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Centre de sante, YOPA, Kischanga © Olivia Acland pour Action contre la Faim

À la Une

République Démocratique du Congo

Le défi de l’accès aux soins pour les femmes

Dans la zone de Mweso, nous intervenons dans des endroits très difficiles d’accès. Les besoins humanitaires sont élevés car les populations ont peu de moyens de déplacements, les opportunités de travail sont réduites et l’accès aux services de base et particulièrement aux soins de santé est très restreint.

Ce manque d’opportunités et de moyens, conjugué aux inégalités de genre, place les femmes enceinte et allaitantes parmi les plus vulnérables alors qu’elles sont en première ligne pour lutter contre la malnutrition de leurs enfants. Les activités de santé sexuelle, maternelle et reproductive, qui recouvrent la planification familiale et les soins pré et postnataux, mais aussi le soutien psychosocial, donnent les moyens à ces femmes de faire leurs propres choix de santé et de vie.

 

 

être mère, un enjeu de santé

 

Au centre de santé de Kibarizo, les équipes d’Action contre la Faim soignent les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère et les femmes enceintes et allaitantes bénéficient d’une prise en charge gratuite tout au long de leur grossesse et lors des premiers mois de leur enfant.

« Cela va me faire de la joie d’être appelée la mère des enfants » sourit Zawadi N’Bagoni. A 31 ans, elle vient d’accoucher de son premier enfant. Agricultrice, elle a été suivie par les équipes depuis le début de sa grossesse. Durant les consultations prénatales, les infirmières l’ont examinée et rassurée sur son état de santé et celui de son bébé, la position de son enfant, et lui ont donné des conseils pour mener à bien sa grossesse.

Tambi, centre de sante © Olivia Acland pour Action contre la Faim

Tambi, centre de sante

Gentille Namajimana avec son bebe, elle a accouche il y a 2 jours. Elle va venir au centre de sante a Tambi pour les consultations post natales. Alliance Zawadi, ACF superviseur de la nutrition. ACF appuie le centre avec les programmes de sante reprodutive et nutrition.

© Olivia Acland pour Action contre la Faim

Berta Dusabe est aide-accoucheuse dans le centre de Kibarizo. Selon elle, cette gratuité des soins a fait une grande différence « Toutes les femmes ne peuvent pas prendre en charge leur accouchement. Avant qu’Action contre la Faim ne soit là, les taux d’accouchements à domiciles étaient très élevés. Puisque beaucoup d’entre elles ne pouvaient pas payer l’acte, elles décidaient de le faire chez elles en espérant seulement à Dieu. » Depuis que le mot s’est répandu sur la prise en charge gratuite, le taux d’accouchement à domicile a baissé et la fréquentation pour les consultations de contrôle a augmenté.

"Toutes les femmes ne peuvent pas prendre en charge leur accouchement. Avant qu’Action contre la Faim ne soit là, les taux d’accouchements à domiciles étaient très élevés."
Berta Dusabe
Kibarizo, République Démocratique du Congo

Pour Kibarizo, donner naissance à son enfant chez elle n’était pas une option envisagée au vu des risques encourus. « A la maison, on peut aussi faire l’accouchement mais il y a toujours les complications, on peut avoir le bébé mais il peut mourir. Le placenta complique la maman et elle aussi peut mourir. L’avantage de faire l’accouchement au centre de sante on est sûr avec les infirmières, on te consulte dans tous les moments, dans le cas de complications ils sont là pour te secourir, ils donnent les médicaments qu’ils protègent contre les infections et ils protègent aussi l’enfant. »

En République Démocratique du Congo, moins de deux femmes enceintes sur 10 font leur première visite prénatale dans leur premier trimestre de grossesse. De même, les examens de santé post-natal ne concernent que 50% des femmes¹. Le risque à vie de décès maternel soit la probabilité qu’une femme meure suite à un accouchement est de 1 pour 34². C’est-à-dire que 1 femme congolaise sur 34 mourra des suites d’un accouchement.

 

La santé mentale, un premier pas vers le bien être

 

Mais les complications médicales ne sont pas le seul fardeau qui pèse sur la santé et le bien-être des femmes du Nord-Kivu. Dans cette région, les personnes sont exposées à des évènements violents depuis de nombreuses années, ce qui peut entraîner des risques de traumas ou de dépressions.

