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À la Une
En cette journée des droits des femmes, Action contre la Faim souhaite mettre à l’honneur l’émancipation des femmes à travers le monde et plus particulièrement au Népal, où la crise économique et le dérèglement climatique fragilisent de plus en plus les communautés rurales.
Au Népal, la convergence de la crise économique et du dérèglement climatique exerce une pression croissante sur la sécurité alimentaire et l’agriculture. Les familles rurales, dépendantes de l’agriculture pour leur subsistance, sont particulièrement vulnérables face à ces défis. Les changements climatiques entraînent des phénomènes extrêmes tels que des sécheresses prolongées ou des précipitations excessives, perturbant les cycles agricoles traditionnels et compromettant les récoltes. De plus, la crise économique aggrave cette situation en limitant l’accès aux ressources et oblige de nombreux habitant.e.s à quitter le pays à la recherche d’un meilleur emploi. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), quelque 500 000 jeunes Népalais.e.s, dont la majorité des hommes, quittent le pays chaque année pour travailler.
Les femmes népalaises, confrontées au départ de leurs maris pour travailler à l’étranger se retrouvent souvent seules à devoir assumer la charge familiale en faisant face à des défis économiques considérables.
Pour Goma Bishwakarma, il n’était pas question de rester les bras croisés en attendant le retour de son mari, parti travailler au Qatar comme de nombreux autres hommes du village. Ici, dans le district de Udayapur, presque chaque famille a fait l’expérience amère de la migration de main-d’œuvre. L’absence des hommes a poussé de nombreuses femmes à prendre les devants. Rester seule avec ses enfants fut une épreuve, néanmoins Goma a su trouver dans cette situation une opportunité. Ne connaissant rien à la politique locale, elle a franchi le pas et s’est portée candidate pour représenter son village au conseil municipal. “A vrai dire, je ne connaissais pas grand chose. Mon nom a été proposé par une personne du village et j’ai été élue aux élections de 2017. La situation économique est très difficile. Mon cœur me dit que quiconque est en difficulté, je dois l’aider. Bien que je sois également confrontée à de nombreux problèmes et que ma situation financière soit fragile”.
Goma est mère de trois garçons, dont les deux plus jeunes vivent encore avec elle. Pendant que Bhupendra, 9 ans, fait le ménage, Toman, 16 ans, prépare le déjeuner et fait la vaisselle. Après dix ans de travail épuisant à l’étranger, son mari est enfin rentré à la maison où il s’occupe du potager et de la pépinière de bambous. Goma, quant à elle, a gardé sa place d’actrice économique dans le foyer à part entière mais elle doit toujours lutter pour sa place. “ J’insiste toujours sur le fait que les femmes peuvent aussi gagner de l’argent et représentent une ressource précieuse. Aujourd’hui, mon mari me soutient beaucoup, mais mon travail à la maison n’est toujours pas pris en considération. Je fais le ménage, je lave la vaisselle et lorsque je lui demande de m’aider, il me dit que je peux le faire moi-même. Il y des femmes qui doivent demander de l’argent à leur mari pour acheter du rouge à lèvres ! ”.
Il reste encore du chemin à parcourir, mais la parole se libère et ces transformations au sein des ménages ne choquent plus personne, car les femmes ont assumé de nouveaux rôles où elles sont devenues décisionnaires. Ayant parfaitement rempli son mandat, Goma est aujourd’hui militante engagée et dirige un groupe de femmes agricultrices. Elle fait partie du projet porté par Action contre la Faim et le partenaire local Sahara, qui vise à renforcer la production agricole locale et les moyens de subsistance des ménages vulnérables : “Il n’y a pas de honte à apprendre quelque chose de nouveau. Les femmes du village ont suivi différents types de formation, mais nous n’étions pas en mesure de gagner quoi que ce soit. Il n’est pas logique de participer aux formations et devoir rester à la maison sans rien faire. Ce projet change la donne, comme par exemple, on peut fabriquer deux paniers avec un seul bambou et gagner 500 roupies. C’est formidable !”.
Il n’est pas rare de rencontrer Goma lors des manifestations, où elle sensibilise les habitants à l’importance d’une alimentation saine et diversifiée. La dernière mobilisation a rassemblé plus de 150 femmes et jeunes filles pour réclamer l’égalité des droits à une alimentation de qualité. Si la nourriture est largement disponible dans l’ensemble du pays, la diversité des aliments est loin d’être adéquate. En effet, le district de Udayapur enregistre un taux de malnutrition aiguë globale de 15,1%, plus élevé que la moyenne nationale reflétant une détérioration aiguë de l’état nutritionnel des enfants de 6 à 59 mois. De ce fait, la question des bonnes pratiques alimentaires se pose. Cela concerne également les adultes et surtout les femmes qui sont parmi les groupes les plus vulnérables face à la sous-nutrition.
