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IQ_Baraa (1) © Action contre la Faim Iraq

À la Une

Irak

Surmonter le traumatisme de l’après-guerre en Irak

Au cours des deux dernières décennies, de nombreux Irakiens ont été confrontés à des problèmes de protection et de santé mentale en raison d’évènements difficiles, de violations des droits de l’homme, de la perturbation de leurs réseaux sociaux, de la perte de leurs biens et de conditions de vie difficiles. Près d’un cinquième des personnes déplacées qui vivent en dehors des camps ont indiqué souffrir de détresse psychosociale, ce qui les empêche de vivre normalement¹. En plus de la difficulté à trouver des sources de revenus, les communautés déplacées continuent de subir des pressions psychologiques, sociales et mentales. Pourtant, le soutien en santé mentale reste insuffisant. En effet, la plupart des centres de santé ne fournissent même pas ce genre de services, et les agents de santé ne sont pas toujours formés en santé mentale. Des lacunes qui sont principalement dues au manque d’investissements publics dans les services de santé mentale et la formation de professionnels qualifiés, ainsi qu’à la stigmatisation et aux idées reçues sur les problèmes de santé mentale.

 

 

UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D’EXPERTS EN SANTÉ MENTALE

 

En 2022, Action contre la Faim a lancé un programme de renforcement des capacités pour combler les lacunes des soins de santé mentale en Irak. L’objectif est d’aider les personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale ou psychosociaux à accéder à un traitement de qualité.

Baraa, 30 ans, travaille pour la Direction de la Santé de Ninive en tant que responsable de laboratoire. Elle a suivi l’une des formations organisées par Action contre la Faim sur mhGAP, un programme recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé pour développer les services liés aux problèmes de santé mentale, aux troubles neurologiques et à l’usage de drogue. Baraa explique qu’à Mossoul, les nombreuses personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale sont confrontées à des difficultés pour recevoir le bon diagnostic et accéder aux soins adéquats dans les centres de soins de santé primaires. Ces personnes luttent chaque jour contre des symptômes de dépression, d’épilepsie et autres en raison de traumatismes non traités ou mal traités. Pourtant, selon le personnel de la Direction de la Santé, l’accès à des services de santé mentale et à un soutien psychosocial à Mossoul reste insuffisant : « Avant de rejoindre le programme mhGAP d’Action contre la Faim, je ne connaissais pas grand-chose au soutien psychologique et psychosocial, car il n’y avait pas de formations ni de professionnels qualifiés à Mossoul ».

Au cours de la formation, elle a appris à gérer, à conseiller et à superviser les patients, ce qui lui a permis de développer ses compétences en gestion de problèmes de santé mentale et psychosociaux. Elle considère que le programme a eu un impact très positif : « Des unités de santé mentale ont été déployées dans les centres de santé primaires de Ninive, ce qui a facilité l’accès des citoyens aux services de santé mentale et soulagé le personnel médical de ces centres ». De plus, Barra explique que le programme d’Action contre la Faim a permis de sensibiliser les agents de santé aux services et aux problèmes de santé mentale. « Le programme a renforcé les compétences du personnel de santé, ce qui a permis de prendre en charge plus de patients et de leur fournir des services de qualité » explique Baraa.

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© Action contre la Faim Iraq

Iraq 2023

© Action contre la Faim Iraq

Grâce à la formation, Baraa est désormais en mesure d’identifier les problèmes de santé mentale et de fournir un diagnostic, une intervention thérapeutique et un suivi de qualité aux personnes qui en souffrent. « En plus de mon travail habituel, je peux désormais identifier plus facilement les membres de ma communauté qui souffrent de problèmes de santé mentale et de détresse psychosociale », explique-t-elle. Elle est désormais capable d’identifier les différents signes et symptômes de détresse, de mettre en place un protocole de traitement adéquat et d’assurer le suivi des patients. « Nous redirigeons les personnes qui souffrent trop vers un psychiatre, à l’hôpital ». Elle nous parle d’une femme qui souffrait de problèmes de santé mentale : « Elle était étudiante, et sa détresse psychosociale l’empêchait d’obtenir de bons résultats », se souvient Baraa. Elle a utilisé les techniques qu’elle a apprises au cours de la formation mhGAP pour l’aider à surmonter cette situation. Grâce au soutien de Baraa, la jeune femme est très vite devenue l’une des meilleures de sa promotion. « J’étais ravie de voir que son bien-être et sa santé mentale s’étaient améliorés ».

