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ACF_FSL_MPCA_Zarghon village, Nadi Ali district, Helmand, 10 June 2024 photo by Sayed Rahman (2) © Sayed Rahman pour Action contre la Faim.

Communiqués de presse

Afghanistan

Trois ans après, les Afghans paient le prix de la négligence de la communauté internationale

Fortement dépendants de l’aide humanitaire, les Afghans sont piégés dans un cycle de pauvreté, de déplacements et de désespoir. L’Afghanistan risque de devenir une crise oubliée sans un soutien et un engagement soutenus de la part de la communauté internationale, avertissent Action contre la Faim (ACF), CARE International (CARE), le Conseil danois pour les réfugiés (DRC), International Rescue Committee (IRC), INTERSOS, Islamic Relief Worldwide (IRW), Norwegian Refugee Council (NRC), People in Need (PiN), Save the Children International, et World Vision International (WVI).

L’Afghanistan subit des chocs à répétition. Tandis que la crise économique s’éternise, les séquelles de décennies de conflits, l’impact du changement climatique, et l’exclusion des femmes de la vie sociale ont eu des effets dévastateurs sur le pays. Malgré l’amélioration générale de la situation sécuritaire dans le pays, qui a permis d’accéder à de nombreuses régions autrefois inaccessibles, de nombreux défis continuent de nous empêcher d’atteindre efficacement tous ceux qui sont dans le besoin. Le plan de réponse aux besoins humanitaires de l’Afghanistan (HNRP) 2024 indique qu’environ 23,7 millions de personnes auraient besoin d’une aide humanitaire, dont 52 % d’enfants et 25 % de femmes. L’insécurité alimentaire est endémique, 6,3 millions de personnes sont toujours déplacées à l’intérieur du pays et le chômage a doublé par rapport à l’année dernière.

Bien que l’aide humanitaire ait été une bouée de sauvetage pour les afghans, l’appel de fonds humanitaire pour 2024 n’a reçu que 25 % des fonds demandés à la date du 13 août 2024. La diminution du financement humanitaire a un impact négatif sur la vie quotidienne des gens, et le manque de financement pour les programmes à moyen et long terme n’a fait qu’augmenter les vulnérabilités sous-jacentes, alourdissant le fardeau humanitaire.

Cette année, 343 cliniques mobiles ont déjà fermé leurs portes, soit 52 % de l’ensemble des cliniques mobiles du pays. Cette situation a eu un impact significatif sur la réponse sanitaire et nutritionnelle, les populations n’étant pas en mesure d’accéder aux services vitaux essentiels. Avec 12,4 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, la situation devrait s’aggraver, ce qui pourrait priver plus d’un demi-million d’enfants malnutris d’une alimentation vitale. Les mères sont également touchées de manière disproportionnée ; elles sont généralement les dernières à manger et ce sont elles qui se nourrissent le moins.

Les familles, en particulier les ménages dirigés par des femmes, sont contraintes de prendre des décisions éprouvantes pour survivre. Elles doivent notamment en relocaliser leurs familles à l’intérieur du pays, souvent en rejoignant des camps informels, en effectuer des trajets périlleux à travers les frontières et envoyer les enfants travailler. Le déficit croissant du financement humanitaire avec l’interruption de l’aide au développement depuis août 2021, plonge le pays et sa population dans une pauvreté et une vulnérabilité encore plus grandes.

Les signataires de cette lettre soulignent que la crise actuelle en Afghanistan ne peut être résolue par la seule aide humanitaire et qu’une réponse globale, durable et adaptée au contexte de la part de la communauté internationale est nécessaire. L’Afghanistan a désespérément besoin d’une aide au développement à long terme pour s’attaquer aux causes profondes de la pauvreté. L’engagement diplomatique est essentiel pour créer un environnement favorable en Afghanistan qui soutiendra l’augmentation des efforts d’aide internationale afin d’inclure des projets de développement parallèlement à l’aide d’urgence.

L’approche isolationniste actuelle de la plupart des pays donateurs ne permet pas de trouver des solutions durables aux problèmes auxquels sont confrontés les afghans, en particulier les enfants, les femmes, les groupes ethniques et autres groupes marginalisés. Cela nécessite une coopération permanente entre les acteurs de l’aide humanitaire et du développement, y compris les organisations locales, avec le système de coordination dirigé par les Nations unies, afin de garantir un engagement collectif, stratégique et fondé sur des principes avec les autorités de facto pour résoudre les problèmes opérationnels (y compris une série d’obstacles bureaucratiques et administratifs, des difficultés à transférer des fonds vers l’Afghanistan), faciliter une réponse rapide aux crises et mener des actions de sensibilisation cruciales dans le respect des normes internationales en matière de droits humains. 

