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5-min © Mohanad Waqas Yasin Mahmoud pour Action contre la Faim

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yémen

Au Yémen, la population peine à satisfaire ses besoins fondamentaux

En 2023, 21,6 millions de personnes avaient besoin d’une aide humanitaire selon les Nations unies¹. Des années de combats ont exacerbé les vulnérabilités préexistantes, entraînant l’effondrement des services publics essentiels et des activités économiques et augmentant la dépendance à l’égard de l’aide humanitaire.

Aujourd’hui, les yéménites manquent de nourriture, d’eau, d’accès aux soins de santé primaire et de santé mentale, tandis que la baisse des financements et les tensions régionales menacent de dégrader davantage leurs conditions de vie.

 

 

Une situation humanitaire toujours alarmante

 

Sous l’effet conjugué du conflit et du déclin économique, le Yémen continue en effet à enregistrer des niveaux critiques d’insécurité alimentaire. En 2023, 17 millions de yéménites se trouvaient en situation d’insécurité alimentaire tandis que le taux de malnutrition aigüe chez les femmes et les enfants au Yémen restait parmi les plus élevés du monde, avec 1,3 million de femmes enceintes ou allaitantes et 2,2 millions d’enfants de moins de 5 ans nécessitant un traitement contre la malnutrition aiguë².

Les ressources alimentaires nationales étant insuffisantes pour répondre aux besoins de la population, le pays est largement dépendant des importations de denrées alimentaires. Or, du fait de la dépréciation du rial yéménite par rapport au dollar américain, de l’augmentation des prix sur les marchés, du manque d’opportunités d’emploi et des faibles salaires, ces denrées essentielles sont devenues inabordables pour une grande partie de la population.

Ainsi, de nombreuses familles s’endettent tandis que d’autres doivent limiter la quantité de nourriture et se rabattent sur des aliments à faible qualité nutritionnelle. « Lorsque nous constatons que certains produits commencent à manquer, nous réduisons les repas jusqu’à la prochaine distribution de nourriture. Parfois, la famille dort le ventre vide », témoigne le père de six enfants dont Zakia, une fillette de 1 an traitée pour malnutrition aigüe dans le gouvernorat de Hajjah. Il n’est pas rare que les adultes, et notamment les mères de famille, se privent de nourriture pour en donner à leurs enfants. Dans les cas les plus extrêmes, l’absence totale de ressources favorise le recours au travail infantile ou au recrutement des enfants dans des groupes armés³.

Zakia 1-min
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Zakia waving
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La dégradation de la qualité de l’eau du fait du déclin économique et d’importants dommages aux infrastructures d’eau et d’assainissement, en particulier dans les zones affectées par le conflit, continuent d’entraver l’accès à l’eau potable et à usage domestique pour près de 15,3 millions de yéménites. Ce manque d’accès aux ressources en eau et aux produits pour traiter l’eau accroît le risque d’épidémies liées à l’eau contaminée telles que le choléra, dont l’impact avait été particulièrement dévastateur de 2016 à 2019⁴.

En 2023, 23 millions de yéménites avaient besoin d’assistance dans le domaine de la santé, dans un contexte où seulement la moitié des établissements de santé fonctionnent pleinement et où les centres de santé manquent de personnel spécialisé. En outre, l’éloignement des centres de santé, la non-disponibilité du type de de service requis et le prix élevé des soins constituent des obstacles majeurs dans l’accès à une assistance sanitaire de qualité et la prise en charge rapide et efficace de la malnutrition⁵.« Avant l’ouverture du centre de santé de Duban⁶, nous avions des difficultés à obtenir des services de santé et de nutrition. Il n’y a pas d’unité de santé près de notre village et nous n’avons pas d’argent pour nous rendre à l’hôpital avec nos enfants malades. Nous restions donc là, prostrés et impuissants », explique le père de Zakia.

