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IMG_20220428_110241_991 © Action contre la Faim Cameroun

Témoignages

Cameroun

La santé mentale des mères joue sur la malnutrition des enfants

A 33 ans, Maman Ali, sa famille et sa fillette de 24 mois ont été forcées de quitter leur maison à Guirvidik suite au conflit intercommunautaire qui a éclaté au mois de novembre 2021 à Logone Birni dans la région de l’Extrême-Nord. Alors que l’enfant est atteinte d’une malnutrition aiguë sévère appelée « kwashiorkor » associé à un paludisme, elles sont installées dans le site des déplacés du département voisin le Mayo Danay. Cette crise a engendré de nombreux déplacements dans la zone soit 36 271 personnes déplacées internes au Cameroun et 43 498 réfugiés au Tchad selon un rapport d’OCHA sur la crise du Logone Birni de janvier 2022.

Eprouvée par la fuite, Maman Ali rencontre de plus des difficultés dans son foyer ce qui influence et limite l’accès régulier de son enfant à une alimentation de qualité et en quantité suffisante. Ces difficultés que rencontre Maman Ali ont eu un impact sur la santé de son enfant, qui a commencé à gonfler et à développer des œdèmes. Face au mauvais état de santé de sa fille, Maman Ali s’est tout d’abord tournée vers les tradipraticiens sans succès. C’est alors que des mamans du village lui ont conseillé d’amener sa fille en consultation dans la clinique mobile d’Action contre la Faim.

Le 25 janvier 2022, maman Ali s’est présentée avec sa petite fille auprès des professionnels de santé de la clinique mobile d’Action contre la Faim. Les animateurs ont pris tous les mesures anthropométriques de température, de poids, de taille, des œdèmes, et du périmètre brachial. Après l’examen clinique complet, l’infirmier a posé le diagnostic d’un kwashiorkor avec un paludisme associé. Maman Ali a également bénéficié des entretiens individuels avec le service de santé mentale de la clinique mobile. Vu la gravité du diagnostic, et ne pouvant assurer la prise en charge en ambulatoire, l’enfant et sa mère ont été immédiatement transférés au Centre Nutritionnel Thérapeutique Intégré (CNTI) de l’hôpital de district de Bogo, où des soins appropriés lui ont été administrés.

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© Action contre la Faim Cameroun
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Six jours après leur sortie du Centre, la mère s’est présentée à la clinique mobile pour le suivi de sa fille munie de son carnet de sortie. Elle était cette fois en phase de rémission avec un bon appétit.

Durant 35 jours, le couple mère-enfant (Maman Ali et sa fille) a été suivi par l’équipe de la clinique mobile d’Action contre la Faim, et a bénéficié d’un soutien psychosocial et d’une thérapie pour le renforcement du lien mère-enfant. Dans le cadre de l’appui psycho-social, maman Ali a fait part de ses inquiétudes en rapport avec l’état de santé de son enfant, de la polygamie de son époux et de la relation conflictuelle qu’elle entretenait dans son foyer avec la seconde femme de ce dernier. Elle a aussi fait part à l’équipe de son appréciation des entretiens individuels : « certains construisent les abris, d’autres distribuent les couvertures et bien d’autres choses qui sont aussi importantes. Mais vous, vous nous apportez la santé et la tranquillité d’esprit, chose que je ne pensais pas importante. En échangeant avec vous, je me rends compte de l’importance de la santé et mieux encore de la tranquillité. Je peux comprendre maintenant la situation de ma fille et je suis mieux outillée pour pouvoir l’aider à retrouver sa santé ».

La sensibilisation sur la santé mentale et les séances de psychoéducation et de soutien psychosocial spécifique ont porté fruit : « à présent, je m’occupe mieux de mon enfant, les soins apportés à mon enfant ont nettement changé, je joue bien avec elle, je lui apporte mon attention… » ajouta Ali.

Lors des entretiens avec Madame Ali, elle connaissait un trouble du sommeil causé d’une part par l’état de santé de son enfant dont elle se sentait coupable, et d’autre part à cause de la polygamie de son mari. En suivant le protocole d’urgence en Santé mentale soutien psychosocial et pratique des soins, les séances de relaxation et de renforcement du lien mère-enfant ont permis à Ali d’améliorer la qualité de son sommeil, sa perception de la maladie de son enfant et sa relation avec les autres.

Cette prise en charge holistique et intégrée de la santé mentale dans le cadre d’une gestion médicale de la malnutrition a favorisé l’amélioration du bien-être global de Ali et a permis une bonne prise en charge de son enfant qui est sortie guérie du programme de Prise en Charge Intégrée de la Malnutrition Aiguë Sévère (PCIMAS) après 42 jours. Lors des derniers entretiens effectués avec Ali, elle conclut en disant : « Je n’avais aucune connaissance sur la santé mentale et la malnutrition, grâce à Action contre la Faim, j’ai pu aider mon enfant, et moi également je me sens épanouie dans mon foyer malgré le traumatisme subi. Merci à Action contre La Faim ».

En réponse aux déplacements massifs, Action contre la Faim à travers son Mécanisme de Réponse Rapide (RRM) et son projet intitulé : « Aide d’urgence multisectorielle dans les domaines de l’hébergement, de la nutrition et de la santé, ainsi que de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène pour la population touchée par la crise dans le bassin du lac Tchad au Nigéria et au Cameroun » a déployé des actions visant à la réduction de la morbidité et de la mortalité des populations déplacées et vulnérables dans les Départements du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga par le déploiement d’une clinique mobile pour apporter aux communautés des soins de santé primaire et en santé mentale de proximité et de qualité, parallèlement à une réponse en Eau, Hygiène et Assainissement, en abris et en sécurité alimentaire.

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