Quant aux nombreux voisins et voisines, ils passent régulièrement devant sa petite maison près de la forêt pour lui parler ou lui demander des conseils. “Je ne suis plus représentante élue, mais je suis toujours aux côtés des gens. J’ai de la chance d’avoir le soutien de mon mari et de mes enfants qui ne m’espionnent pas et ne me posent plus de questions – je vais travailler quand je veux et où je veux. Il y a des hommes qui interrogent constamment leurs femmes, comme – où est-ce que tu vas, qu’est-ce que tu vas recevoir là-bas, vaut mieux que tu restes à la maison t’occuper du ménage. À notre époque, les femmes ne devraient pas être confinées dans leurs maisons.”
Le petit village où vit Alita Tamang se trouve à 2000 m d’altitude dans le district de Rasuwa à seulement quelques kilomètres du Tibet. Ici les villages se trouvent à distance importante, les uns des autres et sont majoritairement peuplés par le peuple Tamang, proche de la culture et la langue tibétaine. En 2015, le district a été fortement impacté par le tremblement de terre, qui a laissé le village dévasté. “Lorsque le tremblement de terre a frappé, les gens se sont cachés dans la forêt. Dans la maison voisine, plusieurs personnes ont péri sous les décombres”, se souvient Alita. En raison des dommages graves et de la présence de l’eau dans les cavités souterraines, le village a été déclaré en zone rouge, rendant toute reconstruction de maisons impossible. “Nous avons décidé de rester ici et de tout reconstruire avec nos propres moyens puisque nous avions besoin de terrains pour nos potagers. S’installer ailleurs, cela signifiait perdre nos terres, le moyen de subsistance principal de notre communauté.”. Aujourd’hui, la vie a repris son cours et, au premier regard, les traces de ces dévastations sont à peine visibles. Néanmoins, les habitants qui vivent essentiellement de l’agriculture font face à des défis considérables pour accéder à l’eau et se nourrir correctement en raison du nombre limité de terres cultivables et de conditions climatiques rigoureuses.
Alita passe de longues heures à travailler dans les champs. Son village sera bientôt branché au réseau d’eau à domicile mais, pour l’instant, elle utilise un petit tuyau pour avoir de l’eau, une tâche essentielle qui lui demande un effort supplémentaire. Elle assume également les tâches ménagères, jonglant habilement entre les multiples exigences de sa vie quotidienne. Malgré tout, elle trouve de l’énergie pour participer activement à la vie de son village et joue un rôle essentiel en tant que membre du collectif d’usagers de l’eau. Ce projet, porté par Action contre la Faim et le partenaire local Sahara, vise à améliorer l’accès à l’eau dans les villages reculés et met en place des groupes de travail pour maintenir l’infrastructure en bon état. “Lorsque nous étions enfants, nous avons grandi en buvant de l’eau provenant de cette rivière. Depuis, de nombreux projets d’accès à l’eau ont été infructueux, mais la situation s’est améliorée et l’infrastructure a été bien mise en place. Nous devons garder un œil pour s’assurer que toutes les maisons sont branchées correctement”.
La jeune femme se retire dans son petit atelier à tisser. Là, le temps semble s’envoler alors qu’elle se plonge dans cette activité qui la passionne tant. C’est son refuge, où elle peut laisser libre cours à sa créativité et trouver un moment de paix bien mérité après une journée chargée. C’est son rêve de pouvoir tisser des vêtements traditionnels et en faire son gagne-pain : “Les personnes qui restent au village ne possèdent aucune compétence leur permettant de gagner leur vie. Nous, les femmes, nous travaillons dans les champs, mais ce qu’il nous manque vraiment ce sont des formations pour ensuite générer un revenu supplémentaire. Dans cette région, les membres de la communauté Tamang portent un type de bonnet particulier. La formation peut consister à tricoter des bonnets et d’autres types de tissus. J’ai envie de me consacrer pleinement au travail de tissage et de vendre mes vêtements.”
Les parcours de Goma et Alita illustrent brillamment la lutte quotidienne des femmes népalaises pour leur émancipation. Malgré les obstacles, elles s’affirment courageusement, défiant les doutes, le manque de ressources et parfois même le manque d’éducation. Leur détermination à se réinventer et à s’élever inspire non seulement leur propre génération, mais aussi celle à venir. En éduquant une nouvelle génération d’enfants, filles et garçons, sur l’importance de l’égalité des sexes et de la place cruciale des femmes dans la société, Goma, Alita et d’autres femmes comme elles ouvrent la voie à un avenir plus juste et plus éclairé au Népal et au-delà.
Du 11 au 22 mars, dans le cadre de la 68e session de la Commission des Nations unies sur la condition de la femme (CSW), Action contre la Faim adressera ses demandes aux Etats pour la promotion de modèles de protection sociale universelle et féministe. Afin de s’attaquer aux fondements de la sous-nutrition et de l’insécurité nutritionnelle et pour construire une société plus égalitaire, Action contre la Faim demandera une couverture santé universelle et un revenu de base durant les 1 000 premiers jours de l’enfant, pour toutes et tous, sans distinction de revenus auprès du principal organe mondial consacré exclusivement à la promotion de l’égalité entre les genres.
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