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AAH_SSD24_day6_44695 (2) (1)-min © Peter Caton pour Action contre la Faim

À la Une

Soudan

De la violence à la résilience : l’impact du conflit sur les femmes et les filles au Soudan

Même si nos collègues soudanais nous ont expliqué qu’Action contre la Faim venait en aide aux survivantes de violence sexiste dans le pays, il y a des blessures qui mettront longtemps à guérir, et encore plus longtemps à cicatriser.

Nous allons tenter d’expliquer pourquoi le conflit a affecté les femmes et les filles de façon si disproportionnée, même si nous savons que nos mots ne pourront jamais refléter leurs dures réalités pendant cette guerre cruelle et dévastatrice. Néanmoins, nous ferons en sorte d’exposer les injustices dont les femmes ont souffert du mieux que nous pouvons, ainsi que de décrire la façon dont elles ont été et continuent d’être une pièce maîtresse de la société civile soudanaise et de la consolidation de la paix dans le pays.

Le conflit au Soudan a déclenché une crise humanitaire qui a pris des proportions extrêmement préoccupantes. L’escalade de la violence le 15 avril 2023 a engendré la plus grande crise de déplacements forcés au monde, ainsi que l’une des plus graves crises de la faim de la planète.

IMG_6473-min © Inès Olhagaray pour Action contre la Faim

 

La violence sexiste est l’une des conséquences les plus choquantes du conflit au Soudan. Selon les rapports du HCR, près de 7 millions de femmes risquent de souffrir de violence sexiste. Des rapports de différentes organisations indiquent que les Soudanaises font face à des niveaux alarmants de violence sexiste, d’exploitation sexuelle et de traite des êtres humains, et ce, à la fois dans les zones de conflit, pendant leurs déplacements et dans leurs pays d’accueil.

Ce n’est pas la première fois que des cas de violence sexuelle ont été signalés au Soudan. Tout comme pendant la révolution de 2018, lors de laquelle elles représentaient un important pourcentage des personnes manifestantes, les femmes ont une fois encore souffert du joug du patriarcat. Au Darfour, une région du pays très durement touchée par les conflits récurrents, les femmes et les filles ont été et continuent d’être victimes d’innombrables atrocités et violations de leurs droits humains.

Nous recevons de plus en plus de témoignages de Soudanaises qui ont le courage de raconter ce qui leur est arrivé. La stigmatisation, la peur des représailles, la honte, l’absence de soutien et le manque d’accès aux services et aux autorités nécessaires ne sont que quelques-unes des raisons pour lesquelles encore trop peu de cas sont signalés. La réalité est encore beaucoup plus grave.

En plus de la violence sexiste, qui fait déjà des ravages, les femmes et les filles continuent de faire face à de nombreuses autres conséquences du conflit au Soudan. Une collègue qui a perdu son frère pendant la guerre au Soudan a rappelé que des milliers de femmes ont perdu leurs maris, leurs enfants, leurs parents et leurs amis. En plus de vivre un deuil atroce, le manque d’accès à l’assainissement, à des toilettes sûres et dignes et à des ressources aussi élémentaires que l’eau propre les expose à de graves dangers. « Au Soudan, les femmes et les filles souffrent énormément. Nous prions pour que la paix revienne », déclare-t-elle.

 

AAH_SSD24_day6_44646 (2) (1)-min © Peter Caton pour Action contre la Faim
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Pendant ce temps, la guerre continue. Parmi les groupes les plus à risque, on trouve les femmes enceintes, qui se heurtent à d’énormes difficultés pour accéder aux services de santé, beaucoup ayant été détruits ou se trouvant à des kilomètres des refuges dans lesquels elles vivent. Les prix sont montés en flèche à cause du conflit, et les coûts des transports sont rédhibitoires. En plus de les contraindre de marcher pendant des heures, ce qui les expose encore davantage aux agressions et au harcèlement, cela les empêche d’accéder aux rares services de santé du pays. De nombreuses femmes ont perdu la vie en accouchant ou souffert de graves complications en raison du manque de soins médicaux adéquats.

