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À la Une
L’agroécologie constitue une réponse complète aux défis de la sécurité alimentaire, de la nutrition et du changement climatique. Elle contribue à la mise en œuvre du Droit à l’Alimentation, en proposant de nouvelles bases pour un système alimentaire DURABLE, une agriculture résiliente et une bonne nutrition.
Au moins 795 millions de personnes ont fait face à une insécurité alimentaire chronique en 2016. La moitié de la population mondiale souffre de malnutrition, alors que l’agriculture mondiale produit suffisamment pour couvrir les besoins énergétiques de 12 milliards de personnes (1).
Une cause primaire de la malnutrition est l’écart entre les besoins nutritionnels et l’apport effectif. Ces nutriments sont naturellement fournis par les aliments, qu’ils soient fraichement récoltés ou transformés. D’après l’IPES Food, le système alimentaire industrialisé favorise les aliments transformés bon marché, riches en énergie mais pauvres en contenu nutritionnel (aussi appelés “calories vides”) et tend à maintenir la malnutrition (2). Ce système alimentaire mondialisé associé à une agriculture et un système d’élevage industriels n’apporte pas de réponse aux défis conjoints de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et du changement climatique. Au contraire, il a une grande part de responsabilité dans la dégradation de l’environnement, l’effondrement de la biodiversité, la pression sur les ressources naturelles et les émissions de gaz à effet de serre. Il a aussi un impact social désastreux, comme la disparition des savoir-faire traditionnels et adaptés aux conditions locales, la concentration des richesses, l’exclusion des plus vulnérables, la propagation des maladies non transmissibles et de la malnutrition sous toutes ses formes (3).
Sécurité alimentaire : situation d’une personne ayant accès un accès physique et financier a une nourriture en qualité et quantité suffisante, respectant ses préférences culturelles, et ce tout au long de l’année, afin de garantir une vie saine et active.
Le changement climatique est une menace supplémentaire pour la sécurité alimentaire : augmentation de la fréquence des catastrophes naturelles, modification des conditions climatiques locales, intensification des évènements météorologiques extrêmes, désertification, inondations, submersion, vagues de froid et de chaleur. Ces phénomènes induiront une réduction des rendements et de la qualité nutritionnelle des cultures. Les petits producteurs, les femmes et les enfants, ainsi que les plus pauvres sont les plus vulnérables à ces chocs. Si rien n’est fait pour s’y adapter, même sous le scénario optimiste d’un réchauffement limité à 2°C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle, l’insécurité alimentaire pourrait augmenter de 90% dans certaines sous-régions du continent africain. D’ici à 2050, la production agricole pourrait réduire fortement et 50% de la population mondiale serait en risque d’insécurité alimentaire temporaire (4).
Système alimentaire : c’est « la façon dont les hommes s’organisent pour produire, distribuer et consommer leur nourriture ».
L’agroécologie propose une vision basée sur la meilleure intégration entre les espaces urbains et ruraux, les consommateurs et les producteurs. Elle offre des solutions tout au long des chaines de valeur : gestion optimale de la matière organique du sol pour une meilleure fertilité et une érosion réduite, production suffisante, alimentation sûre et nutritive, distribution via de plus courtes chaines de valeur tant en termes de distance parcourue par les aliments qu’en nombre d’intermédiaires, meilleurs revenus pour les producteurs, meilleurs prix pour les consommateurs, meilleure gestion des déchets organiques, entre autres.
Sécurité nutritionnelle : situation d’une personne qui, en plus de jouir de sécurité alimentaire, à une accès à l’eau, à l’assainissement et à la santé assuré.
Si plusieurs options sont proposées pour assurer un apport suffisant en nutriments dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, la majorité d’entre elles est centrée sur une approche produit (fortification, supplémentation et biofortification) et met de côté le besoin fondamental de diversifier son alimentation. Ces solutions de court terme peuvent être pertinentes dans certains contextes spécifiques notamment de crise, et pour certaines catégories de populations. Sur le long terme, elles ne peuvent pas répondre au défi de la bonne nutrition. Elles peuvent être coûteuses, ne sont pas accessibles à tous et renforcent la dépendance aux industries alimentaires et pharmaceutiques, et aux agrofournisseurs. En améliorant la diversité des productions (5) et le contenu nutritionnel des aliments (6), l’agroécologie augmente la variété d’aliments nutritifs sur le marché renforçant ainsi la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Grâce à ses impacts positifs sur les revenus, l’emploi, la production alimentaire, la chaine de valeur et de transformation, la consommation et la diversification, l’agroécologie répond aux prérequis de l’agriculture sensible à la nutrition.
Afin d’atteindre la sécurité alimentaire et nutritionnelle de tous dans le contexte du changement climatique, l’agroécologie doit être promue dans toutes les politiques publiques nationales et les engagements internationaux concernant l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition. C’est pourquoi Action contre la Faim plaide pour la promotion de l’agroécologie dans les cadres suivants :
(1) Ziegler (2008) Promotion and protection of all human rights, civil, political, economic, social and cultural rights, including the right to development. Report to the UNHRC (2) IPES Food (2016) From uniformity to diversity, a paradigm shift from industrial agriculture to diversified agroecological systems. (3) Rastoin (2010). Le système alimentaire mondial: concepts et méthodes, analyses et dynamiques. Éditions Quae. (4) IPCC (2007) Climate Change 2007: Impacts, Adaptation and Vulnerability. Chapter 8 Agriculture. (5) Pretty (2006) ‘Resource-conserving agriculture increases yields in developing countries’, Environmental science & technology, vol. 40, no. 4, 2006. (6) Baranski (2014) ‘Higher antioxidant and lower cadmium concentrations and lower incidence of pesticide residues in organically grown crops: a systematic literature review and meta-analyses’, British Journal of Nutrition, p18.
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