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© Rimsha Zain pour Action contre la Faim

Les inondations au Pakistan plongent la population dans l’incertitude et la précarité

Depuis juin, le Pakistan fait face à une catastrophe climatique sans précédent. Des inondations massives ont tout emporté sur leur passage : vies humaines, maisons, infrastructures essentielles et routes.

Un grand nombre de personnes a été pris au piège, incapables de quitter l’épicentre des événements. Aujourd’hui, l’inquiétude majeure concerne les provinces du Sindh et du Baloutchistan, les plus touchées par les inondations, où 1,6 million d’enfants pourraient souffrir de malnutrition aiguë sévère et nécessiter une prise en charge d’urgence (UNICEF).

Près de 33 millions de personnes sont touchées par les inondations les plus dévastatrices dans l’histoire du Pakistan. Les préoccupations en matière de santé publique sont vives en raison des infrastructures endommagées, des eaux stagnantes et des installations sanitaires inadéquates. Dans le Sindh, où Action contre la Faim mène des interventions en matière de santé, d’eau, d’assainissement, d’hygiène, de nutrition et de sécurité alimentaire, 59 établissements de santé sont entièrement endommagés et 461 le sont partiellement, ce qui limite encore l’accès aux soins de santé primaires. Les mamans, comme Mabeen, sont nombreuses à venir aux centres de santé pour soigner leurs enfants.

Action contre la Faim gère 8 centres de stabilisation nutritionnelle dans les zones touchées par les inondations de la province de Sindh, où les traitements vitaux sont gratuits pour les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère avec complications. Les équipes médicales à Tando Muhammad Khan constatent une augmentation importante du nombre de patients par rapport à la même période de l’année dernière.

Avant, nous recevions 25-30 patients par jour, mais maintenant le nombre atteint 45 et parfois 55
Ghulam RASOOL
Sindh, Pakistan

“ Les récentes inondations ont contaminé l’eau, il y a une augmentation exponentielle des cas liés à la diarrhée et aux vomissements dans notre clinique ”, Ghulam RASOOL, responsable du centre de stabilisation nutritionnelle dans le Sindh.

Même si l’intensité des pluies a considérablement baissé, une grande partie du sud du pays reste inondée. Les eaux stagnantes ont entraîné des terrains de reproduction favorables aux moustiques, ce qui a provoqué une épidémie de paludisme dans 32 districts à travers le pays. Les équipes d’Action contre la Faim ont distribué des kits d’urgence dans les districts de Badin et Thatta dans le Sindh, contenant chacun un bidon, un récipient d’eau, des savons, des tablettes de purification d’eau avec des moustiquaires pour répondre rapidement aux besoins immédiats.

“ Dans le village, l’eau s’est accumulée après les pluies et a augmenté le nombre de moustiques. Ils provoquent des maladies et nous utilisons des serpentins pour les éloigner, mais cela n’aide pas beaucoup. Par conséquent, de nombreux enfants et adultes ont contracté le paludisme. ”, Laila, habitante du village Aage din Gah dans le Sindh.

Des camps de fortune se sont formés le long des routes principales, en raison de leur position en hauteur, où de nombreux habitants partagent des abris. Parmi les besoins les plus importants figurent le logement, l’accès à l’eau potable et la nourriture. L’eau stagnante demeure et rend impossible la réhabilitation ou la construction de nouvelles habitations, et l’incertitude plane sur les perspectives de récoltes d’hiver lors de la saison des moissons au printemps. La majorité des personnes déplacées vivant dans des abris temporaires n’ont nulle part où aller, puisque les champs sont encore humides et leurs maisons détruites. Pire encore, beaucoup d’entre elles devront faire face à des températures basses dans les mois à venir. Les efforts humanitaires doivent être mobilisés pour apporter le meilleur soutien aux personnes vulnérables. Depuis septembre, Action contre la Faim a distribué 41.000 de kits d’urgence aux populations affectées dans les provinces du Sindh et du Baloutchistan, et continue à apporter son soutien aux centres de santé dans les zones rurales.

LA DOUBLE PEINE POUR L’AGRICULTURE LOCALE

Les agriculteurs et les communautés rurales sont confrontés à des impacts importants dus aux inondations. La FAO estime que quelque 9,4 millions d’acres de cultures au Pakistan ont été inondés en août. Selon leur rapport, la plupart des principales cultures comme le coton, la canne à sucre, les légumes, les cultures fourragères et les vergers ont été fortement touchées par les inondations. Confrontés depuis de nombreuses années à la salinité des sols importante, les agriculteurs n’ont pas été en mesure de mener bon nombre de leurs activités agricoles régulières à cause de l’eau stagnante dans les champs. Presque 1 million de têtes de bétail auraient été tuées, une source importante d’aliments nutritifs pour les ménages ruraux. Cela représente un défi majeur pour la sécurité alimentaire du pays, la capacité des ménages à se nourrir et à ne pas s’écrouler sous les dettes.