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Pakistan réfugié © Khaula Jamil pour Action contre la Faim

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Pakistan

AU PAKISTAN, LES RÉFUGIÉS AFGHANS ONT BESOIN D’AIDE HUMANITAIRE ET DE SOUTIEN PSYCHOSOCIAL

Ces événements se sont produits après l’annonce officielle de l’expulsion de toutes les personnes réfugiées afghanes sans papiers vivant au Pakistan. Action contre la Faim suit de près la situation et évalue les besoins humanitaires au Baloutchistan, où vit l’une des plus grandes communautés afghanes du pays.

Un grand nombre d’Afghans sont établis au Pakistan depuis des décennies en raison des nombreuses guerres, de la violence et des difficultés économiques dans leur pays d’origine. Selon le HCR, environ 1,32 million de réfugiés afghans qui résident au Pakistan possèdent les papiers nécessaires, tandis qu’environ 1,375 million sont privés de statut légal.

 

LES EXPULSIONS PLONGENT LES AFGHANS DANS LA PEUR 

 

Action contre la Faim met en œuvre des programmes de santé au Baloutchistan, l’une des plus grandes provinces du Pakistan, où vivent de nombreux réfugiés afghans aux côtés des communautés locales. Les Afghans ont commencé à s’y installer à la fin des années 1970, après l’intervention soviétique. Par la suite, d’autres générations ont rejoint les rangs des réfugiés au cours des décennies suivantes en raison des conflits en cours, de l’insécurité et des effets négatifs du changement climatique, à la recherche de sécurité et d’une vie meilleure. Au cours des quatre derniers mois, la province a connu le plus grand nombre d’expulsions parmi la population afghane.

Selon un résident afghan rencontré par nos équipes dans le camp de réfugiés de Saranan, dans le district de Pishin, au Pakistan, ce ne sont pas seulement les immigrés clandestins qui sont préoccupés par la situation actuelle, mais aussi les personnes titulaires de documents valides, tels que les cartes POR¹ et ACC². « Cette situation a eu un impact négatif sur le bien-être mental de l’ensemble de notre communauté. Les réfugiés sont appréhendés et confinés dans des camps, ce qui provoque un stress mental généralisé, de l’anxiété et de l’angoisse« .

La peur de sortir, la perte de moyens de subsistance et la séparation des familles comptent parmi les conséquences les plus dévastatrices de cette mesure. D’après les discussions avec les réfugiés afghans, nombre d’entre eux doivent emprunter de l’argent à leurs compatriotes et aux membres de la communauté d’accueil pour subvenir à leurs besoins essentiels. La plupart des personnes interrogées ont indiqué que les Afghans avaient du mal à conserver leurs moyens de subsistance et leurs activités génératrices de revenus depuis la vague de répressions. Un Afghan résidant dans la colonie de Kazh Meerzai au Baloutchistan, au Pakistan, a souligné que la situation financière était déjà difficile. « J’étais endetté avant la répression ; après cette situation, ma dette augmente et je ne sais pas comment je vais la rembourser. Cela va aggraver notre situation financière« .

L’incertitude de ne pas connaître le sort d’un être cher ou le lieu où il se trouve aggrave la détresse, créant une atmosphère omniprésente de peur et d’anxiété. Les hommes, souvent considérés comme les premières cibles de l’expulsion, sont arrachés à leur femme et à leurs enfants. L’absence des pères, des maris et des frères ne prive pas seulement les familles d’un système de soutien vital, mais entraîne également des traumatismes émotionnels et psychologiques pour les adultes et les enfants. Des habitantes de Kan Mehtarzai, au Pakistan, ont indiqué que de nombreux hommes de la communauté avaient été expulsés, sans que leurs familles soient informées. « Ils n’ont aucun contact avec les chefs de famille ; ils ne savent même pas s’ils sont vivants ou morts. »

L’impact sur les enfants est particulièrement grave. Nombre d’entre eux sont nés au Pakistan et n’ont jamais connu d’autre foyer. « Nos enfants ont peur et sont effrayés. Ils ne veulent pas quitter cet endroit« , a déclaré une mère vivant à Killa Saifullah.

"Nos enfants ont peur et sont effrayés. Ils ne veulent pas quitter cet endroit"
Killa Saifullah, Mère

« Ils ne mangent pas et ne dorment pas bien, ce qui entraîne des maladies mentales et physiques« .

Avec l’approche de la saison hivernale, les moyens de subsistance et les possibilités d’emploi limités, les conditions de santé et de nutrition des réfugiés risquent également de s’aggraver. Les femmes ayant des enfants en bas âge sont potentiellement vulnérables. Une conversation avec le groupe de femmes a révélé que, par crainte d’être arrêtées, les femmes préfèrent consulter des sages-femmes locales :  « Nous n’allons pas dans les hôpitaux de la ville principale pour bénéficier de services de santé, en particulier pour les accouchements. Ils sont gérés par les sages-femmes locales qui, parfois, traitent mal les cas« . Cette situation expose les femmes enceintes à un risque accru de morbidité et de mortalité.

 

LES IMPACTS SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

 

L’insécurité alimentaire accrue, l’incertitude économique et les problèmes d’accès aux soins médicaux risquent d’entraîner une augmentation de la prévalence de la malnutrition aiguë. En outre, les circonstances actuelles ont gravement affecté le bien-être mental des réfugiés afghans. La prise en charge psychosociale est impérative, compte tenu des traumatismes considérables, de la détresse émotionnelle et des difficultés auxquelles les réfugiés sont  confrontés. Il est plus que nécessaire de faire évoluer les politiques pour défendre les droits des personnes et de mettre en place des systèmes de soutien pour atténuer l’impact dévastateur des expulsions forcées des réfugiés qui aspirent tout simplement à une vie en sécurité. 

Tous les groupes de discussion et les entretiens individuels ont été menés par les équipes d’Action contre la Faim dans la province du Baloutchistan, au Pakistan.

 

¹ La carte de preuve d’enregistrement est un document d’identité pour les réfugiés afghans qui leur permet de rester légalement au Pakistan (HCR).

² La carte de citoyen afghan (ACC) est délivrée par le gouvernement pakistanais pour régulariser les ressortissants afghans sans papiers pendant une période limitée.

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