Des formations en santé mentale pour lutter contre la faim

La succession de crises au sein de la République Centrafricaine continue d’engendrer une déchirure du tissu social à travers des déplacements, des séparations, abandons et même des décès. Cette déchirure fragilise la résilience des populations au niveau individuel, familial et communautaire.

A ces mouvements de population s’ajoutent la perte de biens et de l’emploi. Les difficultés financières associées plongent les individus affectés dans un état de perte de contrôle sur leur propre avenir.

Le personnel de santé local n’est pas toujours préparé ou formé à ce type de situations. Au Centre Pédiatrique de Bangui, nous conduisons des formations en Santé mentale en incluant un volet sur la nutrition mais aussi les bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement. Nos équipes luttent contre l’impact des traumas sur la santé nutritionnelle de la population et notamment des enfants à travers la diffusion de bonnes pratiques de soins.

Formations en Santé Mentale

En avril 2019, le département de Santé Mentale d’Action contre la Faim a organisé une formation autour des bonnes pratiques de soins en insistant sur la stimulation motrice des enfants malnutris par le massage. Cette formation renforce les compétences des chargés d’information, d’éducation et communication (IEC) sur la psycho stimulation des enfants pour améliorer la qualité globale de la prise en charge. Au terme de ces sessions, les IEC doivent être autonomes quant à l’animation d’un atelier de massage.

David a suivi une formation d’Action contre la Faim sur la prise en charge de la malnutrition aigüe sévère avec une approche en nutrition et santé mais aussi en santé mentale et pratiques de soins. Il a également été formé en pratiques d’hygiène et assainissement sur les infrastructures hydrauliques en milieu hospitalier.

Pour pérenniser ces formations théoriques, la mise en pratique est indispensable. « Aujourd’hui je suis capable de le faire en autonomie, c’est venu avec la pratique. J’ai commencé par une session en observation, puis j’ai co-animé avant d’être le seul animateur » nous dit David, satisfait de ce renforcement de capacité. Il a participé en tout à 6 sessions de supervisions formatives et s’est montré très impliqué et bienveillant envers les patients. « L’autonomisation de David à l’issue de ces supervisions formatives témoigne que la formation théorique révèle les aptitudes de chacun et les compétences s’acquièrent par l’expérience. » conclut Privat, adjoint responsable programmes SMPS, qui a encadré ces supervisions.

Masser contre la malnutrition

La malnutrition est liée à de nombreuses causes et conséquences, souvent en lien avec de mauvaises pratiques de soins. Son impact sur le développement moteur de l’enfant n’est plus à prouver. Nos ateliers de massage de nourrissons et enfants en bas âge permettent de diminuer les effets nocifs de la malnutrition.

Le massage joue un rôle clé dans le lien entre les parents et enfants. C’est un moment d’échange, de douceur, d’apaisement, un moment pour se reconnecter l’un à l’autre. Ces massages sont effectués par les accompagnants montrent aux parents différentes techniques qu’il pourront ensuite appliquer chez eux.

Au-delà des ateliers de massages nous conduisons des séances de sensibilisations, menées par nos médecins et avec des anciens parents de patients. L’échange qui se fait à travers les témoignes de parents qui ont eu des enfants dans le centre et ceux qui viennent de faire admettre le leur permettent de sensibiliser sur l’importance de la prise en charge, et d’éviter d’avoir recours aux pratiques et coutumes traditionnelles.

Résultats

La stimulation motrice par le massage est une thématique qui vient compléter leur champ de compétences en réponse à des difficultés éprouvées par la population. Les parents n’ont pas le réflexe de consulter un médecin lorsque leurs enfants présentent des signes de handicap ou des retards de développement, souvent en lien avec la malnutrition. Grâce à nos formations, le personnel médical est préparé à ce type de cas, récurrent dans les pays secoués par des conflits.

Au total 24 personnels de santé (20 femmes et 4 hommes) toutes disciplines confondues travaillant au sein de l’UNT (Unité nutritionnelle thérapeutique) du Centre pédiatrique de Bangui ont pu bénéficier de formations sur des thématiques en lien avec la santé mentale et l’approche psychosociale de la malnutrition. 4 agents chargés d’information, d’éducation et de communication (3 femmes et 1 homme) ont participé à des supervisions formatives sur le thème de la stimulation motrice par le massage des enfants de moins de 5 ans. Notre équipe Santé Mentale et Pratique de Soins (SMPS)  organisera d’autres supervisions formatives au cours de l’année à l’intention du personnel du Centre Pédiatrique de Bangui. Depuis août 2018, l’UNT du CPB est financé à travers des projets d’Action contre la Faim soutenus par le fonds Bêkou (espoir en Sango), le Fonds fiduciaire européen pour la République Centrafricaine.