Plus que jamais, Baraa s’engage à tirer le meilleur parti des compétences et de l’expérience qu’elle a acquises au cours de la formation : « Je veux continuer à aider les personnes qui souffrent de différents problèmes de santé mentale ». Toutefois, elle reste lucide et insiste sur le besoin d’investir davantage dans ce domaine. À l’avenir, elle espère que des formations similaires seront dispensées aux agents de santé hommes et femmes de façon à améliorer l’accès à des soins de santé mentale sûrs et inclusifs. L’investissement dans les fournisseurs de services de santé mentale est également important. De plus, elle pense que les obstacles aux revenus stables et à l’emploi peuvent aggraver les problèmes psychosociaux et de santé mentale. Elle considère donc qu’il est primordial d’associer soutien psychosocial et accès à l’emploi afin de résoudre les problèmes de santé mentale de façon durable dans les communautés déplacées d’Irak. « Cela réduira considérablement la propagation de troubles psychologiques ayant des conséquences telles que le suicide, le divorce et la désintégration de la famille ».

Maha, 33 ans, a participé à la formation en santé mentale, soutien psychosocial et protection dispensée par nos équipes. Elle est très active dans l’équipe de bénévoles de sa communauté et a déjà participé à des programmes de soutien financier et de services psychosociaux fournis aux familles déplacées et rapatriées par d’autres organisations humanitaires. En travaillant en tant que bénévole, elle a remarqué que « les problèmes de santé mentale graves sont très courants, mais l’acceptation reste le plus grand défi ». Selon elle, « la stigmatisation de la santé mentale est encore très présente en raison des idées reçues, qui sont très ancrées dans notre communauté et qui finissent par marginaliser les personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale ». Sans accès à des services de santé mentale de qualité, elle déplore le fait que les cas d’automutilation et de violence ne cessent d’augmenter dans la société irakienne. Maha est convaincue que la sensibilisation aux services de santé mentale est essentielle pour mettre fin à la stigmatisation et renforcer l’acceptation des services de santé mentale par la communauté. Elle souligne également la nécessité de fournir des services de santé mentale dans les centres de santé, notamment un soutien psychologique individuel et de groupe.

IQ_Maha
© Action contre la Faim Iraq

Iraq 2023

© Action contre la Faim Iraq

Maha a suivi la formation dispensée par Action contre la Faim sur la santé mentale, le soutien psychosocial, la protection et la redirection vers les services adéquats. Au cours de cette session, elle en a appris davantage sur les risques auxquels sont confrontées les victimes de violence en termes de santé mentale et de protection, tels que l’addiction, la consommation de drogue et le suicide.

« Les compétences et l’expérience que j’ai acquises m’ont permis d’organiser mes propres sessions de sensibilisation dans plusieurs quartiers de Mossoul. J’ai désormais beaucoup plus d’énergie et de connaissances pour sensibiliser les communautés aux problèmes psychologiques et pour les aider à identifier et à soutenir les personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale ». Maha utilise également ce qu’elle a appris au cours de la formation pour aider ses proches : « J’ai partagé les informations que j’ai apprises avec ma famille, mes amis et mon équipe de bénévoles de Mossoul ».

Maha a pu identifier des personnes qui souffraient de problèmes de santé mentale, tels que l’anxiété et la dépression, et les rediriger vers des centres de soins de santé primaires afin qu’elles y reçoivent les soins adéquats. Elle souhaite désormais en apprendre davantage sur le soutien en santé mentale et continue de sensibiliser sa communauté pour mettre fin à la stigmatisation de la santé mentale.

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