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RCA SMPS © Cristophe Da Silva pour Action contre la Faim

Témoignages

République Centrafricaine

Le lien parent-enfant, essentiel pour soigner la malnutrition

Selon le Plan de réponse humanitaire 2019, 2,2 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire pour accéder aux services de base. L’ampleur et la complexité de la crise centrafricaine ont entraîné une mobilisation de la communauté humanitaire qui s’est manifesté par l’arrivée d’un nombre importants d’acteurs visant à répondre aux besoins urgents de la population. Le manque de financement continue d’entraver la capacité des humanitaires à rester et à fournir l’assistance nécessaire face à l’augmentation constante et instable des besoins.

Les pratiques de soins infantiles inadaptées et les problèmes de santé mentale représentent à la fois des causes et des conséquences associées à la malnutrition. Depuis août 2018, l’Unité Nutritionnelle Thérapeutique (UNT) du Complexe Pédiatrique de Bangui (CPB) est financée à travers des projets d’Action contre la Faim soutenus par le fonds Bêkou (espoir en Sango), le Fonds fiduciaire européen pour la République Centrafricaine. Nos programmes en Santé Mentale et pratiques de Soins permettent de réduire l’impact de la sous-nutrition en renforçant la résilience psychosociale de la structure familiale et en améliorant le lien entre les parents et l’enfant pour le sortir de la malnutrition. 

 

Sensibiliser à la malnutrition

 

C. est une petite fille de 7 ans, originaire de Bangui, la capitale. Le 3 janvier 2019, elle est arrivée au Complexe Pédiatrique de Bangui dans un état critique du fait d’une hospitalisation tardive. Elle était accompagnée de sa tante qui est sa mère de substitution, C. n’a pas connu ses parents. Sa mère biologique est décédée quelques semaines après l’accouchement et son père ne l’a jamais reconnue. Ignorant les signes de la malnutrition, la tante pensait que la maladie devait être traitée par des guérisseurs traditionnels. De nombreuses croyances entourent les symptômes liés à la malnutrition. C. hurlait la nuit et ne mangeait pas, la tante a d’abord cru à un envoutement. Elle a consulté plusieurs tradipraticiens jusqu’à ce que l’un d’entre eux lui dise d’amener son enfant à l’hôpital. Pendant ce temps l’état de santé de C. s’est dégradé.

 « Souvent, des bénéficiaires privilégient le recours aux méthodes traditionnelles. Notre rôle est de donner des conseils et d’expliquer. Ils acceptent alors la prise en charge mais pour une minorité, ça bloque. Il faut amener la personne à comprendre pour accepter la prise en charge » explique David, Chargé d’information, d’éducation et de communication, À Bangui.

 

C. hurlait la nuit et ne mangeait pas, sa tante a d’abord cru à un envoûtement. Elle a consulté plusieurs tradipraticiens jusqu’à ce que l’un d’entre eux lui dise d’amener son enfant à l’hôpital. Pendant ce temps l’état de santé de C. s’est dégradé.

La tante a amené la petite aux urgences de l’hôpital, le personnel a conclu qu’elle souffrait d’anémie. C. a été prise en charge aux urgences pédiatriques pendant 2 jours, très affaiblie elle avait du mal à parler. Elle a ensuite été orientée à l’Unité Thérapeutique Nutritionnelle, son état de dénutrition était total. Elle ne pesait que 13,4 kg pour 1,14 m à son admission. Elle a été directement transférée en salle de réanimation dans un état comatique.

L’équipe soignante a dû la placer sous oxygène pendant 3 semaines. Durant cette période, elle ne parlait pas, ne réagissait pas à la présence des adultes, ni aux mots, ni aux caresses, y compris de sa tante maternelle.

"C’était comme si elle ne sentait la présence de personne."
Hermine
Bangui, Chargée de Pratiques de Soins

Nos équipes l’ont nourrie au lait thérapeutique à l’aide d’une sonde. A partir de la deuxième semaine, elle a commencé à réagir mais il était encore difficile pour elle d’ouvrir les yeux. Cette période a été difficile pour la tante. Durant la phase de coma de l’enfant, la tante a été accompagnée par les chargés de pratiques de soins et a bénéficié d’une prise en charge psychologique individuelle sur 6 entretiens lui apporter un soutien durant cette hospitalisation mais aussi de l’aider via des techniques de relaxation.

 

Renforcer le lien parent enfant

 

Nos Chargés de Pratiques de Soins lui ont aussi montré comment stimuler l’enfant doucement. Cette implication directe vers le rétablissement de C. aide à renforcer la relation entre le parent et l’enfant. En réalisant des stimulations corporelles avec des balles en mousse nous animons le corps de l’enfant, ses muscles et de l’aider à sortir de cet état de torpeur symptomatique de la maladie.

RCA pratiques de soins © Cristophe Da Silva pour Action contre la Faim

© Cristophe Da Silva pour Action contre la Faim

Au bout de 3 semaines, elle a commencé à ouvrir les yeux et à réagir avec des petits gémissements et des expressions sur son visage. Elle commençait à bouger les doigts, les pieds, se tourner un peu sur le côté et réagissait à l’appel de son prénom. Elle ne nécessitait plus d’oxygène mais a encore passé quelques jours en réanimation avant d’être en phase aiguë.

Chaque jour, la tante maternelle est venue dans l’espace Santé Mentale et Pratiques de Soins (SMPS) pour participer aux ateliers de bains et massages. Après 1 mois, C. a réussi à retrouver la station assise sans support mais ne communiquait toujours pas ou difficilement. Elle ne répondait que par des hochements de tête mais pouvait tenir son gobelet de lait seule témoignant d’un regain de forces.

Après 1 mois et demi elle commençait à marcher toute seule, se dirigeait vers les chevaux à bascule, les trottinettes. Ces jeux l’ont beaucoup aidée à reprendre des forces et finalement à pouvoir remarcher.

La tante a continué à participer aux groupes de discussions et apportait des témoignages aux autres bénéficiaires sur l’importance de la prise en charge. Son dévouement a fortement participé au rétablissement de C. et souligne l’importance du lien d’attachement entre un parent et son enfant.

 

Résultats

Grâce à l’équipe SMPS, la mère adoptive a pu trouver un soutien et des conseils pour l’aider au quotidien. C. a été déchargée du CPB le 11 février avec un poids de 14,5 kg. Elle a été transférée à l’Unité Nutritionnelle Thérapeutique Ambulatoire de St Joseph où elle poursuit actuellement sa prise en charge.

Nos équipes formées en Santé Mentale et Pratique de soins luttent contre l’impact de la santé mentale de la population en tant que cause et conséquence de la malnutrition. Grâce à nos programmes sur la promotion des bonnes pratiques de soins nos médecins favorisent l’amélioration du bien-être des enfants et des accompagnants pour limiter les conséquences de la malnutrition sur le développement des enfants et sur le lien parents-enfants.

Depuis le démarrage de nos activités, ce sont 711 enfants malnutris (nouvelles admissions) qui ont été pris en charge par nos équipes au sein de l’UNT du CPB. Les chargés de pratiques de soins ont organisé 675 ateliers de psycho-stimulations et animé 545 groupes de discussions pour les enfants de plus et de moins de 5 ans. Une prise en charge individuelle a été mise en place pour 72 personnes qui ont tous pu améliorer leur état de bien-être.

 

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