Faire un don

Votre navigateur internet n'est pas à jour.

Si vous souhaitez visionnez correctement le site d'Action contre la Faim, mettez à jour votre navigateur.
Trouvez la liste des dernières versions des navigateurs pris en charge ci-dessous.

ju-aux-gonaives-1.jpg

Témoignages

Julien Eyrard, coordonateur en Eau, Hygiène et Assainissement, Haïti

ju-aux-gonaives-1.jpg

Venir en aide aux victimes des cyclones

Septembre 2008 : le nord d’Haïti est frappé par une succession de cyclones destructeurs. Action contre la Faim intervient alors en urgence et met en place divers programmes pour aider la population à se relever. Pour redonner accès à une eau potable aux habitants de Gonaïves, les équipes eau-hygiène-assainissement d’ACF installent 20 réservoirs souples qui sont quotidiennement alimentées en eau par des camions citernes. 300 puits et forages individuels sont également réhabilités, et 14 kiosques de vente d’eau remis en service. En zone périurbaine, 40 pompes à main sont mises en place. Les 6 premiers mois qui suivent le passage des cyclones constituent la phase d’urgence. « Nous avons ensuite développé des programmes de post-urgence grâce au soutien d’ECHO notamment : nous avons réhabilité une quarantaine de forages, 10 latrines scolaires et 10 réseaux d’eau… », explique Julien.

En parallèle, des séances de promotion à l’hygiène sont organisées afin de sensibiliser la population. « Ces séances étaient mises en place dès la phase d’urgence. Il y avait des séances de groupe, mais aussi des séances à domicile. On faisait du porte à porte pour expliquer aux habitants l’importance des bonnes pratiques d’hygiène. Dans des conditions comme celles-ci la promotion de l’hygiène est la clé pour éviter les épidémies», précise Julien. Concernant l’assainissement, une problématique est soulevée. « A Gonaïves, 75% des maisons sont équipées de sanitaires. Le problème, c’est qu’ils ne sont jamais vidangés, et quand il y a des inondations, ils débordent ». Pour remédier à cela, Julien et son équipe ont un projet. « L’objectif était de sensibiliser les familles à la question, mais aussi et surtout de revaloriser le métier de vidangeur en fournissant du matériel et des formations aux personnes intéressées », raconte Julien. Un projet qui ne pourra pas voir le jour immédiatement. Et pour cause.

Quand les cyclones laissent place au séisme

« Un an après mon arrivée à Haïti, la situation s’était améliorée, et je pensais que la deuxième année de ma mission allait être plus calme, plus axée sur du développement », confie-t-il. Le calme sera de courte durée puisque le 12 janvier, le tremblement de terre secoue violemment le pays. A ce moment-là, Julien se trouve dans les bureaux d’ACF, qui ne résisteront pas au séisme. Il prend immédiatement conscience de la gravité de la situation. « Il faut dire qu’avant la catastrophe, j’avais participé à un programme de gestion des risques et des désastres que l’on menait à Port de Paix, au Nord-Ouest d’Haïti. Lors d’une réunion, un spécialiste nous avait indiqué qu’il y avait un risque important de séisme, car Haïti se situe sur deux failles sismiques. Alors quand la terre a commencé à trembler, j’ai tout de suite compris que cela allait être dramatique », raconte-t-il. Difficile à imaginer, mais la catastrophe aurait pu être bien pire, car « il existe plusieurs risques sismiques dans la région, y compris sur des failles plus importantes ».

Rapidement, il faut s’organiser pour répondre à l’urgence. « Comme il n’y avait pas de projet Eau et Assainissement sur Port au Prince avant la catastrophe, il a fallu tout créer : des nouveaux programmes, des nouvelles équipes… », explique Julien. Pour son équipe, deux priorités : fournir de l’eau potable aux centaines de milliers de déplacés et gérer la question de l’assainissement et de l’hygiène dans les sites de regroupement. Une cinquantaine de réservoirs souples sont installés et 20 camions tournent en permanence pour les ravitailler. Au final, 100 000 personnes ont pu bénéficier de cette distribution d’eau. « Pour la promotion à l’hygiène, nous avons fait des sensibilisations individuelles, comme à Gonaïves après les cyclones. Sauf qu’au lieu de faire du porte-à-porte, nous passions de tente en tente », raconte-t-il. Pour les latrines, l’équipe ACF se heurte à des difficultés importantes. Dans les rues de la capitale haïtienne, il n’est en effet pas possible de creuser pour installer les latrines comme cela se fait habituellement, en partie parce que la plupart des déplacés sont installées sur des propriétés privées. « Finalement, nous avons opté pour des latrines de chantier que nous avons louées à une entreprise haïtienne. Il reste toutefois un problème important : ces latrines doivent être vidangées et il n’existe pas de lieu dédié à cela. Tout est donc vidé dans la décharge publique, pour l’instant il n’y a pas d’autre solution ».

Aujourd’hui, 8 mois après le séisme, il reste encore beaucoup à faire dans tous les domaines. La reconstruction d’Haïti est un travail de longue haleine, et le risque que survienne une nouvelle catastrophe n’est pas exclu avec notamment la saison cyclonique qui n’est pas encore terminée.

Quant à Julien, après avoir vécu deux situations d’urgence en à peine plus d’un an, il a quitté Haïti et travaille maintenant au siège d’ACF à Paris au sein du Département Scientifique et Technique sur des programmes d’assainissement. Une façon pour lui de pouvoir mieux repartir ensuite…

Restez informés de nos dernières nouvelles