© Nada Al-Saqaf pour Action contre la Faim
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Yémen
La détection de la malnutrition et la prise en charge des enfants malades
Chaque année, près de 3 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent de malnutrition, une maladie traitable qui est également responsable d’importantes anomalies du développement physique et mental (Institut Pasteur).
Au Yémen, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sont les principales causes du nombre élevé de personnes qui ont besoin d’aide humanitaire pour survivre.
UNE POMME POUR NEUF ENFANTS
Les enfants de Tasmeem et Ahlam – Watheek et Ramzi – étaient atteints de malnutrition et ont été pris en charge par les équipes d’Action contre la Faim au centre de santé d’Almakhzan. Ramzi, 3 ans, souffrait de malnutrition aiguë sévère et présentait des signes d’épuisement. Il ne pouvait ni se lever ni marcher. Ahlam voyait que son fils n’allait pas bien et que son lait ne lui suffisait pas. Probablement, selon elle, parce qu’elle-même se nourrissait à peine. Les équipes d’Action contre la Faim ont réussi à stabiliser l’état de Ramzi en lui administrant des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi pour le traitement à domicile. Rapidement, il a commencé à se sentir mieux et il a enfin pu faire ses premiers pas et jouer avec ses frères et sœurs. “J’ai même économisé de l’argent et j’ai acheté un mixeur pour lui donner du jus frais. Mais si je lui achète une pomme, comment faire avec ses frères et sœurs ?”, se demande Ahlam en regardant ses enfants.
© Nada Al-Saqaf pour Action contre la Faim
Leur souhait comme celui de chaque parent est de voir leurs enfants en bonne santé. Malheureusement, parfois les choses ne sont pas de leur ressort. Les agents de santé ont encouragé les sœurs à rencontrer d’autres femmes lors des séances de consultation et des réunions de groupe où l’on apprend davantage sur la nutrition infantile et la prévention de la malnutrition. Chaque femme peut partager sa propre histoire avec les autres participantes. “J’ai réalisé que je n’étais pas seule à souffrir et que mon histoire n’était pas très différente de celle de ces femmes. Je me suis tue en les écoutant.”, nous dit Tasmeem. Elle s’est sentie mieux, plus ouverte et plus engagée. Petit à petit, elle est redevenue l’ancienne Tasmeem forte et déterminée, celle que son père admirait.
A Khanfar, Action contre la Faim soutient sept centres de santé et dispose d’une équipe mobile qui va d’une maison à l’autre pour détecter la malnutrition chez les enfants et prendre en charge les cas les plus sévères. Les équipes aident à renforcer le système de santé local par le biais de la formation du personnel, la supervision technique et la fourniture de matériel médical et de médicaments.
LA POPULATION DÉMUNIE PAR LE CONFLIT
Sept années de guerre ininterrompue ont laissé de nombreuses cicatrices dans la vie des gens. Une énorme empreinte reste visible sur les infrastructures dévastées : de nombreux hôpitaux, écoles et installations civiles ont été détruits lors des bombardements. Le système de santé parvient à peine à résister à la pandémie mondiale de COVID-19 et a besoin d’un financement important pour assurer son fonctionnement.
Action contre la Faim intervient au Yémen depuis 2012 avec ses programmes en nutrition, santé mentale, eau et assainissement. En 2020, les équipes médicales ont assuré le traitement de 6 363 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère. Plus de 500.000 personnes ont pu bénéficier de l’ensemble des programmes et d’activités mis en place par la mission. Selon les dernières alertes, plus de 16 millions de Yéménites ont faim et 400.000 d’enfants de moins de cinq ans risquent de mourir de malnutrition aiguë sévère cette année s’ils ne reçoivent pas un traitement urgent.
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Des milliers de personnes ont perdu leur emploi et les propriétaires de petites entreprises ont dû utiliser leurs dernières ressources pour survivre à la guerre. Quant aux populations rurales, elles sont nombreuses à avoir perdu leurs terres et leur bétail. Le conflit se poursuit dans certaines zones côtières, comme l’Alhudidah, où des milliers de familles, qui dépendent de la pêche, ont perdu leur emploi. Malgré les risques, de nombreux pêcheurs retournent dans ces zones pour gagner au moins un peu d’argent pour leurs familles. Comme le mari de Tasmeem, beaucoup fuient une situation économique désespérée et préfèrent s’exposer au risque plutôt que de souffrir de la faim.
Nous avons passé plusieurs jours en compagnie de Tasmeem et Ahlam pour documenter les conditions dans lesquelles elles vivent. Leur situation est extrêmement précaire et représente celle de milliers de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Les enfants nous ont regardé – des étrangers – avec curiosité, alors que nous disions au revoir à Tasmeem. Les cinq frères jouaient avec leur petite sœur, la taquinant et expliquant comment faire un grand sourire aux invités. Les enfants avaient l’air soignés, mais portaient des vêtements très usés. En jetant un coup d’œil dans la pièce et la cour pour la dernière fois, nous n’avons pas remarqué de jouets. Probablement, ils n’en n’ont pas.
L’histoire de Tasmeem et Ahlam est un témoignage poignant sur le drame humain qui se déroule actuellement sous les yeux de la communauté internationale. Le Yémen demeure la plus grande crise humanitaire au monde. Elle résulte d’un conflit armé brutal qui s’est intensifié il y a sept ans, tuant et blessant des dizaines de milliers de civils et causant d’immenses souffrances au peuple yéménite. Le pays compte près de 4 million de déplacés internes, des milliers de civils tués et blessés (Humanitarian Needs Overview 2021).
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