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RDC © Guillaume Binet / MYOP
pour Action contre la Faim

Communiqués de presse

République démocratique du Congo

360 000 personnes ont besoin d’aide humanitaire en Ituri

Cinq mois après la résurgence de violences épouvantables, et en raison de conditions de vie déplorables dans la région, des maladies pourtant évitables, comme la rougeole, le paludisme, la polio tuent de nombreuses personnes chaque jour, comme alertent aujourd’hui 11 organisations, dont Oxfam, actives sur le terrain.

La majorité des personnes déplacées vivent dans des familles d’accueil vulnérables, des communautés déjà pauvres, disposant de ressources faibles voire inexistantes. D’autres vivent à l’étroit dans des églises et des écoles, ou tentent de survivre dans des camps de fortune surpeuplés, où parfois 500 personnes doivent partager une seule toilette.

La situation empire chaque jour pour des personnes qui parfois sont contraintes de boire de l’eau souillée porteuse de maladies potentiellement mortelles, dorment à même le sol dans des abris précaires. Ce contexte augmente de manière exponentielle le risque pour les femmes et filles d’être victimes de violences sexuelles.

La réponse en Ituri et au Congo est extrêmement limitée du fait du manque de fonds : 10 mois de l’année 2019 écoulés mais la RD Congo n’a reçu que 35 % des fonds nécessaires dans un pays où 15,6 millions de personnes sont touchées par une grave insécurité alimentaire.

Situation instable en Ituri depuis mai

Depuis mai dernier, des centaines de personnes ont été tuées au cours d’agressions d’une violence inouïe perpétrées par des hommes armés dans les territoires de Djugu et de Mahagi. Plus de 360 000 personnes ont été contraintes de fuir pour sauver leur vie, abandonnant leurs maisons à la folie destructrice des assaillants.

Une villageoise, Marie*, témoigne de l’horreur qu’elle a vécue : « Ils sont arrivés à 10 heures du matin. Certains tiraient des coups de feu en l’air, tandis que d’autres coupaient la tête des gens avec des machettes et des couteaux. Ils ont encerclé le village et brûlé toutes les maisons. Ils ont décapité mes enfants et ma mère aussi. C’est un miracle que j’aie réussi à m’échapper. »

La recrudescence de la violence, dont les causes sont multiples et complexes, a ravivé les tensions existantes entre les différentes communautés, avec des conséquences néfastes. Les habitant-e-s ne peuvent plus se rendre au marché, de peur d’être attaqué-e-s.

Course contre la montre avant la période de soudure

Beaucoup de villageoises et de villageois étaient sur le point de faire leurs récoltes mais ont été contraints d’abandonner leurs champs à cause des violences. Dans une économie rurale, cela revient à perdre à la fois leur source d’alimentation et leur source de revenus.

De plus, la situation ne cesse de se détériorer à l’approche de la période de soudure : les prix de certains aliments ont d’ores et déjà doublé, condamnant encore plus de personnes à souffrir de la faim. Près de la moitié de la population de la zone touchée est confrontée à un état d’urgence alimentaire.

Comme l’affirme Corinne N’Daw, directrice pays Oxfam en RD Congo : « La situation est catastrophique. De nombreux enfants souffrent de malnutrition. La plupart des gens ont tout perdu et ont été témoins des pires atrocités. Maintenant ils sont confrontés à un terrible dilemme : se retrouver sans rien à manger ou risquer leur vie en retournant dans leurs champs. »

Étant donné que la population est dispersée sur de grandes distances dans des régions reculées, il est extrêmement difficile de venir en aide à toutes les personnes qui en ont besoin.

Des besoins loin d’être atteints en 2019

Aucune leçon n’a été tirée de la précédente crise de 2018, lorsque le manque de fonds et l’insécurité rampante avaient empêché les organisations humanitaires de venir en aide à toute la population qui en avait besoin.

« Ce nouveau déplacement de grande ampleur affecte des personnes qui avaient déjà bien du mal à se remettre des précédentes flambées de violence. Nombre d’entre elles ont été forcées de fuir plusieurs fois, devenant de plus en plus vulnérables chaque fois qu’elles sont déracinées de leur foyer et de leur communauté. Elles n’ont d’autre choix que de laisser tous leurs biens et leurs moyens de subsistance derrière elles. » a déclaré Maureen Philippon, directrice pays du Norwegian Refugee Council en RD Congo.

"Les agences d’aide n’ont pas été capables d’atteindre tout le monde l’année dernière à cause de l’insécurité mais également du manque de fonds disponibles pour financer la réponse humanitaire. Nous faisons aujourd’hui malheureusement face aux mêmes défis"
Benjamin Vienot
représentant d’Action contre la Faim, République Démocratique du Congo

 


Notes aux rédactions :

  1. Prénoms modifiés pour préserver l’anonymat
  2. La déclaration conjointe a été signée par 11 ONG actives en RDC : Action contre la faim, AVSI, Danish Refugee Council, Intersos, Mercy Corps, Norwegian Refugee Council, Oxfam, Solidarités International, Tearfund, Trócaire et Welthungerhilfe.
  3. Dernière données du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) pour la RD Congo, publiées en août 2019 : http://www.ipcinfo.org/ipc-country-analysis/details-map/en/c/1152131/
  4. Le nombre de personnes tuées en Ituri fait toujours l’objet de discussions et aucun chiffre définitif n’a encore été arrêté. Le Bureau conjoint pour les droits de l’homme a enregistré 117 décès en deux jours les 10 et 11 juin dans le territoire de Djugu et à Mahagi. Cependant, selon les estimations des autorités locales, le nombre de victimes s’élèverait à au moins 460. Ces chiffres ne tiennent pas compte des meurtres qui ont été commis depuis lors, ni des attaques qui se sont produites fin mai 2019 à la frontière entre Djugu et Mahagi sur le lac, dans lesquelles la société civile à Ramogi estime que plus de 150 personnes ont trouvé la mort.

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