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Aujourd’hui, plus de 8 millions de Français.es sont concerné.e.s par l’insécurité alimentaire en France et 16% des Français.es déclarent ne pas manger assez¹.
Manger 3 fois par jour pour certain.e.s est un parcours du combattant, alors manger sainement et bio peut paraitre une utopie. Et pourtant, rendre accessible des produits durables et de qualité est le défi que tentent de relever les équipes d’Action contre la Faim, du Centre Social Del Rio et de Graines de Soleil au nord de Marseille.
La pandémie de la COVID-19 et plus récemment l’inflation des prix des denrées ont entrainé une aggravation de la pauvreté et de la précarité et a considérablement impacté l’accès aux besoins essentiels de la population marseillaise la plus précaire, tels que l’accès à l’alimentation et à la santé, y compris la santé mentale. Le taux de pauvreté à Marseille s’élève à 25 %. C’est bien au-dessus de la moyenne nationale de 14,5 %. Ce taux atteint même 44 % dans le 15ème arrondissement et 52 % dans le 3ème arrondissement, les quartiers les plus précaires de la ville.
Pour faire face à ces besoins, l’antenne d’Action contre la Faim s’est implantée en 2020 dans la région PACA et plus précisément à Marseille afin que les besoins essentiels, y compris alimentaires, des personnes les plus éloignées des services soient mieux couverts.
Dans le 15ème arrondissement, gangréné par le mal-logement, Action contre la Faim agit aux côtés des acteurs du territoire afin de favoriser l’accès à une alimentation saine et durable et lutter contre le non-recours aux droits.
« Suite à un diagnostic réalisé sur la précarité à Marseille, on s’est rendu compte qu’il y avait une très forte demande alimentaire et dans le même temps des dispositifs d’aide qui se retrouvent saturés, faute de places », raconte Aloys Vimard, chargé du projet pour Action contre la Faim. « On a pris le temps de réfléchir avec différents partenaires sur des solutions et sur de nouvelles réponses, avec un souci fort de faire le lien entre un accès à l’alimentation de qualité en quantité suffisante pour toutes et tous et l’accès aux droits ».
Ce mardi matin de juillet, le vent du Mistral souffle fort dans la cité phocéenne. Il est 8h45 quand les équipes s’activent pour monter les étals du marché. En plein cœur du quartier prioritaire de la ville de la Viste, un marché a vu le jour en mai en collaboration entre Action contre la Faim, l’association Graines de Soleil, acteur clé de l’alimentation durable et de l’insertion sociale, produit des fruits et légumes biologiques en chantier d’insertion à Châteauneuf-les-Martigues à 20km de Marseille, et le centre social del Rio, véritable lieu ressource implanté dans le quartier depuis près de 40 ans.
Le quartier de la Viste surplombe la ville et la rade de Marseille. Situé dans les hauteurs du 15ème arrondissement, il n’y a pas de marché et d’offre équivalente à l’horizon. « C’est un arrondissement très étendu, situé au nord de la ville qui présente des poches de pauvreté avec une importante concentration de population, souvent dans des grands ensembles d’immeubles avec une forte densité de population », précise Aloys Vimard.
Les aspirations à une alimentation de qualité sont universelles, l’accès est toutefois souvent inégal en raison de barrières économiques, sociales et culturelles. Courgettes, tomates, abricots, melon, mais aussi huile d’olive, gaspacho, miel, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Car un des objectifs de ce projet est de rendre accessibles ces produits de qualité à un prix abordable.
Pour le permettre, le marché propose un système de triple tarification. Tout d’abord, une tarification pleine, qui correspond au prix coûtant en vente directe, permettant de rémunérer le travail du producteur à sa juste valeur. Aux habitant.e.s du quartier est proposé un tarif à -25 %, et enfin un tarif à moins 50 % pour toutes les personnes qui bénéficient de chèques d’accompagnement personnalisés (équivalent à des chèques services) remis, dans le cadre de la lutte contre précarité alimentaire, par des travailleurs sociaux de la ville ou du département. Action contre la Faim a également développé un système de coupon permettant à des partenaires associatifs de proximité d’orienter vers le marché des ménages en difficultés, et ainsi bénéficier d’un tarif à -50%. Action contre la Faim, grâce à ses partenaires financiers et ses fonds propres, prend en charge le reste à payer garantissant des petits prix pour les consommateurs et la pleine rémunération du producteur.
