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Des cliniques mobiles au plus près des personnes vulnérables dans le Logone et Chari
Le département du Logone-et-Chari, dans l’Extrême-Nord du Cameroun, est l’une des zones les plus touchées par les crises humanitaires liées aux conflits, aux déplacements de populations et aux catastrophes naturelles.
Dans cette région frontalière avec le Tchad et le Nigeria, l’accès aux services sociaux de base – notamment la santé, la nutrition, la santé mentale et l’eau, l’hygiène et l’assainissement – reste extrêmement limité.
Depuis le 1er juin 2025, Action contre la Faim a relancé ses activités dans les districts sanitaires de Kousseri et de Goulfey. Cette reprise s’inscrit dans le cadre d’une extension sans coût du projet d’urgence initial, pour une durée de quatre mois.
L’objectif global de cette intervention est de réduire la morbidité et la mortalité liées à la malnutrition aiguë et aux maladies évitables, tout en améliorant le bien-être psychosocial des populations les plus vulnérables. L’une des approches clés de cette stratégie est la mise en place de cliniques mobiles, véritables unités de soins itinérantes.
Cliniques mobiles : rapprocher les soins de santé des populations
Dans un contexte où les structures de santé sont rares, éloignées ou surchargées, les cliniques mobiles représentent une réponse appropriée aux besoins des communautés isolées. Elles permettent d’atteindre rapidement les personnes déplacées, les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes ou allaitantes et les familles d’accueil vivant dans des zones difficiles d’accès.
La première clinique mobile a été déployée le jeudi 19 juin 2025 à l’Afadé (zone de déplacés internes), une localité du Logone-et-Chari. La clinique fournit des soins de santé primaires, effectue des dépistages nutritionnels et réfère les cas de malnutrition aiguë à des centres de traitement spécialisés. Les enfants souffrant de malnutrition ont ainsi pu bénéficier d’un traitement précoce, ce qui augmente considérablement leurs chances de survie.
Les cliniques mobiles sont constituées d’équipes pluridisciplinaires composées d’infirmières, de sages-femmes, d’agents de santé communautaires et d’agents psychosociaux. Ces équipes fournissent non seulement des soins médicaux, mais aussi une éducation à la santé, une sensibilisation à l’hygiène et un soutien psychologique.
Une réponse intégrée : santé, nutrition, santé mentale et WASH
Les cliniques mobiles font partie d’une approche intégrée combinant la santé, la nutrition, la santé mentale et le soutien psychosocial (MHPSS), ainsi que l’eau, l’hygiène et l’assainissement (WASH).
En santé et nutrition, les enfants sont systématiquement soumis à un dépistage de la malnutrition aiguë modérée (MAM) ou de la malnutrition aiguë sévère (SAM). Si nécessaire, ils sont orientés vers des centres de traitement. Des consultations médicales sont également proposées pour les maladies courantes (paludisme, infections respiratoires, diarrhée), ainsi que des médicaments essentiels.
Dans les situations de crise, la souffrance invisible est souvent la plus grande. C’est pourquoi Action contre la Faim inclut dans ses cliniques mobiles des séances de soutien individuel ou collectif. A ce jour, 83 agents communautaires ont été formés à l’identification des signes de détresse psychologique et 4 cas de protection ont été référés aux services appropriés.
Aussi, les équipes profitent des visites des cliniques pour organiser des séances de sensibilisation à l’hygiène, distribuer des kits d’hygiène appropriés (savon, jerrycans, seaux, aqua-tabs, gobelets, etc.) et identifier les besoins de réhabilitation de points d’eau ou de construction de latrines.
Impact et perspectives
Bien qu’encore limité dans le temps, l’impact de cette stratégie mobile est déjà visible. Cette approche flexible et réactive permet aux équipes de répondre efficacement aux besoins d’une population souvent oubliée. Elle permet également de renforcer les capacités locales en travaillant en étroite collaboration avec les autorités sanitaires et les relais communautaires.
Action contre la Faim prévoit d’intensifier ces interventions mobiles dans d’autres zones prioritaires identifiées dans le Logone-et-Chari pendant la saison de soudure, en adaptant la fréquence des visites aux besoins spécifiques de chaque localité. L’organisation continue également d’appeler à un soutien plus fort pour étendre cette réponse au-delà de l’extension actuelle.
“Avant l’arrivée de la clinique mobile, je devais marcher plus de 15 kilomètres pour amener mon fils malade au centre de santé. Maintenant, les soins viennent à nous. Mon enfant a été soigné pour une forte fièvre et j’ai reçu des conseils pour éviter la malnutrition.” Aïssatou¹
[1] Aissatou est un pseudonyme pour préserver l’anonymat.