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IN_NUT_2019_LysArango_Govandi-26 © Lys Arango pour Action contre la Faim

À la Une

Hygiène et santé menstruelle

Quand les règles accentuent les inégalités

La menstruation est un phénomène physiologique au cours duquel l’utérus évacue du sang et des tissus par le vagin. C’est un processus mensuel, naturel et sain chez les personnes qui ont un utérus, non enceintes en âge de procréer (femmes, filles, hommes transgenres ou personnes non-binaires). Au cours de sa vie, une personne menstruée passe en moyenne trois à huit ans à avoir ses règles. Pour certain·e·s, elles représentent un désagrément plus ou moins fort. Pour des millions d’autres personnes, les tabous, les stigmas, le manque d’infrastructures et de protections hygiéniques provoquent des atteintes à la dignité, des pertes de leurs droits (notamment à l’éducation), des dangers pour leur santé et des risques pour leur sécurité alimentaire.

Aujourd’hui dans le monde, on estime à 500 millions le nombre de femmes et de filles qui n’auraient pas les moyens de se procurer régulièrement des protections hygiéniques, des pilules antidouleurs ou des sous-vêtements pendant leur règle. En France , elles sont encore près de quatre millions . C’est ce qu’on appelle la précarité menstruelle.  a d’ailleurs annoncé en mars 2023 que les protections périodiques réutilisables seraient remboursées par la sécurité sociale, à partir de 2024, pour toutes les femmes de moins de 25 ans mais ce n’est pas encore effectif ni suffisant. Les menstruations et la précarité ne s’arrêtant pas à cet âge, la mesure devrait être étendue au-delà de 25 ans. De plus, selon l’association Règles Élémentaires,  il ne faudrait peut-être pas exclure les protections jetables afin de  toucher une cible plus large.

L’accès à des soins et à une hygiène menstruelle appropriés est au cœur de la lutte contre les inégalités de genre et de justice sociale et donc un moyen efficace pour favoriser l’émancipation des femmes et des filles. Pour lutter contre les discriminations liées au genre, il est nécessaire de faire évoluer les pratiques, de développer des infrastructures adaptées et d’en finir avec les stéréotypes qui empêchent les personnes, pendant leurs menstruations, de prendre part aux activités culturelles, éducatives, sociales et génératrices de revenus.

 

Qu’est-ce que l’hygiène menstruelle ? définition 

 

Pour santé et une hygiène menstruelle appropriées, on considère² qu’il est nécessaire d’avoir accès à : 

  1. Des protections menstruelles pour recueillir le sang menstruel, autant que nécessaire
  2. Un lieu sécurisé pour se changer en toute intimité, aussi souvent que nécessaire
  3. De l’eau et du savon pour se laver, aussi souvent que nécessaire
  4. Des installations fonctionnelles pour utiliser, jeter ou nettoyer les protections menstruelles
  5. Un accès aux services de santé et à une éducation complète à la sexualité et à l’hygiène menstruelle 

 

SANTE ET hygiène menstruelle, une question de droit humain fondamental

 

Les normes sociales et la stigmatisation engendrées par les stéréotypes liés à la menstruation peuvent engendrer des discriminations et avoir de graves répercussions sur la dignité des personnes menstruées et sur leurs droits à l’égalité, à la santé, à l’éducation, à la sécurité, à l’accès au travail et à participer à la vie culturelle, religieuse et publique sans discrimination. (UN)

 

Droit à l’égalité et à la dignité

 

Le manque ou l’absence d’accès physique ou financier à des protections hygiéniques oblige les personnes menstruées à imaginer des solutions alternatives, souvent moins efficaces et discrètes que celles que nous connaissons. L’utilisation de chiffons, de feuilles de papier journal ou autre cause de l’inconfort et des fuites de sang, ce qui provoque honte et gêne dans nos sociétés ou les menstruations sont tabous.

Des experts des Nations Unies ont également témoigné que dans certains pays, les femmes et les filles qui ont leurs règles sont considérées comme contaminées et impures. Des restrictions leur sont imposées, telles que l’interdiction de toucher de l’eau ou de cuisiner, d’assister à des cérémonies religieuses et culturelles, de participer à des activités communautaires et de travailler. Elles peuvent également être bannies des espaces extérieurs. Cela renforce alors le sentiment que les femmes sont moins légitimes dans l’espace public et constitue un obstacle de plus à l’égalité entre les femmes et les hommes. 

 

Droit à l’éducation  

 

La gestion de l’hygiène menstruelle a un impact direct sur la scolarisation des personnes menstruées.

