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Tasmeem and her youngest child Watheek house in Abyan Photo credit Nada Al-Saqaf (2) for Action Against Hunger 3 © Nada Al-Saqaf pour Action contre la Faim

Témoignages

Yémen

Reconstruire sa vie et son foyer

Les denrées alimentaires sont hors de portée pour beaucoup en raison de leurs prix exorbitants et de l’effondrement du rial yéménite. Les problèmes de santé récurrents tels que la malnutrition aiguë et les carences nutritionnelles sont devenus monnaie courante dans les ménages yéménites.

 

FLAMBÉE DES PRIX SPECTACULAIRE

 

Chaque jour, Ahlam et sa fille de 15 ans se lèvent à 5h du matin pour prendre le bus et aller travailler dans une ferme. Elles sont payées 1200 riyals, soit environ 1 dollar pour quatre heures de travail sous un soleil brûlant, un salaire qu’elles reçoivent souvent en retard. Ahlam n’a d’autre choix que de laisser ses autres enfants à la responsabilité de sa fille de 9 ans. Les inquiétudes l’accompagnent tout au long de sa journée : “Je commence à imaginer les pires scénarios qui pourraient leur arriver à la maison. Ils pourraient aller ouvrir le gaz et essayer de jouer avec des allumettes et se brûler, ou bien ouvrir la porte, quitter la maison et se perdre”.

Alors que les prix continuent d’augmenter, les familles ont dû mal à mettre de la nourriture sur la table. Le riz, aliment de base de la plupart des ménages yéménites, a vu son prix augmenter de près de 164 % entre 2016 et 2020 (IRC). Par conséquent, beaucoup de Yéménites sont endettés. Tout l’argent gagné sert à rembourser les dettes des mois précédents et payer le loyer. Les récits d’Ahlam et de Tasmeem témoignent de ce cercle vicieux interminable de surendettement et de l’incertitude quant à l’avenir.

 

S’ALIMENTER EN PLEINE CRISE HUMANITAIRE

 

Les maris d’Ahlam et de Tasmeem sont pêcheurs. Avant la guerre, leurs revenus couvraient pleinement leurs besoins. Mais avec l’arrivée à Abyan, les deux familles ont dû repartir de zéro.

Ahlam nous dit ne pas avoir les moyens de préparer trois repas par jour. Le matin, elle fait du pain avec de la farine, fournie par une organisation d’aide aux déplacés internes. Les enfants le mangent avec du thé. Pour le déjeuner, elle achète des pommes de terre et du gombo. Rarement elle peut se permettre d’acheter du poisson. ‘’S’il me reste de l’argent, j’achète des spaghettis. Je les cuisine pour mes petits comme une surprise. Ils adorent ça ! Quand je vois la joie sur leurs visages, cela me donne de l’énergie pour entamer une nouvelle journée”. Un jour, – se souvient Ahlam avec les larmes aux yeux, – elle avait seulement 500 Riyals, un équivalent de 50 centimes. Elle a pu acheter un petit sachet de riz pour nourrir seulement les plus petits enfants. “C’était une décision très difficile à prendre. Je leur ai dit que j’étais désolée.., et que j’allais essayer de faire mieux demain.”

"C'est comme si nous étions coincés dans un cycle sans fin de désespoir et d'impuissance. Quant au bonheur, il ne vient qu'à petites doses"
Ahlam and her son Ramiz portrait at their house in Abyan Almakhzan, Yemen. photo credit Nada Al-Saqaf
Ahlam
Abyan, Yémen

Lors de notre dernière visite, Tasmeem, entourée par ses enfants, était en train de préparer le repas. Selon elle, la cuisson devrait prendre une heure, mais en réalité cela s’étale sur deux et trois heures parce que le vent éteint la flamme, et qu’elle doit la rallumer constamment. Elle utilise une lampe torche pour faire à manger car la maison ne dispose pas d’électricité. Quand il n’y a pas d’eau, elle doit marcher environ une heure pour aller en chercher et ramener un lourd bidon d’eau. Parfois la famille mange juste du pain avec du thé toute la journée, faute d’avoir de l’argent. “Pourquoi nous ne pouvons pas avoir une vie normale ?”, s’exclame Tasmeem, désespérée.

La peur de ne pas pouvoir s’en sortir pèse lourdement, provoquant parfois des crises d’anxiété chez les parents. L’insécurité de l’emploi et la volatilité du marché ne permettent pas aux familles de planifier les dépenses ou même prévoir de stocks. Les déplacés internes vivent dans les maisons sans eau ou électricité, tout en payant le loyer mensuel insurmontable.

 

BIENVENUE DANS NOTRE NOUVELLE MAISON

 

Tasmeem vit avec son mari et ses six enfants dans une seule chambre, dans laquelle elle a aménagé un coin cuisine. La famille dort dans une cour ouverte sans toit afin de profiter d’air frais durant la nuit, même si ça présente des risques à cause des scorpions. Au moment où l’on parle avec elle, sa maison est remplie de rires d’enfants qui courent partout. Peu importe les difficultés, l’envie est avant tout de continuer à entendre leurs voix et voir leurs sourires.

 

Tasmeem's children watching TV Tasmeems house living room Abyan Almakhzan Photo credit Nada Al-Saqaf for Action Against Hunger © Nada Al-Saqaf pour Action contre la Faim

Yémen

© Nada Al-Saqaf pour Action contre la Faim

Tasmeem cooking in her yard using simple tools Abyan Almakhzan photo credit Nada Al-Saqaf for Action Against Hunger © Nada Al-Saqaf pour Action contre la Faim

Yémen

© Nada Al-Saqaf pour Action contre la Faim

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Tasmeem comme Ahlam reçoit régulièrement des menaces d’expulsions à cause de la hausse du loyer qui a récemment augmenté à 13000 riyals, soit 13 dollars par mois. Ce montant est important pour leurs familles, mais leur permet de préserver au moins une fraction de ce sentiment temporaire de bonheur et d’enfance heureuse. Leur seul rêve est de rentrer chez elles et de rebâtir leurs foyers, pour que l’argent qu’elles gagnent ne se perde pas dans le loyer mais serve à nourrir les petits.


L’histoire de Tasmeem et Ahlam est un témoignage poignant sur le drame humain qui se déroule actuellement sous les yeux de la communauté internationale. Le Yémen demeure la plus grande crise humanitaire au monde. Elle résulte d’un conflit armé brutal qui s’est intensifié il y a sept ans, tuant et blessant des dizaines de milliers de civils et causant d’immenses souffrances au peuple yéménite. Le pays compte près de 4 million de déplacés internes, des milliers de civils tués et blessés (Humanitarian Needs Overview 2021).

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