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La protection sociale est un droit humain proclamé par différents textes, dont la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Pourtant, plus de quatre milliards de personnes en âge de travailler sont privées de ce droit.
Dans le monde, seulement 26,5% des femmes bénéficient d’une couverture totale. Action contre la Faim sort un nouveau rapport dans lequel elle demande aux associations en Côte d’Ivoire, à Madagascar et en Sierra Leone à quoi devait ressembler une protection sociale féministe selon elles ?
La protection sociale contribue à la justice sociale et à l’égalité des genres. Elle permet de lutter contre la pauvreté en assurant à chaque personne d’être protégée contre les incertitudes du futur. Elle est définie comme l’ensemble des politiques publiques qui contribuent à la couverture de divers risques et évènements tout au long de la vie : maladie, naissance, invalidité, vieillesse, accident du travail, décès, charges de famille, perte de revenus, etc. La protection sociale comprend à la fois des transferts directs aux ménages et aux individus (transferts monétaires ou en nature) et des prestations de services essentiels de qualité à prix abordables ou gratuits (centres pour la petite enfance, santé, eau et assainissement, etc.). Elle peut être contributive ou non-contributive, volontaire ou obligatoire.
En l’absence de systèmes universels de protection sociale et de services publics abordables, accessibles et de qualité, les populations en situation de pauvreté se retrouvent seules quand elles doivent faire face à des chocs : la perte de revenu, l’incapacité de travailler ou encore l’aide à un membre du foyer malade.
La pauvreté que connaissent la majeure partie des femmes dans les pays où Action contre la Faim travaille est multifactorielle. Parmi ces facteurs, la surcharge de travail domestique non reconnu et non rémunéré est un facteur clé. En effet, les femmes sont celles qui, le plus souvent, portent la charge du foyer car elles effectuent la majeure partie du travail domestique non rémunéré. Ce sont elles aussi qui sont responsables de gérer les crises que traverse la famille, par exemple en assurant la même quantité et qualité de nourriture aux enfants alors même que le ménage connaît une baisse de revenus.
Les inégalités d’accès au marché du travail et les rôles sociaux assignés aux femmes font qu’elles sont sur-représentées dans les secteurs sociaux peu rémunérateurs ou dans l’économie informelle qui n’offre pas de revenus fixes et aucune protection sociale. A l’échelle mondiale, seules 26,5% des femmes en âge de travailler (à partir de 15 ans) bénéficient d’une couverture totale, contre 34,3% des hommes.
Le temps passé à effectuer le travail domestique à autrui est autant de temps que les femmes ne peuvent pas dédier à une activité génératrice de revenus, à leur repos, à leur éducation, à leur participation à la vie collective. Ceci limite leurs capacités à sortir de la pauvreté, voire l’accroît.
La protection sociale, permettrait alors aux femmes une reconnaissance, une réduction et une redistribution de ce travail domestique non rémunéré, et un amoindrissement de ses effets délétères :
Action contre la Faim sort un nouveau rapport “Comment avancer vers une protection sociale féministe en Afrique Sub-Saharienne ?” dans lequel elle demande aux associations en Côte d’Ivoire, à Madagascar et en Sierra Leone à quoi devrait ressembler une protection sociale féministe.
Dans ces trois pays, qui mettent en place des programmes de protection sociale différents mais qui ont des taux de couverture et d’adéquation des prestations bas, les associations dressent le constat que :
Les femmes travaillent, ce sont même celles qui travaillent le plus car elles combinent à la fois des emplois informels mal payés et le travail domestique au sein du foyer. Alors que cette surcharge de travail affecte leur autonomie financière, les Etats n’ont pas les moyens d’étendre la protection sociale à l’économie informelle en Afrique Sub-Saharienne.
Dans ces contextes où l’économie informelle prédomine, Action contre la Faim estime qu’il est urgent de mobiliser des ressources domestiques via d’autres pistes de financements, en commençant par mettre fin aux politiques d’austérité imposées par le FMI et de Banque Mondiale qui sapent la capacité des Etats à déployer les socles universels de la protection sociale.
Sans la fourniture de services essentiels accessibles et abordables, le poids des pratiques de soins repose sur les épaules des femmes. Des services publics universels de meilleure qualité sont ainsi une demande de plaidoyer féministe en Afrique Sub-Saharienne et leur renforcement demeure un préalable indispensable au développement des socles universels de la protection sociale.
Conformément aux revendications des sociétés civiles, Action contre la Faim estime qu’une protection sociale féministe passe avant tout par le renforcement des systèmes de santé primaire, en particulier en matière de santé sexuelle et reproductive, le déploiement de services de garde d’enfants de qualité et l’intégration des risques spécifiques aux violences basées sur le genre aux systèmes de protection sociale.
Les normes patriarcales de genre font peser l’essentiel des pratiques de soins sur les femmes mais ce travail de soins non-reconnu et non-rémunéré est considéré comme relevant uniquement de la sphère domestique. La nécessaire réduction et la redistribution de ces tâches entre la famille et l’Etat ne sont donc pas encore une priorité politique en Afrique Sub-Saharienne.
Pour reconnaître, réduire et redistribuer ce travail de soins non rémunéré grâce à la protection sociale, Action contre la Faim estime ainsi qu’il est avant tout nécessaire de contribuer à une meilleure prise de conscience politique de l’ampleur du travail de soins non rémunéré assigné aux femmes et de son impact sur la pauvreté et la faim.
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