ou de poursuivre leur traitement ».

De nombreuses communes rurales ne sont accessibles qu’en pirogue, en vedette ou à pied, ce qui entraîne une capacité de couverture limitée et une réponse trop longue. Dans ce contexte, l’aide humanitaire peut s’avérer compliquée pendant la saison des pluies.

 

Des populations impactées par le dérèglement climatique

 

« Après le passage du cyclone Batsirai et Emnati, l’année dernière, la région de Fitovinany a connu une dégradation de la situation nutritionnelle. Le dépistage de masse réalisé par les équipes d’Action contre la Faim au mois de décembre a révélé que le district de Manakara est classé parmi une situation d’alerte », explique Jean Pierre Randrianarivo, responsable du programme Santé Nutrition d’Action contre la Faim à Manakara.

 

IMG_2927-min © Tom Gustin pour Action contre la Faim

Marie Clarisse et son enfant pris en charge par les équipes mobiles d’ACF

© Tom Gustin pour Action contre la Faim

 

Pour pallier cette situation critique, Action contre la Faim déploie des équipes mobiles en Santé Nutrition afin d’aller au plus près des populations dans le but de connaitre et de suivre l’état de santé des enfants malnutris. Dans le district de Manakara, 5 équipes mobiles sont mobilisées pour intervenir dans 20 sites répartis dans 8 communes.

« Une équipe mobile est composée d’une infirmière qui s’occupe de la prise en charge intégrée de la maladie des enfants de 0 à 9 mois mais aussi d’un infirmier qui s’occupe de la dispensation de soins pour les patients. Dans l’équipe, il y a aussi le mesureur qui prend les mesures anthropométriques et une travailleuse psychosociale qui réalise des séances de soutien psychologique auprès des mères », détaille Jean Pierre.

Ce jour, Marie-Clarisse 28 ans, agricultrice et maman de 5 enfants, s’installe dans la file d’attente des activités mobiles, accompagnée de son fils Bienvenu de 4 ans afin qu’il puisse être reçu par l’infirmière d’Action contre la Faim. « Mon fils est atteint de malnutrition, il était vraiment tout petit ».

« On a vraiment été touchés par le cyclone et il a frappé ici, il a détruit les maisons, les cultures et c’est ça qui a entrainé la malnutrition pour les enfants. Tous nos moyens de subsistance ont été détruits, du coup on a dû manger des aliments qui n’étaient pas dans nos habitudes alimentaires comme des pikopiko, hofika et veoveo. (plantes sauvages malgaches toxiques) », relate Marie-Clarisse

La prise en charge de la malnutrition aiguë sévère avec complications dans les hôpitaux de district (CRENI- Centre de Récupération d’Education Nutritionnelle Intensif) n’était pas disponible avant l’urgence, faute de personnel formé. Aujourd’hui, Action contre la Faim participe à l’amélioration de la qualité des soins via la formation des agents de santé en renforçant leur capacité, et en fournissant des équipements et du matériel médical. En complément, les équipes mobiles d’Action contre la Faim participent au référencement et au transport des enfants malnutris avec complications à l’hôpital de Manakara. Action contre la Faim couvre également les frais d’admission et analyses médicales des enfants au CRENI ainsi que les frais des accompagnants (nourriture, kits d’hygiène, etc.).

 

MAD - Nut&Health - 2023 - Tom Gustin (1)-min © Tom Gustin pour Action contre la Faim

Service CRENI de l’hôpital de Manakara

 

Le transfert monétaire pour répondre à l’urgence

 

Ce jour, les équipes d’Action contre la Faim s’installent dans un abri de la commune de Sahanambohitra pour commencer l’enregistrement des personnes bénéficiaires de cash transfert. « Nous attendons 300 ménages pour le recensement », explique Sergino Andriamitantsoa, responsable du programme Sécurité Alimentaire et Moyens d’Existence.

 

MAD - FSL - 2023 - Tom Gustin (4)-min © Tom Gustin pour Action contre la Faim

Enregistrement des bénéficiaires du cash transfert, commune de Sahanambohitra

 

« On distribue du cash aux ménages qui sont dans des situations critiques. Dans les critères de sélection, on priorise les personnes qui dépendent de l’agriculture pour vivre et les ménages qui ont des enfants malnutris ».

Dans cette région où près de 900 000 personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë, Action contre la Faim, pour répondre à l’urgence, apporte une assistance alimentaire inconditionnelle à environ 17 000 ménages soit 80 000 personnes jusqu’en septembre 2023, et soutient la relance agricole pour 3 000 ménages sur la campagne agricole 2023-2024.

Torice et Maroline, un couple avec 3 enfants à charge répondent aux questions de l’enquêteur d’Action contre la Faim. « Nous n’avons pas de culture de riz. Nous avons une culture de manioc mais on en récolte pas beaucoup. Du coup, on travaille pour des gens pour vivre. Parfois on gagne 1000 ariary, parfois 1 500 ariary la journée (environ 30 centimes d’euros). Parfois, on ne gagne rien, et on dort sans manger. Avec la maladie, et le manque de nourriture, on devient maigres ».

 

MAD - FSL - 2023 - Tom Gustin (6)-min © Tom Gustin pour Action contre la Faim

Maroline et Torice recensés par les équipes d’ACF pour bénéficier du Cash Transfert

 

« Notre maison avec 3 pièces a été détruite par le cyclone. Les terres se sont glissées sur nos rizières, les arbres aussi ont été ravagés. Aujourd’hui, on a une petite maison sommaire faite de feuilles d’arbre, en attendant de reconstruire notre maison. Cet argent, on pourra l’utiliser pour acheter des terres pour cultiver et aussi construire une maison ».

Suite au passage des cyclones, les pertes de production des deux récoltes successives, notamment sur les cultures vivrières, les cultures de rente et les arbres fruitiers, sont très importantes. La prochaine campagne agricole qui démarrera au mois de novembre risque d’être compliquée pour les familles de la région. Selon une enquête réalisée par les équipes d’Action contre le Faim, 36% des ménages ont exprimé un manque d’accès aux semences et aux intrants et s’inquiètent de rater à nouveau la campagne agricole.

Six mois après le passage du cyclone Freddy, la région déjà fragilisée par les différents cyclones en 2022 se trouve dans une situation dramatique. Le Sud-Est enregistre des prévalences de malnutrition aiguë à des niveaux presque aussi élevés qu’à la période de sécheresse dans le Grand Sud. Selon les résultats d’un dépistage massif de la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans mené en octobre 2023 dans deux des trois districts de la région Fitovinany, le taux de malnutrition globale est de 8%
(6,3% pour le district de Manakara et 12,1% pour le district d’Ikongo). 15 communes de la région présentent des taux de malnutrition globale supérieurs à 10%, dont 6 avec des taux supérieurs à 15%

 

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