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KE_CLIMAT_2021_CyrilZannettacci_38-min © Cyril Zannettacci pour Action contre la Faim

À la Une

Kenya

Face à la sécheresse, les femmes de la communauté donnent de l’espoir

Dans la région touchée par la sécheresse, qui comprend le Kenya, l’Éthiopie et la Somalie, 46 millions de personnes ont désespérément besoin d’une aide alimentaire. Plus de 16 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. Les femmes sont celles qui souffrent le plus de cette situation, souvent confrontées à l’injustice et à la discrimination dans des sociétés dominées par les hommes. Les groupes de soutien d’Action contre la Faim offrent aux femmes de la région un espace où exprimer en toute sécurité leurs peurs et leurs inquiétudes, mais aussi leurs rêves et leurs espoirs.

 

AAH_kenya_22_0253-min © Peter Caton pour Action contre la Faim

© Peter Caton pour Action contre la Faim

Lorsque l’eau est limitée, les femmes et les filles sont confrontées à davantage de risques pour leur santé et leur sécurité. Aux points d’eau, le bien-être du bétail est prioritaire, et les femmes subissent souvent des attaques pendant qu’elles attendent leur tour, souvent pendant des heures. La région faisant face à sa sixième saison des pluies insuffisante et les rivières et les puits s’asséchant, les femmes et les filles doivent faire des trajets encore plus longs et plus dangereux en raison de l’augmentation des températures dans l’espoir de remplir leurs jerrycans. Les longues distances parcourues par les femmes et les filles les exposent à l’exploitation sexuelle et aux grossesses précoces.

Les taux de sous-nutrition augmentent également, de nombreuses écoles manquant de ressources pour fournir aux élèves suffisamment d’eau et de repas. De nombreuses jeunes filles n’ont pas d’autre choix que de manquer les cours. Au Kenya, la pauvreté, les pratiques traditionnelles néfastes et le manque d’éducation ont entraîné une augmentation des mariages précoces et des grossesses chez les adolescentes.

Les femmes sont également confrontées à des problèmes d’hygiène, beaucoup n’ayant plus les moyens de soigner leur santé menstruelle. D’autres n’ont même pas accès à des produits d’hygiène féminine, et encore moins à des conseils sur la gestion de leur cycle menstruel. Dans les foyers dominés par des hommes et aux moyens limités, les femmes ont rarement leur mot à dire sur la façon dont l’argent de la famille est utilisé.

 

AAH_kenya_22_0262-min © Peter Caton pour Action contre la Faim

Mais même lorsque les conditions semblent désespérées, les femmes parviennent à s’en sortir, et Action contre la Faim est là pour les soutenir. Malgré l’augmentation des problèmes de santé mentale, des niveaux de stress, des épidémies et des prix des denrées alimentaires, les femmes s’entraident et s’échangent des stratégies pour aller de l’avant.

Les groupes de femmes, qui étaient à l’origine des groupes de soutien de mères, sont devenus ces derniers mois des espaces inclusifs où les femmes peuvent trouver de l’aide et aider d’autres femmes à leur tour. Jemimah Khamadi, directrice du programme d’Action contre la Faim au Kenya, nous a parlé de l’évolution de ces groupes de soutien, qui aident les femmes non seulement à survivre, mais aussi à s’épanouir.

 

Quel a été l’impact de la sécheresse sur les femmes ?

Les femmes et les filles sont les plus touchées par les difficultés liées à la sécheresse. Elles n’ont pas le droit d’avoir des propriétés ni de vendre du bétail. Beaucoup vivent dans des communautés patriarcales très dominées par les hommes et sont victimes de violence sexiste. Elles se font même parfois attaquer alors qu’elles cherchent désespérément de l’eau pour leurs enfants. Les femmes, traumatisées par cette crise, souffrent de plus en plus de sous-nutrition.
Les filles doivent manquer les cours, car leurs communautés se déplacent constamment pour trouver de l’eau, de la nourriture et des pâturages pour leur bétail. Et pour avoir une bouche en moins à nourrir, leurs familles les marient de plus en plus tôt, souvent à d’autres familles qui voient la dot comme un moyen de reconstituer les ressources qu’elles ont perdues en raison de la sécheresse. Ces adolescentes ont aussi des enfants plus tôt, ce qui peut faire durer la sous-nutrition sur plusieurs générations. En effet, plus la mère est jeune, plus ses enfants risquent de souffrir de sous-nutrition

