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À la Une
En mars 2017, le Réseau d’Information sur la Sécurité Alimentaire (FSIN) a tiré la sonnette d’alarme sur une famine émergente, menaçant la vie de plus de vingt millions de personnes dans quatre pays touchés par les conflits et la sécheresse.
Touchant le Yémen, la Somalie, le Soudan du Sud et le Nord du Nigeria, mais également les pays du bassin du lac Tchad. Malgré les efforts conjugués des acteurs humanitaires pour éviter la famine, la situation dans ces pays est, selon la FAO, seulement un échelon en-dessous de la famine. Au Soudan du Sud, 6 millions de personnes – soit près de la moitié de la population – sont gravement en insécurité alimentaire avec des poches de famine déclarées (IPC 5); dans le nord-est du Nigeria, 5,2 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire grave, dont 3,4 millions souffrent de malnutrition aiguë sévère; 3,2 millions de personnes en Somalie et 6,8 millions de personnes au Yémen souffrent d’insécurité alimentaire grave en raison de l’effet cumulatif de la sécheresse, des conflits, des déplacements et de l’insécurité.
En outre, le Yémen est touché par une épidémie de choléra sans précédent avec 900 000 cas suspectés. La fermeture actuelle totale des frontières du Yémen, qui équivaut à un blocus de facto, ne fait qu’aggraver les souffrances de la population en bloquant l’accès à l’aide humanitaire et à l’importation de biens de consommation. Les populations sont déplacées de leurs maisons et forcées d’abandonner leurs biens, leurs moyens de subsistance, leurs récoltes et leurs terres, les laissant sans dispositif de protection. Dans le nord-est du Nigeria par exemple, 2,5 millions de personnes déplacées à cause du conflit ont ainsi perdu tous leurs biens et sont exposées à la faim. De la même manière, environ 1,5 million de personnes en Somalie et 1,88 million de personnes au Soudan du Sud ont été déplacées et 2,1 millions de personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins, à la recherche de sécurité et de nourriture. Cependant, les appels de l’ONU pour les quatre pays ne sont couverts qu’entre 54,5% et 66% à la fin de 2017.
Les 29 et 30 novembre 2017, l’Union africaine et l’UE se réuniront à Abidjan pour le 5ème Sommet UA-UE. Ce sommet, tout en mettant l’accent sur la jeunesse, offre l’occasion de trouver des solutions communes pour les populations prises au piège dans les conflits, obligées d’abandonner tous leurs biens et leurs moyens de subsistance pour fuir et survivre. Cette situation est un problème tant pour les pays africains que pour l’UE et ce sommet doit être une occasion pour aborder les conséquences extrêmes des crises causées par l’homme, la faim dans sa pire forme et les déplacements forcés des populations. Pour cela, il est essentiel que les pays européens et africains commencent à s’attaquer efficacement aux crises d’origine humaine et aux risques de famine.
La faim, et en particulier la famine, ne sera pas évitée à moins que la violence et les conflits ne soient considérés comme des facteurs aggravants. Bien que difficile, il est absolument nécessaire que l’interconnexion entre la faim, les déplacements forcés et les conflits soit pleinement comprise et traitée. Soutenir la résilience des communautés, l’accès aux services de base, y compris la santé et l’éducation, et les systèmes d’alerte précoce, promouvoir des modèles de développement durable et une approche fondée sur les droits sont des solutions pour éradiquer la faim et la pauvreté. Nous exhortons les décideurs africains et européens à user de leur influence pour faire en sorte que les belligérants s’engagent dans un dialogue de paix tout en garantissant un accès libre et sans entrave aux services de base à toutes les personnes touchées.
Lors d’une conférence organisée par Action contre la Faim et le Conseil Danois des Réfugiés (DRC) le 21 novembre 2017 à Bruxelles, huit recommandations ont été mises en avant pour aider à rompre le cercle vicieux entre la faim, les conflits et le déplacement des populations.
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