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© Action contre la Faim Irak

Qassim, agriculteur en Irak, a repris ses terres familiales grâce à l’agroécologie

Qassim est un jeune homme de 22 ans, qui vit dans le village d’Al Shirsh (district d’Al Qurna, gouvernorat de Bassora). En plus de subvenir aux besoins de sa femme et de son enfant, Qassim s’occupe de dix membres de sa famille au sein de son foyer.

Après plusieurs années de culture des terres familiales, Qassim a dû abandonner. En effet, la terre, endommagée par l’utilisation intensive de pesticides chimiques, ne produisait pas une quantité suffisante et l’utilisation d’outils traditionnels ne lui permettait qu’un faible rendement nécessitant beaucoup de travail. Cette activité ne lui permettait pas de générer un revenu suffisant pour subvenir aux besoins de sa famille. L’absence de soutien des autorités gouvernementales ainsi que le manque de connaissances agricoles et de ressources (financières, humaines) pesaient lourdement sur Qassim. Il a donc accepté un emploi dans le secteur de la construction dans l’espoir de gagner sa vie.

En février 2021, il a été sélectionné pour participer au projet d’Action contre la Faim. Il a reçu une serre et des équipements agricoles, tels que des engrais organiques, des kits de jardinage et des outils pour cultiver sa propre production. Un système d’irrigation goutte-à-goutte a aussi été installé sur son terrain. Enfin, Qassim a bénéficié d’une formation en agroécologie pour renforcer ses compétence, afin de travailler de manière plus efficace et qualitative.

Qassim a repris en charge la culture de ses terres familiales : chaque matin, il fait le tour de son terrain, inspecte le système d’irrigation, puis procède à la récolte avec son frère. Tous les deux jours, il se rend au marché pour vendre sa récolte, ce qui lui procure un sentiment d’accomplissement et de fierté. 

La qualité de notre production locale est meilleure que celle des produits exportés
Qassim
Bassora, Irak

Il cultive toute l’année différents types de semis et de légumes de saison, tels que des aubergines, des tomates et des laitues. Outre l’augmentation de sa production, ses cultures sont désormais la principale source de revenus pour son foyer : « J’ai une augmentation de la production jusqu’à 50 kg de cultures, ce qui a permis d’augmenter mes revenus ».

Pour Qassim, produire sa propre nourriture est aussi devenu un moyen de réduire les dépenses de son ménage et de concentrer leurs achats sur d’autres nécessités. Il a déclaré : “Je suis capable de produire mon propre panier alimentaire maintenant, moins de dépenses pour toute la famille, mes parents et mes enfants”. Il a décidé d’aider d’autres ménages de son village à subvenir à leurs besoins : « Maintenant que nous sommes en sécurité alimentaire, nous soutenons d’autres familles dans ma région en nous appuyant sur notre propre production plutôt que sur l’exportation ».

L’impact de la crise climatique en irak

La sécurité alimentaire et la reprise économique forment l’épine dorsale de la stabilité post-conflit à long terme. Bien que le conflit ait pris fin en Irak, des sources d’instabilité subsistent dans l’ensemble du pays et la stagnation économique touche tous les aspects de la société irakienne. Face à l’absence de moyens de subsistance, un nombre croissant d’Irakiens sont contraints de recourir à des stratégies d’adaptation négatives, telles que l’endettement, l’achat d’aliments nutritifs moins chers et la réduction du nombre de repas par jour.

Dans les districts d’Al-Qurna et d’Al-Dair, l’impact direct du changement climatique sur les ressources disponibles pour les communautés a mis à mal les opportunités de subsistance de la population, tout en augmentant ses besoins.

La première conséquence du changement climatique dans ces districts est la diminution des réserves d’eau, en raison du faible volume de précipitations. Cette tendance est aggravée par les barrages en amont des cours d’eaux, qui réduisent la quantité d’eau disponible dans le gouvernorat de Bassora. De plus, la qualité de l’eau reste faible, liée au niveau élevé de salinisation mais à sa forte pollution. Ce problème chronique n’a pourtant pas été abordé pendant des décennies à Bassora et la région reste mal desservie par rapport aux autres régions d’Irak. Ces facteurs ont considérablement réduit le débit d’eau dans les canaux reliés aux terres agricoles, affectant la capacité des agriculteurs à poursuivre leurs activités. La réduction drastique de l’espace agricole est encore aggravée par l’état désastreux des canaux d’irrigation, pouvant générer de graves blocages.

Par ailleurs, l’utilisation récurrente de pesticides et d’engrais non naturels en grandes quantités a vidé la terre de ses ressources et de ses nutriments, entraînant de faibles rendements et une baisse de la qualité de la production. Les agriculteurs sont confrontés à des menaces croissantes – telles que la sécheresse récurrente, la poussière, ou la faune locale (insectes) – qui mettent en péril leurs cultures. Pourtant, ils continuent de manquer de techniques et d’équipements adéquats pour leur permettre de surmonter ces défis et leur assurer une source durable de subsistance et de revenus.

Le soutien agricole au coeur de notre Action

Entre août 2020 et avril 2021, Action contre la Faim est intervenue dans les districts d’Al – Qurna et d’Al-Dair (gouvernorat de Bassora) pour renforcer la résilience des ménages vulnérables – risquant d’être déplacés en raison de l’impact du changement climatique – grâce à un soutien agricole.

Ce projet a été ancré dans une approche à trois volets, afin d’assurer la durabilité et l’efficacité de l’action :