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MD_UKR_ER_220308_GonzaloHöhr_059 (1) Gonzalo Höhr pour Action contre la Faim

Communiqués de presse

Ukraine

La guerre en Ukraine est une injonction a transformer nos systèmes alimentaires

Empêcher l’utilisation de la faim comme une arme en Ukraine

Dans le contexte actuel, les espoirs se réduisent de jour en jour sur le fait que l’Ukraine soit en capacité de cultiver, d’exporter ses récoltes et d’assurer son autosubsistance. Aujourd’hui plus de 10 millions de personnes, soit un quart de la population, a été déplacée par le conflit en quelques semaines. Les principales structures logistiques du pays, comme les villes portuaires d’Odessa ou Marioupol permettant l’exportation des marchandises, sont bombardées ou assiégées en contradiction avec les obligations du droit international humanitaire de préserver les infrastructures et biens civils nécessaires à la survie des populations. Aujourd’hui en Ukraine des populations civiles prises au piège du conflit souffrent de la faim.

« Il n’y aura pas de réponse immédiate possible à l’aggravation de l’insécurité alimentaire résultant du conflit ukrainien, s’il n’y a pas de cessez-le-feu immédiat, durable et la garantie d’accès et de circulation des biens et des personnes. Tout doit être fait pour empêcher l’utilisation de l’arme alimentaire dans ce conflit », exhorte le Dr. Pierre Micheletti, président d’Action contre la Faim.

Préserver l’accès à alimentation face à l’augmentation des prix

Au-delà des enjeux de production et de distribution en Ukraine, le conflit pose également la question de l’accessibilité financière des denrées pour les populations les plus pauvres en Ukraine, comme dans tous les pays dans lesquels les prix des denrées de base et de l’énergie augmentent. Il s’agit d’agir dès maintenant pour éviter l’appauvrissement et la faim via des aides financières directes pour toutes celles et ceux qui n’ont ou ne vont plus avoir accès à l’alimentation, et ce à l’image des mesures de protection sociale mises en œuvre dans le cadre des impacts économiques du COVID-19.

« Le soutien aux pays les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire doit passer par une mobilisation des institutions multilatérales, notamment de la Banque Mondiale et du G7 pour des programmes de protection sociale universelle, complétés par des mesures permettant de libérer l’espace budgétaire pour les pays à plus faibles revenus afin qu’ils puissent avoir la marge de manœuvre nécessaire pour mettre en place eux-mêmes ces mesures de protection », plaide Dr. Pierre Micheletti.

Anticiper les crises et transformer nos systèmes alimentaires

Face aux risques croissants d’insécurité alimentaire mondiale, une anticipation renforcée des crises doit aussi être mise en place à tous les échelons. Il existe déjà des outils, comme le Pacte du G7 « pour la prévention de la famine et des crises humanitaires », qui doivent être renforcés et mis en place au plus vite. De même, le Conseil mondial sur la Sécurité Alimentaire, instance la plus légitime à l’échelle internationale, doit être en première ligne dans la définition d’une réponse globale au service des populations souffrant de la faim.

« Nos systèmes alimentaires sont, encore une fois aujourd’hui, mis en échec par cette crise qui révèle l’impérieuse nécessiter de mettre la souveraineté alimentaire au cœur des politiques agricoles et alimentaires en encourageant au maximum les filières localisées et diversifiées s’appuyant sur les paysans locaux, aussi bien dans l’Union européenne que dans les pays aujourd’hui particulièrement dépendants des céréales ukrainiennes et russes. Aujourd’hui, ce que nous demandons, c’est un appui massif des Etats à l’agroécologie paysanne dans les investissements agricoles à l’international ainsi que dans les politiques nationales et régionales. » conclut-il.

La Russie est le plus grand exportateur de blé au monde. L’Ukraine est le quatrième ou cinquième selon l’année. Les pays d’Afrique du Nord (Égypte, Libye, Algérie, etc.), du Moyen-Orient, d’Afrique de l’Ouest (Nigeria, Sénégal, etc.) et d’Asie (Bangladesh) dépendent fortement du blé qui est produit dans le bassin de la mer Noire. Le Moyen-Orient et l’Afrique ont absorbé près de 40 % des exportations ukrainiennes de maïs et de blé en 2021. L’Ukraine a fourni 3 millions de tonnes de blé à l’Égypte uniquement, soit 15 % de la consommation totale de ce pays de plus de 100 millions d’habitants, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

 

nos RECOMMANDATIONS POUR FAIRE FACE AUX REPERCUSSIONS

Face aux nombreuses discussions et initiatives en cours suite au déclenchement de la guerre en Ukraine, et notamment celles en lien avec un plan d’urgence pour la sécurité alimentaire (Food and Resilience Mission) annoncé par la France à l’issue des sommets du G7, de l’UE et de l’OTAN, nous souhaitons partager notre analyse des impacts déjà en cours sur les terrains dans lesquels nous opérons et des éléments à prendre en compte dans ces initiatives internationales.

Un soutien réel et des impacts positifs à court et long terme pour les populations menacées par l’aggravation de l’insécurité alimentaire doivent être l’objectif premier de toutes réponses. Ces initiatives doivent intégrer un renforcement de certains dispositifs déjà existants et porter une transformation en profondeur de nos systèmes alimentaires pour accompagner et soulager les personnes souffrant de la faim.

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