« Il y a des femmes enceintes et allaitantes en situation de détresse psychologique, explique Marie Trianon, la coordinatrice terrain d’Action contre la Faim. Ces femmes passent par énormément de difficultés sécuritaires, la perte d’un enfant, les potentielles violences conjugales. » Au Nord-Kivu 1,9 million de personnes sont déplacées dans la province, majoritairement à cause des conflits et entre janvier et septembre 2021, 15 954 cas de violences basées sur le genre ont été recensées.

 

 

Nos équipes ont développé des activités de prise en charge psychosociale où des groupes de femmes se réunissent pour surmonter leurs souffrances, accompagnés de travailleurs psychosociaux comme Eddy Edige Magendo.

Eddy anime la deuxième séance de prise en charge. Assis avec le groupe de femmes, il présente des photographies à la ronde. La dernière présente un enfant couché sur un lit d’hôpital. L’utilisation de support visuel permet d’échanger sur une thématique et de libérer la parole. « Au début de la prise en charge, elles sont déprimées, anxieuses, stressées explique Eddy, elles ont des idées noires et se culpabilisent par rapport à la vie qu’elles mènent mais au fil des séances on leur apprend à repérer et à identifier les personnes négatives dans leurs vies, les pensées négatives qu’elles ont et comment les remplacer par des pensées positives. »

Kischanga, ecole © Olivia Acland pour Action contre la Faim

Kischanga, ecole

Leontine Basengo Heri, travailleur pyscho-sociale, anime une seance de SMPS dans une ecole a Kischanga.

© Olivia Acland pour Action contre la Faim

Kischanga, ecole © Olivia Acland pour Action contre la Faim

Kischanga

Leontine Heri Basengo, travailleur pyscho-sociale, parle avec Esther Bunyere pour mieux comprendre son etat mentale apres la seance SMPS dans une ecole a Kischanga.

© Olivia Acland pour Action contre la Faim

Kischanga, ecole © Olivia Acland pour Action contre la Faim

Kischanga

2 beneficiaires que sont venue a une seance SMPS pour la premiere fois ecoutent Leontine Heri Basengo, qui anime la seance dans une ecole a Kischanga.

© Olivia Acland pour Action contre la Faim

Kischanga, ecole © Olivia Acland pour Action contre la Faim

Kischanga

Fortune Baouma, technician psychosociale pendant une seance de SMPS dans une ecole a Kischanga.

© Olivia Acland pour Action contre la Faim

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Les femmes confient leurs soucis, les maux de sommeils, le manque de lien avec leurs enfants, leurs désaccords conjugaux. Eddy note que souvent le sentiment de culpabilité ressurgit, celui de ne pas avoir été une bonne mère, de ne pas avoir empêché son enfant de tomber dans la sous-nutrition. Dans ces cas-là, les travailleurs psychosociaux sont unanimes : la dynamique de groupe est primordiale pour normaliser les ressentis, partager les expériences et cheminer ensemble vers un mieux-être.

« Au début, tout le monde ne comprenait pas la nécessité ou l’utilité de la prise en charge psychologique. On ne distribue rien et ça demande un travail. C’est après qu’on voit l’engouement quand les femmes reviennent, qu’elles se sentent mieux. Et nous, ça nous fait du bien d’apprendre que ce que nous faisons apporte du bien à nos patients. » conclut Eddy.

Action contre la Faim plaide pour que l’accès aux services de santé en général mais aussi à la santé sexuelle, maternelle et reproductive et à la santé mentale soit gratuit pour les enfants et les femmes enceintes et allaitantes. Les frais à débourser pour les familles représentent un poids financier auquel elles ne peuvent pas toujours faire face. Cela peut entraîner le non recours à des soins, l’arrêt de traitements ou l’allocation de ressources aux soins qui étaient prévues pour d’autres achats de première nécessité. En RDC, 8,9 millions de personnes ont besoin de soutien pour l’accès à la santé.³


¹ HNO 2022
² Banque Mondiale, Tendances dans la mortalité maternelle : 1990-2015. Les évaluations sont développées par l’OMS, l’UNICEF, l’UNFPA et la banque mondiale. https://donnees.banquemondiale.org/indicator/SH.MMR.DTHS?locations=CD
³ HNO 2022

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