Dans le monde, 13% des écoles ne disposent d’aucun service d’assainissement : plus de 240 millions d’enfants sont concernés. Près de 100 000 000 jeunes filles ratent donc jusqu’à une semaine d’école par mois à cause du manque d’infrastructures d’eau et d’assainissement adaptées et sécurisées et du manque d’accès à des produits d’hygiène intime adaptés. Cette déscolarisation forcée a évidemment un impact sur leur formation et donc sur leur progrès économique, compromettant ainsi l’égalité entre les sexes. (UN)

 

Quelques chiffres

Un tier
des filles manquent l’école entre un à trois jours
par mois pendant leurs règles en Asie du Sud
1 fille sur 10
manque l’école pendant son cycle menstruel
en Afrique Subsaharienne
71 %
des adolescentes ne savent pas ce que sont les menstruations
avant d’avoir leurs premières règles en Inde

À Basrah dans le sud de l’Irak, l’amélioration de l’accès à l’eau et à l’assainissement dans une école secondaire pour filles par Action contre la Faim a significativement diminué l’absentéisme des filles qui ont pu continuer à assister aux classes pendant leurs menstruations. 

 

Droit à la santé

 

L’utilisation de protections menstruelles non adaptées cause également des risques pour la santé. Les chiffons ou papiers utilisés sèchent lentement et sans possibilité de se laver correctement et régulièrement, ils provoquent des infections. Dans le monde, on estime qu’une jeune femme sur dix n’a pas pu s’offrir une protection pour ses règles et 12 % ont été obligées d’improviser avec des dispositifs qui peuvent être dangereux pour la santé, inefficaces et peu hygiéniques .

L’accès à des toilettes sûres et fonctionnelles n’est pas garantie non plus pour près de la moitié de la population mondiale (OMS/UNICEF), et un tiers de celle-ci n’a pas d’installation de base pour se laver les mains à la maison (OMS/UNICEF). 

Les menstruations sont aussi responsables de douleurs qui peuvent parfois être handicapantes sans médicaments ou traitement adaptés. L’endométriose par exemple (maladie qui se caractérise par la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus), touche près de 10 % des femmes et des filles en âge de procréer à l’échelle mondiale (WHO) et cause des douleurs aigües aux moment des règles.

À Madagascar, Action contre la Faim soutient la coopérative des femmes Vehivavy Mihary. La coopérative dispose désormais d’un atelier équipé et a livré sa première commande de 3 600 serviettes hygiéniques lavables destinées aux populations victimes de la crise nutritionnelle. De nouvelles gammes de produits sont en cours de développement incluant des kits d’hygiène menstruelle, des serviettes hygiéniques à prix très abordable pour les populations des quartiers. La coopérative bénéficie de l’appui direct des équipes d’Action contre la Faim qui assistent avec l’approvisionnement en matières premières, le développement de nouveaux produits et la gestion administrative.

 

Sécurité alimentaire 

 

La gestion de l’hygiène menstruelle ayant un impact sur la scolarisation et l’assiduité au travail des personnes menstruées, elle menace par conséquence le revenu et les chances d’émancipation des personnes menstruées et donc  la sécurité alimentaire de celles-ci. Dans certaines régions du monde, les femmes sont même obligées de s’isoler et donc de s’absenter de leur lieu d’activité entraînant ainsi une perte de revenus (PSEAU).

Le coût des protections menstruelles peut être également très élevé par rapport à la capacité financière des femmes. En Afrique du Sud par exemple, « jusqu’à 7 millions de filles n’ont pas accès ou ne peuvent pas se permettre d’acheter des protections hygiéniques ». Elles doivent donc faire un choix inhumain entre acheter de la nourriture ou acheter des protections hygiéniques (Humanium). Au Niger, les femmes sont souvent dépendantes des hommes économiquement et par extension, pour les achats liés aux menstruations. Or, ils sont parfois « réticents » à ces achats, notamment à cause des normes sociales qui défavorisent les femmes (PSEAU).

 

 

L’hygiène menstruelle en contexte de crise

 

On estime à plus de 26 millions les femmes et filles déplacées ayant leurs règles dans le monde aujourd’hui (Public Health Columbia). Après d’avoir quitté   la gestion de la menstruation est d’autant plus difficile dans un contexte d’urgence où les privations sont exacerbées, les accès aux infrastructures plus compliqués et les espaces privés limités.

Les personnes menstruées ont toujours besoin d’un accès à des produits d’hygiène de base (dont le savon et les protections hygiéniques), d’un lieu sûr et privé pour se changer, se laver et jeter  les protections usagées. Les infrastructures d’assainissement doivent donc répondre à ces besoins.

 

NOS ACTIONS

 

Action contre la Faim intègre actuellement de manière transversale et pluridisciplinaire la promotion et la mise en place de projets d’hygiène menstruelle dans son approche de lutte contre la faim, la pauvreté, les inégalités sociales et économiques et les injustices de genre.