« Je suis ici depuis 25 ans. Mon mari, il est décédé ça fait cinq ans et moi je suis seule maintenant. En fait, je mange, je paye le loyer la vie elle est comme ça, une femme seule, ce n’est pas facile », se confie Zoulika Bensaïd, habitante de la Viste et cliente du marché. « C’est le premier marché qu’on a ici et ça nous fait plaisir, ça nous fait plaisir pour nous parce qu’on est vieux, on ne peut pas marcher pour aller jusqu’aux puces ou ici, je peux pas, je suis malade et quand il vient ce marché, j’achète des petits trucs comme ça les artichauts, les trucs, les tomates et tout. C’est bien pour nous. Oui, les produits d’ici, c’est bio et ils sont trop bons », commente Zoulika.
« C’est assez satisfaisant de voir que cette offre nouvelle parle aux gens. Pour certains, ça évoque même des souvenirs plutôt heureux d’enfance par rapport à des produits qui étaient consommés à l’époque et qui ne le sont plus depuis quelques années », souligne Aloys.
« On se rend compte qu’un bon nombre de personnes qui ont accès à l’aide alimentaire sont en situation de non-recours aux droits, donc des droits et prestations sociales auxquelles elles pourraient bénéficier. Les raisons sont multiples mais nous observons notamment un manque d’accès à l’information et des enjeux d’accompagnement », ajoute Aloys.
Pour faciliter au mieux les personnes à accéder aux droits et à la santé, le marché accueille des permanences de différents acteurs proposant un accompagnement. « Ce marché est également un lieu ressource où, au-delà des fruits et légumes, on peut y trouver, des personnes clés, pour l’accompagnement sur l’accès vers le droit à la santé, aux soins, à la mobilité, à la sensibilisation à l’alimentation durable etc.. ».
C’est le cas ce jour où plusieurs partenaires sont présents : Sophie, travailleuse sociale de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie renseignant les habitant.e.s sur leur couverture maladie, Karim, infirmier pour l’association SEPT (Santé Environnement Pour Tous) proposant des séances de sensibilisation sur le cancer du sein, ou encore Bastien de l’association VRAC mettant en œuvre un groupement d’achat de produits de qualité au sein du centre social.
« Ma présence sur le marché aujourd’hui me permet de faire un accompagnement personnalisé aux personnes jusqu’à ce que leurs droits soient rouverts et que les soins soient réalisés. Par exemple, j’ai pu donner des informations à une habitante sur une aide à la mutualisation mais aussi accompagner des personnes au renouvèlement de leur complémentaire santé solidaire », explique Sophie Ohanian, travailleuse sociale à la mission accompagnement en santé à l’Assurance Maladie.
Le marché bénéficie aussi du fort ancrage du Centre Social Del Rio dans ce quartier, qui a le souci constant d’associer et de mobiliser les habitant.e.s dans les projets développés. Les habitant.e.s ont été alors directement impliqué.e.s dans la mise en place de ce marché, pensé pour et avec eux. Leur retour sont aussi pris en compte lors de temps d’échange réguliers organisés avec les partenaires du projet.
« La Viste est situé près de zones pavillonnaires, d’îlots villageois, là où les moyens financiers sont pour certains un peu plus aisés. Il n’y a pas forcément de lien entre les habitants de quartiers voisins, et du coup, il y a un enjeu de mixité et de désenclavement sur ce territoire. Ce marché a aussi pour but d’inviter les habitants à investir l’espace public, de renforcer les liens et permettre la rencontre. J’ai été témoin de rencontres intergénérationnelles assez magnifique », témoigne Aloys.
La 7ème édition de ce marché vient de s’achever. Ce projet expérimental devient peu à peu un rendez-vous pour les habitants du quartier, vecteur de lien social et de convivialité. Les équipes d’Action contre la Faim, aux côté de leurs partenaires et des habitant.e.s, suivent, observent et évaluent l’impact du marché et du dispositif de transfert monétaire afin de répondre au mieux aux envies et aux besoins des personnes.
Il se poursuivra à la rentrée 2024, toujours à raison de deux fois par mois. Déjà, des échanges sont en cours avec des acteurs qui souhaitent rejoindre le dispositif ou encore s’en inspirer pour le développer dans d’autres quartiers.
Action contre la Faim remercie ses donateurs et ses partenaires financiers, notamment l’Etat via le fonds mieux manger pour tous et les crédits « Alliances locales des solidarités », ainsi que la Ville de Marseille pour leurs soutiens. Une recherche de fonds est toujours en cours afin de développer cette expérimentation, la pérenniser et l’essaimer.
¹Bléhaut, M., & Gressier, M. (2023). En forte hausse, la précarité alimentaire s’ ajoute à d’autres fragilités. Rapport du CREDOC, (329).
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