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Témoignages
le 12 janvier 2010 un séisme a frappé l’île de Haïti. Julien Eyrard était présent et raconte le déroulement de la catastrophe.
Nos équipes sur place ont tenu un journal de bord relatant les réactions et les étapes qui nous ont permis de répondre rapidement et efficacement à l’urgence. Julien Eyrard se souvient de la catastrophe lors d’un entretien téléphonique et nous raconte comment il a vécu le séisme.
« À la base, nous n’avions aucun programme à Port au Prince, il y avait juste un bureau, nos bases terrain étaient situées dans d’autres parties de l’île.
Ce jour-là j’étais au bureau comme tous les jours, c’est arrivé en fin d’après-midi vers 17h il n’y avait plus grand monde dans l’immeuble, heureusement. Je passais un coup de fil à une autre coordinatrice qui était dans une de nos bases, celle de Gonaive. D’un coup, j’ai senti le sol trembler, j’étais au rez-de-chaussée Olivier, le chef de mission et d’autres collègues se trouvaient à l’étage. Pris de peur j’ai juste eu le temps de sauter par la porte, juste avant que l’étage où se trouvaient mes collègues ne cède. Le gardien qui était dans la cuisine n’a jamais été retrouvé mes autres collègues en sont sortis indemnes. Ils ont eu la chance que le toit ne se soit pas effondré sur eux. Sophie, la collègue avec qui j’étais au téléphone a juste eu le temps de m’entendre dire : ‘il y a un tremblement de terre !’ C’est comme ça qu’elle a su. »
Après le séisme les communications étaient coupées impossible d’avoir qui que ce soit au téléphone à Port au Prince. La collègue de Julien a contacté le siège pour les prévenir de la catastrophe, ce qui a permis de prendre une légère avance sur la situation.
"C’était du jamais vu, c’était la première fois dans l’histoire qu’une catastrophe humanitaire de cette ampleur avait lieu en milieu urbain."
Sophie, après que la conversation avec Julien ait été coupée suit les procédures en cas de soucis et appelle le téléphone d’urgence. A l’autre bout du fil, Patrick un des quatre responsables géographiques de l’organisation est de permanence 24h sur 24h. Elle l’informe de la rupture de la communication et du bruit important qu’elle a entendu avant que la ligne soit coupée.
Après avoir établi avec Sophie un premier état des lieux afin de savoir où se trouve les membres de l’équipe ce soir-là, et devant la gravité de la situation, Patrick contacte Florence Daunis, directrice des opérations à Action contre la Faim au siège parisien.
Les premières informations tombent déjà : 7.3 sur l’échelle de Richter ! Des destructions massives sont déjà mentionnées. L’état de catastrophe majeure est déclaré et une alerte au Tsunami est lancée.
Florence contacte Isabelle, responsable géographique en charge d’Haïti et l’informe de la situation. Elle lui demande de trouver tous les N° de téléphone connus de la base de Port-au-Prince afin d’appeler les deux expatriés, Julien et le chef de mission Olivier, présents sur place.
Isabelle appelle Florence. Gaétan et elle pensent qu’il est urgent de contacter Port-de-Paix, notre autre base, car la maison est près de la mer. En cas de tsunami, les équipes seraient extrêmement vulnérables…mais les lignes téléphoniques haïtiennes ne fonctionnent plus.
Isabelle, Florence et Gaëtan tentent sans relâche et désespérément de joindre les équipes sur place pour s’assurer de leur état et évaluer l’étendue du sinistre mais les moyens de communications avec Haïti sont interrompus : les N° de téléphone d’Olivier et Julien et les téléphones satellites ne répondent pas.
Les premières images de la catastrophe sont diffusées à la télévision. Nous sommes toujours sans nouvelles de la trentaine d’employés basés à Port-au-Prince.
Sophie est allée voir un organisme de l’ONU en quête d’informations, ses interlocuteurs n’ont plus de contact avec la base UN à Port-au-Prince mais ils savent que Canapé vert est sévèrement touché. L’information nous broie le cœur : c’est là où se situe notre bureau.
Elle a croisé Handicap International. Leur bureau est « par terre ». Ils sont dans le même quartier que nous. Les infos se recoupent ….
Florence appelle le centre de crise du ministère des affaires étrangères afin de savoir s’ils ont plus d’informations. Ils lui confirment les destructions massives et que le quartier de Canapé Vert est touché.
Le ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner, annonce que la France se prépare à apporter une aide d’urgence en Haïti.
Florence envoie un message à tous les directeurs d’Action contre la Faim pour les prévenir qu’une situation de détresse majeure se dessine.
