Chronique d’un pays sous tension

depuis les années 1990, la République démocratique du Congo (RDC), pays-continent qui fait plus de quatre fois la taille de la France, et qui regorge de richesses – bois, or, minerais – a été agité de multiples crises.

Profondément impacté par la guerre du Rwanda en 1994, dont l’Est du pays porte encore les stigmates, le pays est également le théâtre de tensions intercommunautaires, qui exposent les populations civiles à des violations massives des droits humains et à une menace constante de famine. Dans un pays tropical où les ressources abondent, près de dix millions de personnes sont actuellement en insécurité alimentaire. Effarant paradoxe.

En 2018, à l’approche de nouvelles élections présidentielles, la RDC est en proie à la fois à une crise économique majeure, à une forte instabilité politique et à des violences nouvelles dans plusieurs provinces du pays, y compris dans des zones considérées comme stables. C’est le cas de la région des Kasaï. Terre enclavée au centre du pays, cette province, où la pauvreté est endémique, n’avait pas été exposée à des conflits armés depuis plus de soixante ans. Mais en 2016, un conflit a éclaté entre un chef coutumier de la milice Kamuina Nsapu et l’Etat central – amplifiant un climat d’opposition dans la région. Lorsque le 12 août 2016, leur chef coutumier est tué par l’armée, la milice adolescente Kamuina Nsapu, machette au poing, s’en prend aux symboles de l’Etat : policiers, soldats ou « traîtres » sont décapités ou mutilés. En face, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), répliquent à la kalachnikov et pillent les villages sur leur passage.