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Bangladesh-temoignage humaira © Tom Pilston pour Action contre la Faim

Témoignages

Rohingya

Une population meurtrie : le témoignage de Humaira Begum

Attention, certain de ces propos peuvent choquer par leur violence.

« Je suis enceinte de huit mois, mais je ne me fais plus d’illusions pour mon bébé maintenant. Quel avenir l’attend ? Je sais que mon bébé est trop petit et j’ai eu beaucoup de douleurs au ventre. Je n’arrive pas à dormir la nuit à cause de cette inquiétude pour mon enfant. Tout ce que je peux faire, c’est accoucher et l’allaiter si je peux. Mais après ça, je n’en sais rien. Je ne veux pas trop penser aux pressions ou aux problèmes. J’ai peur de ce que nous allons devenir. Tout est tellement incertain.

Je souffre beaucoup des problèmes que j’ai dans ma tête et dans mon cœur. J’ai vu de mes propres yeux des gens de mon village se faire attaquer à coups de couteau et d’armes à feu par les miliciens du Myanmar.

 

"On avait entendu des rumeurs, mais on ne pensait pas que des soldats viendraient nous attaquer, on n’avait rien fait de mal."
Rohingya Refugee crisis in Bangledesh
Humaira Begum
Cox’s Bazar, Bangladesh

Nous habitons dans l’État de Rakhine depuis de très nombreuses années. Un matin, des soldats sont arrivés très tôt, alors qu’il faisait encore nuit. Ils ont encerclé le village et ont brûlé toutes nos maisons. Ils ont tout pris et nous criaient de partir, d’aller n’importe où mais de ne jamais revenir parce que nous n’étions pas chez nous. J’ai vu les enfants de mes amies se faire battre jusqu’à ce qu’ils cessent de bouger. J’ai vu des jeunes filles et des femmes se faire déshabiller et emmener dans les champs par des soldats. Je ne sais pas ce qu’elles sont devenues, mais elles ne sont pas revenues, carelles ne sont pas ici. Le mari de ma sœur a été battu et dévalisé par des soldats. Ils ont pris de l’or et de l’argent, alors nous sommes partis sans rien. Mon oncle et mes voisins sont morts, je les ai vus, gisant au sol dans beaucoup de sang.

Nous nous sommes enfuis dans la jungle, où nous nous sommes cachés près de dix jours. Il pleuvait sans arrêt et nous n’avions que du riz à manger. Nous pensions constamment que les soldats reviendraient. Nous pensions que la fin du monde était arrivée sous cette pluie. J’ai voyagé avec ma sœur, enceinte de neuf mois. Nous ne savions pas où aller, ça m’a brisé le cœur. Elle a accouché dans le camp juste après notre arrivée. Le bébé allait bien au début, mais ma sœur est tombée malade parce qu’on avait tant marché, sans se reposer. Maintenant, le bébé s’affaiblit parce que ma sœur ne peut pas l’allaiter et qu’elle n’est pas bien dans sa tête. 

 

"Ma soeur n’est plus comme avant. Elle ne peut pas manger beaucoup et son état s’aggrave tous les jours."
Rohingya Refugee crisis in Bangledesh
Humaira Begum
Cox’s Bazar, Bangladesh

La vie dans le camp est trop dure. Tout est sale. Ma petite fille a beaucoup de troubles gastriques aussi. Elle est faible et elle s’amaigrit. Elle ne rit pas autant qu’avant. Elle ne fait pas confiance aux inconnus. Mais elle aime venir ici au centre pour jouer avec les autres enfants.

Ici, à la clinique, j’ai appris comment préserver l’hygiène de notre mieux et l’importance de l’allaitement pour l’avenir d’un bébé. D’autres femmes et filles enceintes qui viennent d’accoucher sont également examinées régulièrement par les infirmières. Elles nous racontent comment ça s’est passé et comment mieux gérer la situation. Je prie jour et nuit pour pouvoir allaiter mon bébé moi-même. Nous avons un repas chaud tous les matins et l’après-midi. Alors je ne suis pas aussi maigre que quand je suis arrivée et quand mon bébé naîtra, je pense qu’elle aura peut-être une chance. Je veux seulement faire de mon mieux pour elle. Sans l’aide que je reçois ici, je ne peux même pas imaginer comment on aurait survécu. Je préfère ne pas penser à ce qu’il se serait passé. »

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