12 ans après le début du conflit

Avant même les tremblements de terre de février dernier, 90 % de la population syrienne vivait en dessous du seuil de pauvreté.  Il y a deux ans, la pire sécheresse depuis 1950  a décimé la production agricole et montré la gravité de la crise de l’eau dans le pays, ainsi que les effets du changement climatique. Mais à la suite des tremblements de terre, le risque d’une insécurité alimentaire généralisée en Syrie a grimpé en flèche. Action contre la Faim travaille dans le pays avec des programmes de prévention de la faim en rétablissant les services vitaux de santé, de nutrition, d’eau, d’assainissement et d’hygiène.

« Nous sommes vraiment des personnes vulnérables qui ont besoin de tout pour vivre à nouveau comme des humains« , souligne Abu, un homme d’une quarantaine d’années qui vit avec sa femme et ses quatre enfants dans un petit village. Il fait partie des personnes qui sont rentrées chez elles. Lorsqu’ils sont retournés dans leur village, ils ont découvert que tout ce qu’ils avaient chez eux avait été volé : « Nous n’avons qu’un réservoir endommagé que nous utilisons pour stocker l’eau que nous achetons au camion chaque semaine ».

Aujourd’hui, il espère pouvoir recommencer sa vie en pratiquant l’agriculture. « Honnêtement, cette maison n’est pas la mienne, elle appartient à un membre de ma famille, mais nous vivons ici parce que notre maison est détruite et que nous pouvons la réparer pour le moment. Nous n’avons pas besoin d’aide, nous avons juste besoin de notre terre. Si nous parvenons à planter notre terre, vous reviendrez après un an et vous verrez que tout est réparé« , dit-il. La famille espère toujours reconstruire sa vie dans le village.

Douze ans plus tard, près de sept millions de Syriens à l’intérieur du pays sont déplacés, fuyant le conflit et incapables d’accéder à des produits de base tels que la nourriture, le logement, l’eau et l’assainissement, l’hébergement, les services de santé de base ou le travail.

C’est le cas de Reem, une fillette vivant dans une zone rurale du nord de la Syrie, et de sa famille. « J‘ai sept ans et je ne suis jamais allée à l’école. Je devrais être en deuxième année, mais l’année dernière, nous avons déménagé dans un autre village et cette année, l’école a brûlé. » L’école de son village était utilisée pour stocker des munitions avant d’être détruite. C’était le dernier établissement d’enseignement disponible dans la région.

En Syrie, les services de base et les autres infrastructures endommagées sont sur le point de s’effondrer, ce qui fait qu’un tiers de la population a moins de deux heures d’électricité par jour. En outre, les pénuries de carburant, les fluctuations monétaires et la hausse de l’inflation érodent le pouvoir d’achat de la population : on estime que 75 à 80 % des ménages ne disposent pas d’un revenu suffisant pour couvrir leurs besoins de base.

Action contre la Faim continue de fournir une réponse multisectorielle qui comprend l’aide aux agriculteurs et aux familles par la formation et le soutien à des activités génératrices de revenus, la réparation et l’équipement d’installations sanitaires, l’expansion des cliniques mobiles et des réseaux de santé communautaires, et l’amélioration de l’accès à l’eau potable par la réhabilitation des infrastructures d’eau et d’assainissement.

En outre, nos équipes ont été mobilisées pour apporter une réponse immédiate et soutenue à l’épidémie de choléra, qui est réapparue dans le pays après 13 ans, ainsi qu’à l’urgence consécutive aux tremblements de terre de février dernier. Au total, l’année dernière, Action contre la Faim a soutenu directement plus de 800 000 personnes dans le pays.