L’épidémie de choléra déclarée récemment est venue aggraver la souffrance des femmes et des filles. Le choléra, une maladie très contagieuse qui provoque de fortes diarrhées et une déshydratation, se propage rapidement dans des conditions de surpeuplement, notamment en raison du manque d’assainissement et d’eau potable. Au Soudan, les femmes et les filles doivent aller chercher l’eau, cuisiner avec de l’eau potentiellement contaminée et prendre soin de leur famille. Elles doivent parcourir de longues distances pour accéder à l’eau, ce qui augmente leur exposition au choléra et à d’autres maladies d’origine hydrique. De plus, étant donné que ce sont généralement elles qui s’occupent des membres de leur famille qui sont malades, leur risque de contracter la maladie est plus élevé.

La destruction des marchés a dénué de nombreuses Soudanaises de leur source de revenus. En plus d’entraver leur sécurité alimentaire et leurs moyens d’existence, cette situation les expose à un risque plus élevé d’exploitation et d’agressions alors qu’elles cherchent des alternatives pour gagner leur vie. Pour tenter d’accéder à d’autres marchés, les femmes entreprennent des voyages longs et dangereux. Pendant leur trajet, elles risquent d’être violées, harcelées, enlevées ou même tuées. Sans oublier le fardeau de leurs responsabilités familiales, qui limite leur capacité à prendre part à des activités économiques et éducatives, perpétuant ainsi le cycle de pauvreté et de dépendance.

 

AAH_SSD24_day7_45089 (2) (1)-min © Peter Caton pour Action contre la Faim

 

Malgré ces défis, les Soudanaises ont fait preuve d’une résilience et d’un leadership immenses, tant par le passé que pendant le conflit actuel. La plateforme Peace for Sudan, qui regroupe plus de 49 initiatives et organisations dirigées par des femmes, suit les cas de violence sexiste et vise à accroître la participation des femmes à la consolidation de la paix.

Le mouvement féministe, les organisations communautaires et les réseaux de quartier, dont beaucoup sont dirigés par des femmes, jouent également un rôle essentiel dans la distribution de l’aide humanitaire au Soudan. La protection est l’un des principaux piliers de l’intervention humanitaire d’Action contre la Faim au Soudan, et nous savons que sans ces organisations, nous ne pourrions pas travailler. Chez Action contre la Faim, nous soutenons la création de centres pour femmes et le développement de réseaux de protection communautaire. En plus de soutenir les survivantes de violences sexiste à travers une ligne d’assistance téléphonique sécurisée, un soutien psychosocial et des soins médicaux, nos équipes au Soudan travaillent sans relâche pour organiser des sessions de sensibilisation, former des groupes de femmes et lancer des clubs de sensibilisation à la violence sexiste dans les écoles.

Nous devons absolument reconnaître et soutenir ces réseaux de femmes, qui sont la pierre angulaire de la résistance et de l’espoir au Soudan. La résilience et le leadership des Soudanaises sont une lueur d’espoir dans l’obscurité. La communauté internationale doit prendre des mesures immédiates pour assurer la protection des femmes et des filles, soutenir leur émancipation économique et encourager leur inclusion dans les négociations de paix, la prise de décision et la planification d’un avenir plus sûr.

 

AAH_SSD24_day6_44485 (2)-min © Peter Caton pour Action contre la Faim
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À propos d’Action contre la Faim au Soudan

 

Action contre la Faim intervient au Soudan depuis 2018. Depuis le début du conflit, les équipes d’Action contre la Faim ont intensifié leurs interventions d’urgence. Présentes dans les régions du Nil Blanc, du Nil Bleu, du Kordofan du Sud et du Darfour central, les équipes ont soutenu près d’un demi-million de personnes l’année dernière. Malgré des conditions de sécurité difficiles, l’organisation continue de fournir une aide alimentaire, des services de nutrition, d’eau, d’assainissement et d’hygiène, ainsi qu’une protection, en particulier aux femmes et aux filles, qui sont confrontées à un risque plus élevé de violence sexiste et sexuelle lorsqu’elles tentent d’accéder aux ressources et à l’aide humanitaire.

 

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