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Colombie Bogotá 2018 Rocío García Migrantes Venezuela (38) © Rocío García
pour Action contre la Faim

Témoignages

Venezuela

Nairin, migrante : « J’ai abandonné ma maison pour dormir dans la rue »

Dans son pays natal, Nairin se levait tous les matins pour pétrir le pain. C’était son métier, ce qui lui permettait de nourrir ses deux filles. Jusqu’au jour où elle n’avait plus rien à pétrir. Quelques mois auparavant son mari a vu l’avenir qui les attendait et a décidé de partir pour la Colombie. Il a trouvé du travail rapidement et envoyait ses économies à sa famille pour qu’elle puisse le rejoindre avec leurs deux filles. A ce moment-là, l’idée d’abandonner son chez-soi n’avait pas l’air si horrible, ils allaient tous se retrouver sous le même soleil après tout, mais sans toit.

"J’ai abandonné ma maison pour dormir dans la rue, c’est quelque chose que je n’avais jamais imaginé."
Nairin
Colombie

Partir à l’aventure

Le chemin laissait déjà présager le niveau de difficulté de sa nouvelle vie et les obstacles que le destin leur réservait. « Tout l’argent que j’avais nous a permis d’aller jusqu’à Bucaramanga, j’ai donc dû poursuivre mon chemin à pieds avec mes deux enfants ». Son mari les attendait à San Gil, ville située un peu plus au sud. « Comme si nous partions à l’aventure nous avons donc continué notre route en marchant. » C’est l’une des épreuves les plus difficiles qu’elle ait eu à surmonter, devoir se déplacer à pied, seule avec ses enfants et de trouver les mots pour que ses deux filles continuent à mettre un pied devant l’autre. Malgré toutes ces épreuves elle n’a pas l’ombre d’un doute, si elle pouvait revenir en arrière « j’aurai pris les mêmes décisions que j’ai prises aujourd’hui, au Venezuela nous n’avions plus de quoi manger ou de médicaments pour nous soigner ».

Désormais d’autres problèmes commencent à se faire sentir non seulement sur son état physique mais aussi sur son mental. La vérité c’est que cette crise a retourné sa vie et elle l’a accepté avec résignation. Mais cette situation ne n’a pas juste changé sa vie mais celle de ses filles aussi, et c’est ce qui l’empêche de dormir la nuit, c’est ce qui lui trotte dans la tête à chaque moment de la journée. « Les petites ne l’ont pas accepté, elles me demandent de retourner à la maison et ne comprennent pas pourquoi on a abandonné notre maison pour dormir sur un matelas au milieu de nulle part. »

CO_Bogotá_2018_RocíoGarcía_MigrantesVenezuela (11) © Rocío García pour Action contre la Faim

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Une vie sans dessus dessous

Sans aide concrète ou soutien de la part des institutions publiques les vénézuéliens arrivés en Colombie font face à de grandes difficultés pour trouver un emploi qui leur permettrait donner un sens à sa vie et lui permettre de récupérer sa dignité. Nairin et sa famille survivent dans les environs de la station de bus de Salitre grâce à la générosité de la population locale qui offre des repas ou des vêtements aux vénézuéliens. A quelques pas il y a un camp géré par la mairie mais du fait de l’arrivée massive de migrants le camp est saturé et ne peut accueillir tous ces migrants, qui arrivent remplis d’incertitudes.

 

 

Nombreux sont les vénézuéliens qui arrivent à la station et avec eux des besoins tout aussi importants. D’un cas à un autre les besoins changent, allant d’une tente pour passer la nuit à un accès aux toilettes, à de l’eau potable et à des soins médicaux. Cet espace n’est pas reconnu officiellement donc la garantie d’avoir un accès aux services de base est inexistante. Ainsi, le peu de pesos colombiens qu’elle récolte en mendiant elle les utilise pour payer les toilettes de la station de bus pour que ses filles puissent se laver. La plus grande a 6 ans, parfois elle croise d’autres filles qui vont à l’école et elle demande à sa mère pourquoi elle ne va pas à l’école elle aussi. « Que veux-tu répondre quand la réalité est si dure à accepter ? Je ne ne veux pas que ma fille souffre alors je lui dis ici tu es trop petite pour aller à l’école mais bientôt tu pourras y retourner » confie-t-elle, incapable de savoir si elle dit vrai ou non.

CO_Bogotá_2018_RocíoGarcía_MigrantesVenezuela (8) © Rocío García pour Action contre la Faim

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Colombie

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Elle espère qu’avec son mari ils trouveront un emploi et arrêteront un jour de marcher. Mais surtout elle espère qu’elle pourra dormir sur ses deux oreilles, sans se réveiller en pleine nuit prise par la peur que quelque chose de mal puisse arriver à ses filles. Elle espère ne plus jamais avoir à leur dire de mensonges.

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