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Témoignages

« Quasiment tous les enfants du quartier sont tombés malades à cause du puits »

Mangily, au Sud Ouest de Madagascar est habituellement bien connu des touristes visitant la Grande Ile pour ses plages de sable blanc et sa douceur de vivre…

Aujourd’hui loin des hôtels et des boutiques de surf, la population subit les effets du passage du cyclone Haruna et de la brusque montée des eaux qu’il a provoqué. « Avec le cyclone, le niveau de la mer est monté et a envahi nos maisons. Aujourd’hui, près de 3 semaines après le cyclone, l’eau commence à peine à se retirer » explique Gauthier Sabary, un pêcheur vivant avec sa famille sur les zones côtières. « L’eau a tout charrié avec elle et a tout contaminé : nos maisons ont été inondées et les deux puits de notre quartier ont été complètement submergés. Dans les puits, on pouvait voir des objets, des déjections humaines et animales et beaucoup de boue. Comme en plus de l’eau de mer était rentré dedans, l’eau était salée. Mais, comme nous n’avons pas d’autres puits, après quelques jours, quand l’eau s’est retiré des maisons et qu’on a à nouveau eu accès à nos habitations, on a recommencé à la boire.»

« Nos enfants ont commencé à tomber malade avec des diarrhées très violentes. Un de mes fils est  malade » poursuit Gauthier.

Clarisse, qui habite la maison d’à côté au sol encore humide renchérit « Sovin, mon fils de trois ans souffre aussi de diarrhées violentes. Tout le quartier dépend de ces deux puits. Nous n’avons pas d’autres choix que de la boire  ».

Madagascar

Face au risque sanitaire et très inquiet pour la santé des enfants, Gauthier est rapidement allé à la rencontre des équipes d’Action contre la Faim quand il a entendu que l’organisation était dans la ville pour nettoyer les puits.

Depuis le passage du cyclone, les équipes d’ACF spécialisées en eau et assainissement passent de puits en puits dans toute la zone affectée par le cyclone pour désinfecter les puits et tenter de limiter les risques sanitaires et épidémiques. Les structures d’accès à l’eau et à l’assainissement sont très insuffisantes structurellement dans cette région du pays où la plupart des gens ne possèdent ni latrines ni puits construits avec des systèmes de protection. La plupart du temps, dans les zones rurales notamment, il ne s’agit que d’un trou creusé dans le sol, ouvert à toutes les contaminations possibles.

Madagascar

Face à cela, les centres de santé de la zone ont observé très rapidement une augmentation drastique des consultations médicales pour des cas de diarrhées et de maladies liées à l’eau. De plus, Madagascar est une zone endémique de choléra, la dernière grande épidémie a eu lieu en 2000 ; limiter la contamination et éviter une potentielle épidémie de choléra est une priorité. Il s’agit d’aller très vite pour faire baisser rapidement le nombre de malades atteints de diarrhées.

Stéphane, hydraulicien, a rapidement mis en place 4 équipes de chloration. Elles passent aujourd’hui de villages en villages pour pomper, nettoyer et chlorer tous les puits qui le nécessitent. En deux semaines, une centaine de puits ont déjà été nettoyé ! Un défi dans un pays où il n’existe aucun recensement des puits existants et où l’accès à de très nombreux villages est encore problématique. « Nous en profitons d’ailleurs pour recenser systématiquement les différents types de point d’eau afin de pouvoir transmettre ces listes aux services techniques de la zone et aux autres ONG intéressés. Ce nettoyage est une action d’urgence « choc » : le but est de faire baisser au plus vite les risques de contamination, et les cas de diarrhées sur toute la zone affectée par le cyclone. Mais la grande majorité de ces points d’eau auraient besoin d’améliorations substantielles pour que l’eau soit davantage protégée et potable. On espère qu’ACF ou un autre organisme pourra le faire dans un deuxième temps, mais pour l’instant personne n’a les financements nécessaires pour cela » explique Stéphane.

En attendant, Gauthier met la main à la pâte pour le nettoyage du puits : la pompe a été installée dans le puits, l’eau sale a été pompée et évacuée, il s’agit de descendre maintenant dans le puits pour enlever les déchets et la boue emmagasinée au fond. Les seaux de boue sortent les uns après les autres. Du chlore est finalement aspergé sur les parois du puits pour aider à tuer les bactéries présentes. Des tests seront ensuite effectués pour s’assurer du niveau de chlore dans l’eau. Dans le même temps, au fur et à mesure le puits se re-remplit mécaniquement grâce à la nappe phréatique située dessous. Tout en regardant le phénomène de cette eau propre qui rejaillit  progressivement, Gauthier répète en regardant le puits « je suis bien content qu’on ait pu nettoyer ces deux puits. Sans vous, on aurait continué à la boire et les enfants auraient continué à être malades. »

Les maladies diarrhéiques sont la deuxième cause de mortalité des enfants de moins de cinq ans à Madagascar.

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