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@Action contre la Faim Cameroun

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Cameroun

EVALUATION PARTICIPATIVE DES CHAMPS ECOLES PAYSANS AGRO ECOLOGIQUES, GENRES ET CLIMATO SENSIBLE

La région de l’Extrême-Nord du Cameroun est confrontée à de nombreux facteurs qui entravent son développement et la placent parmi les régions les plus pauvres du pays. Parmi ces facteurs figurent les normes de genre qui limitent la participation des femmes dans les activités de production. De plus, il y a une insuffisance des services sociaux de base tels que l’eau, la santé et l’éducation. Les conflits communautaires et les attaques des groupes armés non étatiques accentuent également le niveau de pauvreté des communautés.

Selon les résultats du cadre d’analyse harmonisé de septembre 2024, 39% de la population de l’extrême Nord devrait être confrontée à l’insécurité alimentaire aiguë (phase 3+) durant la période de juin à août 2025, soit 84% de plus qu’en septembre 2024. L’insécurité alimentaire et nutritionnelle est exacerbée par la perte en vies humaines et de moyens de subsistance causée par les actions des groupes armés, les conflits intercommunautaires, les aléas climatiques et les catastrophes naturelles. Entre juin et août 2024, la région de l’extrême Nord a connu des précipitations proches de la moyenne historique (400-500 mm), dont la répartition inégale dans le temps a provoqué de graves inondations selon l’Observatoire national du changement climatique – bulletin climatique juin, juillet et août 2024.

Pour remédier à cette situation, Action contre la Faim met en œuvre des initiatives visant à promouvoir des pratiques agro écologiques résilientes, durables et respectueuses de l’environnement dans la région. L’approche Champs Ecoles Paysans (CEP) est utilisée pour renforcer la capacité des agriculteurs à analyser leurs systèmes de subsistance, à identifier les contraintes et à tester des solutions agro écologiques adaptées. Action contre la Faim et ses partenaires mènent également des actions de plaidoyer auprès des acteurs locaux, y compris les autorités administratives, techniques, traditionnelles et la société civile, en faveur d’une agriculture climato-sensible, durable et respectueuse de l’environnement.

Le projet « Confluences » financé par l’Agence Française de Développement (AFD) a pour objectif de contribuer à la sécurité nutritionnelle dans la région de l’Extrême-Nord. Ce projet vise à renforcer la production de connaissances et à capitaliser les expériences pour mieux orienter les interventions d’Action contre la Faim.

Ainsi, l’étude réalisée vise à orienter ses interventions et plaider en faveur de l’intégration du genre et du changement climatique dans la promotion des techniques agro écologiques.

Une volonté accrue d’appropriation des pratiques agro-écologiques malgré d’énormes défis.

Dans l’Extrême-Nord du Cameroun, les activités des CEP sont centrées sur des thématiques d’apprentissage et l’environnement de travail, principalement tenues sur une base hebdomadaire, assurant ainsi une continuité dans l’apprentissage des techniques agro écologiques. L’une des forces est la vulgarisation des pratiques agro-écologiques et l’inclusion des genres dans les activités.

Plusieurs techniques agro-écologiques ont été vulgarisées par Action contre la Faim. Les techniques les mieux connues incluent l’utilisation des semences améliorées, le compostage, les amendements organiques, et la production de bio pesticides. La diversification de la production agricole et l’utilisation des urines humaines comme engrais liquide sont également bien connues des participants. L’on compte aussi, les techniques de gestion durables et de l’utilisation des terres telles que le zaï, diguettes, conservation de l’humidité intégrée ; les techniques de Gestion Intégrée des pestes et des prédateurs ; et enfin l’utilisation des semences adaptées aux changements climatiques. En ce qui concerne l’’accès aux prévisions climatiques par les participants, celui-ci constitue une contrainte, avec seulement 10% des producteurs recevant des informations sur les prévisions et parmi ceux-ci 20% les utilisent dans la planification des activités de semis.

