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A qui profite l’aide au développement du secteur privé dans les pays en voie de développement ?

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Le récent rapport d’Eurodad, A private Affair[1], attire l’attention sur les Institutions de Financement du Développement (IFD). Les IFD sont les banques chargées de distribuer les fonds d’aide au développement du secteur privé dans les pays en voie de développement et dont les Etats sont les actionnaires majoritaires. Il souligne ainsi que le montant des fonds transitant par ces institutions est en constante augmentation passant de 5 milliards de dollars en 2002 à 40 milliards en 2012 et 100 milliards de dollars prévus pour 2015 (soit l’équivalent des deux tiers de l’Aide Publique au Développement (APD) mondiale).  Alors que le Ministère des Affaires Etrangères affirme mener une diplomatie économique et alors que le projet de loi de finance rectificative pour l’année 2014 votée le 23 juillet 2014 prévoit une réduction de 2.5% soit 72.5 million € de l’enveloppe prévue pour l’APD en 2014, il faut souligner que même si les fonds qui transitent par les IFD et par les agences de développement[2] ont pour destination les pays en voie de développement, ils ne profitent pas de la même manière à ces pays.

 

Une aide bénéficiant principalement au secteur privé du Nord.

 

En ce qui concerne l’aide au secteur privé dans les pays en développement, l’argument le plus souvent avancé est que le développement de ces pays ne peut pas se faire sans la structuration d’un tissu économique et entrepreneurial dynamique et fort. A titre d’exemple, l’IFD française PROPARCO (filiale de l’AFD) se fixe pour mission de « favoriser les investissements privés dans les pays émergents et en développement en faveur de la croissance, du développement durable et de l’atteinte des Objectifs du Millénaires »[3] . De façon générale l’ensemble des IFD ont un mandat recoupant cette mission de promotion du développement via le financement du secteur privé. Il serait alors logique d’attendre que les fonds provenant de ces institutions financières bénéficient au secteur privé des pays en voie de développement et contribuent au renforcement des économies locales. Pourtant, Eurodad constate que seulement 25 % des entreprises bénéficiant des fonds des IFD sont domiciliées dans les pays les moins avancés alors que plus de 50% des financements étaient attribués à des entreprises basées dans les pays de l’OCDE

 

Les IFD, des institutions peux démocratiques souffrant d’un manque de transparence et de redevabilité.

 

Les agences de développement des Etats sont à la fois des établissements bancaires et des établissements publics. De fait, elles sont soumises à un devoir de redevabilité et de transparence. A contrario, les IFD semblent se détacher largement de ces principes. Ainsi Eurodad constate que ces institutions sont presque exclusivement dirigées par les pays riches, principaux actionnaires de ces banques, de ce fait, les pays récipiendaires ne sont pas en mesure d’influencer ces institutions[4]. Il souligne également le manque de transparence et de redevabilité de ces institutions à la fois quant aux impacts des projets financés sur le développement des pays concernés mais aussi concernant l’engagement des sociétés civiles et des communautés impliquées par les projets.

 

 

 

Quid de l’aide au secteur économique local ?

 

Il apparaît ainsi que l’aide au secteur privé des pays en développement bénéficie principalement aux entreprises du Nord via des mécanismes que les pays de destination des fonds ont du mal à s’approprier. Le développement des pays à bas et moyen revenus ne se fera pas sans la consolidation de leur environnement économique et financier. Au regard de l’augmentation constante des fonds engagés par les IFD et la baisse de l’APD il s’agit de rester vigilant à ce que l’aide au développement des Etats du nord reste guidée par des principes de solidarité et non pas seulement par des intérêts économiques visant à assurer leur propre croissance.  

 

C’est bien la question des modalités du financement au secteur privé qui se pose. Les Etats doivent veiller à soutenir des entreprises et des PME locales et à ne pas délaisser les canaux classiques d’aide au développement. Enfin, il est primordial que les mécanismes d’aide au développement du secteur privé permettent la participation des gouvernements et des communautés concernés par les projets et obligent les institutions financières à un exercice systématique de transparence et de redevabilité envers l’ensemble des acteurs engagés.

 

 


[2]En France, il s’agit de l’Agence Française de Développement. 

[4] Ainsi, selon le rapport d’Eurodad, l’African Development Bank est détenue à 60.4% par des pays à haut revenu et à 39.6% par des pays à bas et moyen revenu. L’écart est encore plus frappant pour l’IFC détenue à 71.8% par des pays à haut revenu et à seulement 28.2% par des Etats à moyen et bas revenus.

 

 

 

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