La persistance du conflit, les déplacements forcés, la détérioration de la situation économique, la pauvreté et les pénuries alimentaires exacerbent la prévalence de troubles mentaux, qui touchent toutes les communautés et toutes les couches sociales du pays⁷. Plus d’un quart des yéménites, soit plus de 8 millions de personnes, souffriraient de troubles mentaux tels que la dépression, le stress post-traumatique ou la schizophrénie.

Malgré l’ampleur de cette crise de santé publique, il n’existe pas de programme national de santé mentale au Yémen et seuls 10 % des établissements de santé primaire au Yémen disposent d’un personnel formé pour identifier ou traiter les troubles mentaux⁸. La stigmatisation qui entoure la santé mentale retarde les traitements et, en dévalorisant les professions qui y sont liées, décourage la formation des étudiants.

 

Agir dans un contexte difficile

 

En 2022, les équipes d’Action contre la Faim (ACF) avaient fourni une aide essentielle à plus de 388 940 personnes (229 205 femmes et 159 735 hommes) à Aden, Al Khawkah, Hodeida, Hajjah, et Abyan. Nos actions visent à améliorer la santé et l’état nutritionnel des populations vulnérables, à soutenir la réhabilitation des infrastructures sanitaires et d’accès à l’eau potable et à l’hygiène et à fournir un appui psychologique et psychosocial aux personnes affectées par la violence et les abus.

 

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A l’instar d’autres organisations humanitaires, nous évoluons dans un contexte d’insécurité et nous nous heurtons à de nombreux obstacles bureaucratiques dans l’acheminement de l’aide, en particulier dans le nord-ouest du pays. Par ailleurs, de nombreuses restrictions à la liberté de mouvement des employées humanitaires féminines nationales (mahram) compromettent l’acheminement de l’aide aux femmes et aux jeunes filles.

En dépit de besoins humanitaires croissants, la capacité d’intervention des organisations humanitaires est limitée par la baisse des financements : en 2023, uniquement 32% des demandes de financement avaient été satisfaites. Le manque de financements a notamment contraint le Programme alimentaire mondial (PAM) à annoncer une « pause » du programme d’assistance alimentaire générale (GFA), avec un impact sur 9,5 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans le nord du Yémen. En raison de cette baisse de l’aide alimentaire, une détérioration au niveau de la zone jusqu’à l’urgence (phase 4 de l’IPC) est prévue dans plusieurs gouvernorats sous les autorités basées à Sanaa, où plus de la moitié de la population recevait auparavant une aide humanitaire, durant la période de février à mai 2024⁹.

La recrudescence des hostilités en mer Rouge et sur le territoire yéménite suite à l’offensive d’Israël contre le Hamas, qui a mis un frein aux efforts de paix, ainsi que la récente désignation des Houthis comme organisation terroriste par l’administration Biden menace de prendre la population en étau. Dans les mois à venir, cela pourrait faire grimper les prix, perturber davantage les chaînes d’approvisionnement et l’acheminement d’une aide humanitaire vitale pour les communautés.

 


[1] https://www.unocha.org/publications/report/yemen/yemen-humanitarian-response-plan-hrp-2024-january-2024

[2] https://reliefweb.int/report/yemen/battling-malnutrition-yemen-helping-children-recover-and-thrive

[3] https://reliefweb.int/report/yemen/acaps-thematic-report-yemen-coping-strategies-al-habilin-and-al-jiblah-09-february-2024

[4] L’épidémie de choléra au Yémen constitue une des pires épidémies de l’histoire récente, avec près de 2,5 millions de cas et environ 4000 décès.

[5] HeRAMS, 2021.

[6] Le centré de santé de Duban est un centré de santé soutenu par Action contre la Faim dans le gouvernorat de Hajjah.

[7] Une étude menée par Action contre la Faim du 20 novembre au 7 décembre dans les gouvernorats de Marib, Abyan, Lahj et Al Hudaydah auprès des leaders communautaires révèle que les problèmes psychologiques seraient principalement dus au conflit et à la détérioration de la situation économique.

[8] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6734841/

[9] With assistance paused, some SBA areas to deteriorate to Emergency (IPC Phase 4) | FEWS NET

 

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