Les résultats montrent une bonne adoption des techniques, avec 76% des techniques adoptées. Cependant, 24% des techniques sont encore sous-utilisées, souvent en raison du manque de compétences, de ressources financières, et de la peur des risques. Pris par catégorie de genre, l’évaluation a révélé que :

  • Les femmes montrent une adoption plus forte des pratiques par rapport aux hommes.
  • Les jeunes sont plus enclins à adopter les techniques que les personnes âgées.
  • Les personnes en situation de handicap rencontrent des défis significatifs à l’adoption des pratiques.
  • L’adoption varie d’une commune à l’autre.

 

Une intégration appréciable du genre et du climat dans la promotion des pratiques agro écologiques

 

Les CEP montrent une forte implication des femmes, qui représentent 77% des participants et occupent 80% des postes de responsabilité. La participation des hommes est moindre, avec 23% des participants et 20% des postes de responsabilité. Les personnes en situation de handicap et les personnes âgées sont faiblement représentés.

Les femmes ont un accès légèrement supérieur aux ressources par rapport aux hommes, reflétant les efforts d’inclusion des projets. Les ressources clés incluent les semences, la terre, les intrants, le matériel agricole, les ressources financières et des autres ressources non spécifiées. Les défis incluent des retards dans la livraison des semences et l’accès limité aux ressources financières en particulier au crédit.

Les incidents de violences basées sur le genre dans les CEP sont rares. Les types de violences analysées incluent les disputes physiques, le harcèlement, et la violence psychologique. Toutefois, des mécanismes de protection, tels que des règles de conduite claires existent pour les groupes qui ne disposent pas des Règlements Intérieurs, et des lieux sûrs pour les séances sont recommandés pour améliorer la sécurité. Il est noté également qu’Action contre la Faim promeut les règles de conduite déjà existant au sein de l’organisation et dont les facilitateurs et certains relais en sont sensibilisés.

La participation aux CEP a significativement amélioré le leadership et le pouvoir des femmes, avec 67% des participantes notant un renforcement de leurs compétences en leadership et une influence accrue dans les décisions communautaires.

 

Les bénéfices de ces techniques agro écologiques

 

Les CEP offrent des formations techniques sur des pratiques agricoles durables, augmentant la productivité des cultures et la confiance en elles des femmes. Ces formations leur donnent également accès à des informations essentielles sur les meilleures pratiques agricoles, les marchés et les technologies. Grâce à ces techniques, 57% des femmes ont observé une augmentation de leur production et de leurs revenus, renforçant ainsi leur autonomie financière et contribuant à réduire les inégalités de genre dans le secteur agricole, avec un impact sur leur environnement social.

L’adoption des techniques vulgarisées par les CEP a permis d’améliorer la résilience alimentaire des participants. 56,56% d’entre eux observe une augmentation de leur production agricole et de leurs revenus, et 42,90% notant une stabilité malgré les difficultés climatiques. Seulement une infime minorité a signalé une diminution. Sur le plan nutritionnel, les techniques agro écologiques ont eu un impact positif sur la santé des sols et la qualité des produits récoltés, favorisant une diversification de l’alimentation et une production durable. L’utilisation de certaines variétés traditionnelles ou locales adaptées aux conditions locales a également renforcé la sécurité alimentaire. Par contre, on observe que le mélange génétique conduit à l’inefficacité de la majeure partie des variétés.

 

Des recommandations pour une meilleure intégration du genre et du climat dans les CEP agro écologiques

 

  • Il est crucial de proposer des sessions de formation inclusives, adaptées aux besoins locaux spécifiques des femmes et des hommes, avec des horaires flexibles et des services de garde d’enfants pour une participation plus large des femmes.
  • La création de fonds d’appui spécifiques pour les projets d’adoption des techniques menés par les femmes encouragerait leur engagement et leadership dans les activités agro-écologiques.
  • La digitalisation des CEP, par le biais d’une plateforme numérique, permettra aux agriculteurs d’accéder à des informations précieuses pour améliorer leurs pratiques.
  • L’introduction de variétés performantes et de l’agroforesterie renforcera la résilience des CEP face aux défis climatiques, augmentant la productivité et soutenant des pratiques durables bénéfiques à long terme pour l’environnement.
  • Des efforts sont nécessaires pour améliorer la prise en compte des prévisions climatiques et l’accès à l’information climatique pour les agriculteurs.
@Action contre la Faim Cameroun

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