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Le Népal bénéficie d’une position géographique unique incluant les plus hautes montagnes du monde. Le pays a accès à la troisième plus grande réserve d’eau douce de la planète grâce à la chaîne de l’Himalaya. Pour autant, seulement 25 % de la population a accès à un service d’eau potable complètement fonctionnel.
Ce manque d’accès à l’eau à un impact sanitaire important sur la population puisque des enfants meurent chaque jour de maladies hydriques liées à la mauvaise qualité de l’eau et au manque d’assainissement et d’hygiène (UNICEF).
Par ailleurs, le changement climatique exacerbe les vulnérabilités existantes et notamment l’accès à l’eau. Le Népal fait ainsi partie de la liste des pays les plus vulnérables au changement climatique et l’année dernière l’ONU s’est dite particulièrement préoccupée par la situation du pays en raison du réchauffement rapide des glaciers, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour les communautés locales et l’équilibre environnemental mondial.
L’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires adéquates reste un défi majeur pour de nombreuses communautés rurales. Les habitants, souvent éloignés des infrastructures, doivent parcourir de longues distances pour accéder à des sources d’eau sûres, ce qui compromet leur santé et leur accès à d’autres services de base.
Pour répondre à ces défis, Action contre la Faim met en place des programmes en eau et assainissement pour faciliter l’accès à l’eau potable depuis le tremblement de terre de 2015 qui a fortement touché les districts de Nuwakot et Rasuwa, dans la vallée de la rivière Trishuli au Nord de Katmandou. Outre les nombreuses victimes, cette catastrophe a causé des dommages considérables aux infrastructures d’eau entraînant un risque accru de maladies d’origine hydrique.
Julien Eyrard, référent technique en eau, assainissement et hygiène chez Action contre la Faim, était parmi les premiers humanitaires arrivés au Népal quelques jours après la catastrophe: “Le chaos régnait partout. Certains se sont retrouvés prisonniers sous les décombres, les autres ont perdu leurs outils, leur bétail, leurs moyens de subsistance. Pour ce qui est de l’eau, le tremblement de terre a eu un impact terrible sur l’hydrogéologie de la région et a fait bouger des sources d’eau”. Cette situation a exacerbé l’insécurité alimentaire et augmenté le risque de malnutrition dans les communautés touchées. “Promotion de l’hygiène et lavage des mains au savon permettent d’éviter la transmission de maladies. Nous avons toujours travaillé à la prévention de la sous-nutrition au travers des projets d’accès à l’eau et d’hygiène.”, précise M. Eyrard.
Au Népal 🇳🇵, seuls 24,8 % de la population a accès à l’eau potable 💧🚨 Julien, notre expert en eau et assainissement, vous explique les actions que nous menons pour pallier à ce manque, notamment auprès des populations rurales 🗣️ Pour en savoir plus 👉 https://t.co/N4MYXdfv9B pic.twitter.com/jfu697zuKt
— ActionContreLaFaim (@ACF_France) March 22, 2024
Dans certaines zones rurales, la plupart des communautés utilisent l’eau provenant de la même source. Parfois, les tensions montent, en particulier lorsque les communautés défavorisées qui se retrouvent en bas de l’échelle sociale, sont confrontées à des difficultés d’accès à l’eau. Aarati Bishwakarma habite dans le village de Maane Gun et a vu la situation évoluer: “Avant, nous allions chercher de l’eau en bas du village. Des gens nous empêchaient de se servir de l’eau, même si c’était juste pour laver des vêtements. A mon avis, c’était pour éloigner des personnes de notre caste.” Au Népal, des traditionnelles croyances persistent à l’égard des personnes appartenant à la caste des intouchables, selon lesquelles elles ne peuvent toucher ni à la nourriture ni à l’eau consommés par les castes supérieures. “Nous n’avions pas le choix, car nous devions laver le linge des enfants. On nous bloquait les tuyaux, et, une fois, nous avons été attaqués par des chiens. J’ai eu peur d’y aller”.
Plusieurs villages de Nuwakot et Rasuwa font partie du projet qui consiste à fournir l’accès à l’eau potable en construisant des réseaux d’eau et en installant des bornes fontaines devant chaque maison. “Quand mon fils était petit, je ne pouvais pas le laisser seul. Je l’emmenais avec moi pour puiser de l’eau à la source et lorsqu’il dormait, je faisais le linge. Ca me prenait beaucoup de temps. Maintenant, tout est plus simple. Nous pouvons laver nos vêtements, faire à manger et tout ça à deux pas de la porte”. Outre l’usage domestique, Aarati peut utiliser l’eau pour son jardin potager, qui est de nouveau vert. Elle économise ainsi de l’argent sur la nourriture en cultivant ses propres légumes. “Nous avons aussi du temps libre. A la place de passer des heures pour aller jusqu’à la source, je peux m’occuper de mes chèvres ou donner le bain aux enfants”, sourit Aarati.
Les robinets sont installés dans la cour de chaque maison. Ils sont reliés aux compteurs d’eau pour calculer la quantité d’eau consommée par ménage. “L’idée n’est pas de payer pour l’eau qui est un bien commun, mais de payer pour le service d’accès à l’eau à domicile. Cette tarification est essentielle pour assurer la maintenance de l’infrastructure et la bonne gouvernance à long terme.”, explique M. Eyrard.
Le dérèglement climatique aggrave cette situation en entraînant des variations imprévisibles des précipitations et des sécheresses prolongées, compromettant davantage la disponibilité et la qualité de l’eau pour les populations. En outre, le risque de rupture d’un lac de moraine au Népal est une menace réelle, pouvant entraîner des déluges dévastateurs et des pertes humaines et matérielles considérables. Dans le district de Udayapur, Action contre la Faim et son partenaire local Sahara Népal promeuvent des cultures mieux adaptés au changement climatique afin d’améliorer les conditions de vie des habitants. Cette démarche s’inscrit également dans le cadre du plan national visant à aider les régions sujettes aux catastrophes naturelles.
Des signes commencent à apparaître dans certaines provinces du pays, comme dans la province de Koshi. “Cette forêt est le gagne-pain pour 300 ménages. Ici, nous nous occupons des plantes et de la pépinière de bambous. Mais pendant la période sèche, nous ne pouvons pas sauver nos plantes en raison du manque d’eau. Et pendant la saison des pluies, la rivière inonde toute la zone et les crues soudaines détruisent tout sur leur passage.”, raconte Kumar Ghimire, habitant de la municipalité Belaka-1.
Les périodes de sécheresse, de plus en plus fréquentes et intenses, ont un impact dévastateur sur l’agriculture, les moyens de subsistance des populations rurales. Les inondations causent des dommages matériels importants, déplacent des populations, détruisent des infrastructures et perturbent les activités économiques. Dans le cadre du projet mené par Action contre la Faim et son partenaire local Sahara Népal dans le district de Udayapur, la promotion de la culture du bambou type Kande Bash aide à renforcer le sol et protéger les terrains des inondations.
“A cause de la sécheresse, nous avons perdu plus ou moins 100 bambous sur les 1750 plantés initialement. Nous espérons les sauver, mais nous avons besoin d’eau pour les faire revivre. L’argent n’est rien, on peut toujours le gagner. Mais la forêt verte n’a pas de prix”.
Alors que la crise de l’eau au Népal nécessite des réformes de gouvernance, des investissements dans l’infrastructure d’eau et des mesures de conservation des ressources hydriques, les solutions d’adaptation face au dérèglement climatique doivent être mises en place pour assurer accès durable à l’eau potable pour tous les Népalais.
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