Kenya Drought - Lameck Ododo - Isiolo - 11-min © Lameck Ododo pour Action contre la Faim

En quoi les groupes de soutien d’Action contre la Faim ont-ils aidé les femmes à surmonter ces défis ?

Nos équipes encouragent les femmes à s’entraider. Les groupes de soutien sont la plateforme idéale pour organiser des réunions et discuter des droits des femmes au sein de leurs foyers. Au départ, la plupart de ces groupes étaient des groupes de soutien de mères. Les femmes pouvaient y obtenir des conseils sur les soins prénatals, l’allaitement et la maternité. Aujourd’hui, ils abordent également plusieurs autres sujets, et ils sont généralement dirigés par des femmes locales.

 

Quels sont les sujets abordés par ces groupes de soutien ?

Le principal objectif des groupes de soutien est que les femmes comprennent leurs droits au sein de leur foyer. Pour cela, nous mettons l’accent sur la dynamique de groupe et l’éducation financière. Nous encourageons les femmes à planifier leurs finances et veillons à ce qu’à la fois les hommes et les femmes puissent préparer leur propre avenir financier. Nous parlons aussi de façons dont les femmes peuvent gagner de l’argent. Les groupes sont une base qui permet aux femmes de lancer des activités génératrices de revenus et de développer leurs entreprises. Les femmes peuvent y échanger des idées et des compétences, de l’élevage de chèvres au jardinage, ce qui est essentiel pour les aider à prospérer.

 

Comment les femmes utilisent-elles les groupes de soutien pour soigner leur santé mentale ?

À l’heure actuelle, des millions d’Africaines vivent dans la peur. Elles ont peur de ne pas pouvoir trouver assez de nourriture pour leurs enfants. Elles ont peur que leur enfant de deux ans ait le choléra. Elles ont peur de ne pas survivre au printemps. En pleine crise, les femmes comptent de plus en plus les unes sur les autres. Les groupes de soutien permettent aux femmes de rencontrer d’autres femmes qui comprennent leur détresse et qui ont les mêmes peurs. Qu’elles y parlent des défis de la maternité ou de problèmes de violence sexiste, ces groupes leur permettent de recevoir un soutien et de se rendre compte qu’elles ne sont pas seules. Action contre la Faim fournit également un soutien psychosocial professionnel dans le cadre de son projet d’intervention d’urgence contre la sécheresse.

AAH_kenya_22_0300 (2)-min © Peter Caton pour Action contre la Faim

© Peter Caton pour Action contre la Faim

Les hommes participent-ils aux groupes de soutien ?

Les hommes jouent un rôle essentiel dans la promotion de l’égalité entre les sexes dans leurs communautés, et nous les encourageons à rejoindre les groupes de soutien. Les hommes ont souvent du mal à parler de leurs problèmes de santé mentale ou de changer les traditions de leur famille à cause de la misogynie intériorisée et des rôles de genre, mais nous progressons un peu plus chaque jour.

 

En quoi ces groupes de soutien ont-ils évolué ces dernières années ?

Au départ, il s’agissait de groupes au sujet de la maternité. Aujourd’hui, c’est bien plus que cela. Les femmes forment même leurs propres groupes de soutien sans Action contre la Faim, puis viennent nous demander conseil à mesure que leur groupe se développe. Grâce aux connaissances qu’elles ont acquises, elles tirent les autres femmes vers le haut, et nous espérons que cela continue au cours des prochains mois, voire des prochaines années.

 

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