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Dans le Nord-Kivu, à l’Est de la République démocratique du Congo, les combats entre les groupes armés et l’armée congolaise ont déjà fait 2,7 millions de déplacés. Sur place Action contre la Faim a des activités en santé et nutrition, eau, assainissement et hygiène mais aussi en santé mentale.
Elisabetta Dozio est en charge de superviser les programmes en santé mentale et soutien psychosocial (SMSP) mis en place en République démocratique du Congo. Au mois d’avril, elle s’est rendue dans plusieurs camps de déplacés dans le Nord-Kivu.
« J’ai l’habitude d’aller dans des camps de déplacés mais là c’était très violent. Ça fait longtemps que je n’avais pas vu quelque chose comme ça. Les conditions de vie sont insoutenables. Les gens vivent dans des abris de fortune, à plusieurs dans des espaces très petits. Quand il pleut, le terrain devient boueux et les bâches s’abîment, se déchirent. Les conditions sont très insalubres, l’accès à l’eau potable très limité. Les distributions alimentaires ne sont pas suffisantes et les personnes ont faim. La réponse humanitaire ne comble pas les besoins. »
Deux mois après sa visite, Elisabetta Dozio est toujours très marquée par sa rencontre avec les déplacés. La plupart ont été victimes ou témoins d’évènements traumatisants : attaques de groupes armés, déplacements forcés, violences. Les déplacés font face à une charge émotionnelle qui peut les empêcher de s’occuper d’eux-mêmes ou de leurs enfants. Alors pour les aider à contrôler leurs émotions et tenter d’apaiser leur anxiété, Action contre la Faim propose depuis 2022 de suivre un protocole de stabilisation émotionnelle. Elisabetta Dozio est venue assister à ces séances animées par des travailleurs psychosociaux, pour s’assurer que les activités sont bien adaptées aux besoins des déplacés.
« On leur propose des exercices de respiration, d’ancrage, de relaxation. Ils ont besoin d’avoir un lieu où déposer leurs émotions. Ils ont besoin d’avoir un témoin, quelqu’un qui les croit. En venant assister à cette séance on leur offre un endroit humanisant, alors que ce qu’ils ont traversé est inhumain. Ils sont écoutés, ils partagent. La solitude est brisée. »
Difficile de travailler sur des stress post-traumatiques alors que la crise est toujours en cours, dans le camp et aux portes du camp. Le protocole de stabilisation émotionnelle n’est pas une psychothérapie. Il donne des outils pour gérer les angoisses, les pensées envahissantes, les cauchemars. Il aide les personnes en souffrance à retrouver une sécurité et une stabilité émotionnelle qui puissent les encourager à se concentrer sur ce qu’ils peuvent contrôler.
« C’est normal d’avoir des cauchemars » explique Elisabetta Dozio, « mais il faut donner à ces hommes et ces femmes la possibilité d’avoir le contrôle de ce qui leur arrive ». Dans le flot des émotions, parfois une pensée positive survient. « Certains voient en pensée leur village, et ils le voient reconstruit. Pendant un instant ils sont apaisés et ils ne veulent pas revenir à la réalité. »
Parfois des pensées plus sombres prennent le dessus. Comme les pensées suicidaires. Elisabetta Dozio se souvient de plusieurs témoignages. « L’un disait : je suis seul, la seule solution est de mourir. Un autre : on préfère retourner sous les bombes que de mourir du choléra ou de la faim. »
Lors de ces séances, les hommes et les femmes sont séparés. Les enfants, eux, sont répartis par tranche d’âge et participent aussi à des exercices de respiration et de relaxation. C’est pour eux qu’Elisabetta Dozio s’inquiète le plus.
« Que vont devenir ces enfants ? Comment espérer limiter le cercle de répétition de la violence quand on vit comme ça ? »
Les enfants sont inclus dans le protocole de stabilisation émotionnelle dès le plus jeune âge : certains bébés ont à peine quelques mois. Une attention particulière est aussi portée aux femmes enceintes et allaitantes, pour limiter la transmission du stress de la mère à son enfant.
République démocratique du Congo
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