 

Jordanie

 

En Jordanie, Action contre la Faim mène des activités pour l’amélioration de l’accès à l’eau et à l’assainissement dans le camp accueillant des réfugié.e.s Syrien.e.s d’Azraq. Nos équipes travaillent, avec la communauté, pour sensibiliser et faciliter les bonnes pratiques menstruelles, réduire la stigmatisation, favoriser l’accès aux protections menstruelles et garantir un espace sûr et privé pour la gestion de l’hygiène menstruelle.

 

TCHAD

 

Au Tchad, Action contre la Faim, collabore avec les associations féminines locales pour mener des activités de sensibilisation à hygiène menstruelle et de création de serviettes, notamment dans les écoles, les lieux de cultes et les structures sanitaires.

Action contre la Faim travaille avec un centre de formation qui propose une formation certifiante sur la confection et la vente de serviettes hygiéniques lavables, afin que les femmes qui en bénéficient puissent produire et vendre les serviettes et kits hygiéniques à Action contre la Faim qui se charge de les distribuer gratuitement.

Action contre la Faim propose et facilite l’inclusion d’un chapitre dédié à la gestion des menstruations dans le programme scolaire et la formation des enseignant.e.s sur le sujet.

20221212_140159-min © Action contre la Faim Tchad
20221213_111644-min © Action contre la Faim Tchad
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NIGERIA

 

Action contre la Faim fait partie du groupe de travail technique de gestion de l’hygiène menstruelle au niveau national et dans les états du Borno, Adamawa et Yobe depuis 2019 en collaboration avec le ministère fédéral et le ministère des affaires féminines de l’Etat. Nous fournissons un support technique et stratégique aux organisations en eau, hygiène et assainissement dans le Nord-Est du pays.

Au Nigéria, Action contre la Faim mène des campagnes de sensibilisation sur l’hygiène menstruelle auprès des jeunes filles et des femmes mais aussi auprès des hommes. Des focus groupes sont aussi organisés par genre afin de créer des espaces de paroles libres et sécurisés et de permettre aux garçons et aux hommes de comprendre ce que vivent les filles et les femmes pour mieux les soutenir et ne plus les stigmatiser. En 2022, nous avons atteint 15 millions de personnes avec ces messages d’information grâce à des campagnes dans les écoles ainsi que des spots radios.

La question de l’hygiène menstruelle est également intégrée à nos activités de santé sexuelle et reproductive dans les 105 centres de santé que nous soutenons. Nous travaillons avec le Ministère de la santé ainsi que les agences de santé locales pour que les inégalités de genre soient combattues au sein même de structures de santé.  Nous nous assurons que 80% des relais communautaires de santé sont des femmes, ce qui a permis d’augmenter l’accès aux services d’hygiène menstruelle.

 

Demostration of how to use hygiene materials by one Adolescent girls in Dalori-min © Action contre la Faim Nigéria
Adolescent girls in Dalori Community excited to received their hygiene products from ACF-min © Action contre la Faim Nigéria
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NOS RECOMMANDATIONS

  1. Afin de répondre en urgence à la précarité menstruelle, des protections hygiéniques doivent être disponibles facilement à un coût abordable ou gratuitement.
  2. Action contre la Faim demande à la communauté internationale de s’engager à financer et soutenir des systèmes de santé nationaux, qui favorise une bonne hygiène et santé menstruelle et l’accès aux traitements aux femmes et aux filles qui souffrent de troubles menstruels.
  3. Action contre la Faim appelle à mettre en place des campagnes de sensibilisation communautaires, notamment avec la participation et adressés aux hommes et assurer une éducation complète des femmes et des filles afin de lever le tabou et la stigmatisation autour des règles. 
  4. Action contre la Faim appelle à mettre en place, en toute situation, des infrastructures d’eau et d’assainissement qui permettent aux usagères de maintenir une bonne hygiène et santé menstruelle.

 


Sources

¹ Le Monde
²  « WASH in Schools – Empowers Girls’ Education – Resources • SuSanA » sur www.susana.org)

NOTes

La définition de l’Unicef (https://www.unicef.org/media/91341/file/UNICEF-Guidance-menstrual-health-hygiene-2019.pdf) :  

La santé et l’hygiène menstruelles (SHM) englobent à la fois la gestion de la menstruation et les facteurs systémiques plus larges qui lient la menstruation à la santé, au bien-être, à l’égalité des sexes, à l’éducation, à l’équité, à l’autonomisation et aux droits, l’égalité des sexes, l’éducation, l’équité, l’autonomisation et les droits. 

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