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a_fonquerne_21032013.jpg © Arnaud Fonquerne pour Action contre la Faim

À la Une

Pauline Chetcuti

"La communauté internationale perd patience"

a_fonquerne_21032013.jpg © Arnaud Fonquerne pour Action contre la Faim

Les résultats du vote de la résolution de l’ONU sur le Sri Lanka sont tombés jeudi dernier. Tout au long de la journée, elle vous a fait vivre de Genève les coulisses du vote. Pauline Chetcuti, Référente Plaidoyer Humanitaire d’ACF France, revient pour nous sur cette journée…

Quel est ton sentiment à l’issue du vote ? 

Ce vote est très positif ! Cela prouve qu’il y a un vrai engagement de la part de la communauté internationale pour la défense des droits de l’Homme au Sri Lanka. Mais il montre aussi que le combat n’est pas gagné et que le Sri Lanka a beaucoup d’alliés prêts à soutenir son bilan en matière de droits de l’homme.

  • 25 Etats ont voté pour la résolution, 13 contre et 8 se sont abstenus. Il reste donc des Etats indécis que nous pouvons convaincre. Et parmi les Etats qui ont voté contre, nous savons que certains n’ont pas un bilan en matière de droits de l’homme très satisfaisant… Le Pakistan notamment a critiqué très durement le conseil en disant qu’il agissait en dehors de son mandat !
  • Au final, dans la salle pleine à craquer, le vote était très attendu : on a senti un frémissement lors des résultats. Cela reste une étape significative dans notre combat pour la justice au Sri Lanka.


Cette résolution est-elle aussi forte que tu l’espérais ? 

Non, la résolution n’est pas aussi ferme que nous l’espérions. La résolution, dont les termes ont été remaniés de nombreuses fois et édulcorés avant d’être présentés, n’est pas suffisamment contraignante ; en particulier elle ne permet pas l’ouverture d’une enquête internationale sur les graves violations des droits de l’homme au Sri Lanka.

  • Néanmoins la résolution donne un plus grand mandat au conseil des Droits de l’Homme et s’appuie sur des rapports qui sont très critiques du Sri Lanka. En mars 2014, la résolution sera à nouveau révisée et un nouveau rapport du Conseil des Droits de l’Homme est attendu. On pourrait espérer un document plus fort et contraignant à ce moment-là, si la communauté internationale ne perd pas son intérêt sur la question.


Est-ce que le conseil des droits de l’Homme a outrepassé son mandat comme l’ont affirmé certains Etats ?

Evidemment, nous pensons que ce n’est pas le cas ! Certains Etats ont dénoncé une ingérence du conseil des droits de l’Homme dans les affaires internes des Etats. C’est une défense classique quand il s’agit des Droits de l’homme. Mais la protection des droits de l’homme est la responsabilité première des Etats, il est donc normal que le Conseil se penche sur leur bilan.  Le CDH est là pour faire respecter les droits de l’Homme et s’assurer de leur mise en place dans chaque pays.


L’Inde a pris une position courageuse en demandant l’ouverture d’une enquête indépendante, est-ce un élément important ?

L’Inde est le plus proche voisin du Sri Lanka. Elle s’est montré très critique vis-à-vis de la position du Sri Lanka et leur a demandé plus d’efforts. Après 37 ans de guerre civile, l’Inde a aussi accueilli énormément de réfugiés tamouls. C’est un allié important dans la lutte contre l’impunité et l’établissement des responsabilités. L’Inde a demandé qu’une enquête indépendante et crédible soit mise en place sur les allégations de violations de l’Homme au Sri Lanka.

Quels impact pour la campagne « justice for Muttur » ?

La paix et la réconciliation entre communautés repose sur la justice ; et sur la confiance dans les institutions étatiques. Un exemple emblématique de l’impunité qui règne au Sri Lanka est la mascarade judiciaire qui a suivi l’assassinat brutal des travailleurs humanitaires d’ACF. Tant que la justice n’est pas rendue de manière équitable et impartiale, il n’y aura pas de vraie réconciliation.

Dans l’affaire qui nous concerne, cette résolution est un outil formidable dans un processus d’influence pour que justice soit rendue. ACF a suivi pendant deux ans les prétendues enquêtes sur le massacre de Muttur et peut témoigner que le manque d’indépendance et d’impartialité judiciaire est tel qu’il est impossible d’obtenir réparation ou justice. Le Sri Lanka feint seulement d’enquêter.

Une résolution comme celle d’aujourd’hui permet de s’assurer que la question des droits de l’Homme au Sri Lanka reste à l’agenda international. Elle donne une voix aux victimes, pour que l’on n’oublie jamais de leur rendre justice.

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