Oliver, chef de mission d’Action contre la Faim en Haïti, appelle le téléphone d’urgence. Il vient de rejoindre son domicile. Il va bien malgré une entorse. Le bureau d’Action contre la Faim et nos véhicules sont totalement détruits. Les équipes nationales étaient avec nous au bureau. Tous s’en sont sortis sauf l’un de nos gardiens, Wesner, pour qui nous nous inquiétons beaucoup car il pourrait être sous les décombres du bureau.
Sur place, Julien et ses collègues sont rentrés chez eux, sonnés de ce qui venait de se produire, pour retrouver leurs proches. Ils se donnent rendez-vous le lendemain au bureau.
Julien : « J’ai retrouvé ma compagne de l’époque, on a passé la nuit dehors à écouter la radio. Le lendemain matin je suis parti, le siège d’UNICEF était sur le chemin du bureau, j’ai décidé de m’arrêter pour voir s’ils avaient plus d’informations sur la situation. Mes collègues ont eu la même idée ainsi que d’autres associations. Nous nous sommes retrouvés avec des représentants d’Oxfam, UNICEF etc. Un des staff d’UNICEF a eu l’idée de vérifier si le local où le matériel et les vivres étaient stockés avait été endommagé. Il était intact, c’est là que nous avons pu commencer des distributions avec les moyens du bord.
Ensuite je suis retourné au bureau, mon collègue Olivier avait pu récupérer le téléphone satellite chez lui. Nous avons appelé le siège pour un rapatriement de matériel et de produits de première nécessité, puis nous avons appelé nos collègues dans les autres bases pour qu’ils descendent à la capitale avec le matériel qu’ils avaient.
Le lendemain un avion de Paris arrive avec le matériel et les stocks d’urgence. C’est là que nous avons pu établir notre premier point de distribution d’eau potable.
"Le problème était l’accès et la distribution de l'eau à la population."
Nous avons procédé à une évaluation rapide des besoins. Dès les premiers jours nous avons compris que la production d’eau ne serait pas un problème, le réseau d’infrastructures en eau n’avait pas trop subi de dégâts. »
« Le problème était donc l’accès et la distribution de cette eau à la population. Le premier problème à survenir était donc l’approvisionnement en eau du camp du Champs de Mars, en plein centre-ville pas loin de la Mairie, c’était un peu les Champs Élysées de Port au Prince. »
« C’était du jamais vu, c’était la première fois dans l’histoire qu’une catastrophe humanitaire de cette ampleur avait lieu en milieu urbain. Cette situation était donc beaucoup plus complexe, nous n’avions pas d’espace, il a fallu improviser notre réponse d’urgence que l’on avait l’habitude de donner dans des espaces plus éloignés des villes. »
Suite à une catastrophe la priorité est l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène. Tout d’abord car c’est un besoin de première nécessité mais surtout car après ce type de catastrophe la consommation d’eau impure augmente, les personnes boivent l’eau qu’elles trouvent et cette eau peut contenir des maladies. Le choléra n’avait jamais été présent sur l’île, il ne constituait pas une menace à l’époque même s’il est apparu plus tard de manière extérieure, mais d’autres maladies diarrhéiques étaient en cause.
« Très vite le problème de l’assainissement est survenu, le camp du Champs de Mars n’avait pas de latrines et la Mairie ne pouvait/voulait pas nous donner des autorisations pour créer une fosse, un des défis de fournir une réponse d’urgence en milieu urbain, il a donc fallu improviser. Dans la ville il y a un célèbre carnaval qui a lieu chaque année, il y avait donc une entreprise qui louait des toilettes portables, un peu comme sur les chantiers, nous en avons loué 600. Ces toilettes ne faisaient que 200 Litres chacune, ce qui se remplit très vite, nous avons donc décidé de les vider tous les soirs dans une décharge grâce à des camions. »
Ce système de latrines a permis d’empêcher le développement d’épidémies et de fournir un minimum sanitaire aux sinistrés.
« Nous pouvions produire de l’eau potable puis on la distribuait avec des camions citernes. Nous avons formé 200 bénévoles, des personnes formées en santé publique pour la plupart des infirmiers, des étudiants etc. Pour mener un maximum de séances de sensibilisation et de promotion de mesure d’hygiène auprès de la population. »
En un mois les équipes sur place ont réussi à mettre un dispositif efficace pour maintenir un accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène. Grâce à des associations et fondations comme Aquassistance et Veolia des stations de traitement de l’eau ont été livrées par avion.
1,5 millions de litres d’eau ont été distribués à près de 400 000 haïtiens chaque jour pendant l’année qui a suivi le séisme. Nous avons distribué des kits d’urgence à la population ainsi qu’un soutien psychologique individuel à 1600 personnes.
Les équipes d’Action contre la Faim ont dû agir rapidement après la catastrophe afin de mettre en place des mesures pour soutenir la population haïtienne. Malgré tout, le séisme de 2010 résonne encore dans les esprits. Nous continuons à accompagner la population dans la lutte contre la sous-nutrition et le retour à une vie normale.
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