Les acteurs humanitaires en Afghanistan estiment que l’inaction de la communauté internationale coûte cher aux Afghans les plus vulnérables. En l’absence d’efforts rapides pour renforcer l’engagement diplomatique et un financement durable à plus long terme, les Afghans, en particulier les femmes et les filles, souffriront pendant des années. La pauvreté est presque systématique et les besoins humanitaires augmentent en raison de la crise économique croissante, des effets du changement climatique, de la situation de crise quant aux droits des femmes et de la diminution de l’aide.

Nous appelons la communauté internationale à :

  1. Accroître l’engagement humanitaire et diplomatique avec les autorités de facto afin d’améliorer notre capacité à atteindre toutes les personnes dans le besoin, à fournir une aide efficace, efficiente et équitable, et à pousser les autorités de facto à adhérer aux normes internationales en matière de droits de l’Homme, y compris ses obligations à l’égard des femmes comme des hommes. L’établissement de relations à long terme et un engagement continu avec le Ministère des Affaires étrangères, étayés par une expertise en matière de négociations sur l’accès humanitaire et de dialogue politique, sont de plus en plus importants si l’on veut relever les défis les plus fondamentaux auxquels l’Afghanistan est confronté.
  2. Pour éviter que le pays ne s’enfonce davantage dans la pauvreté et l’isolement, les donateurs doivent renforcer le retour du développement et la programmation et le financement à plus long terme pour construire des communautés résilientes. Cela devrait inclure des investissements dans l’agriculture transformatrice intégrant la dimension de genre, l’adaptation au changement climatique, les approches fondées sur le marché pour les chaînes de valeur alimentaires, l’accès aux services financiers pour les petits exploitants agricoles et pour les micro et petites entreprises dirigées par des femmes. Les partenaires humanitaires se mobilisent de plus en plus pour fournir des solutions durables fondées sur des principes et ayant un impact en Afghanistan, et il existe des possibilités tangibles d’augmenter et d’élargir les meilleures pratiques.
  3. La protection de l’espace humanitaire doit rester une priorité essentielle pour garantir une réponse humanitaire fondée sur les besoins et les principes dans le pays. Au fil des ans, les partenaires humanitaires ont fourni une assistance aux communautés dans le respect des principes humanitaires. Nous demandons instamment à la communauté internationale de continuer à les soutenir.
  4. La communauté internationale devrait chercher à coopérer avec le Ministère des Affaires étrangères sur des questions d’intérêt mutuel, telles que le développement économique, tout en maintenant des exigences clés telles que la levée des obstacles bureaucratiques et administratifs et l’octroi d’un accès humanitaire sans entrave à travers le pays.
  5. Financer intégralement le plan de réponse aux besoins humanitaires de l’Afghanistan et maintenir le financement humanitaire essentiel, dans le cadre duquel il conviendrait d’augmenter le volume et la qualité du financement des organisations de la société civile afghane, en particulier les organisations dirigées par des femmes et les organisations de défense des droits des femmes ainsi que les organisations de personnes en situation de handicap, afin que les partenaires aient accès à un financement de qualité et que les organisations humanitaires puissent soutenir les personnes les plus vulnérables et les plus marginalisées.
  6. La poursuite de la programmation multisectorielle sensible au genre devrait être soutenue en veillant à ce que tous les programmes humanitaires intègrent une forte perspective de genre et répondent aux besoins et aux droits spécifiques des femmes et des filles. Pour poursuivre les approches sectorielles sensibles au genre ainsi que les services spécialisés, les partenaires humanitaires ont besoin d’un financement flexible, afin que les groupes les plus vulnérables continuent à recevoir les services dont ils ont le plus grand besoin.
  7. Les gouvernements donateurs doivent continuer à rassurer les prestataires de services financiers sur leur capacité à faciliter les transactions à destination et à l’intérieur de l’Afghanistan, afin d’accroître la confiance du public et du privé dans les affaires en Afghanistan et d’atténuer les obstacles actuels au transfert de fonds dans le pays.

Note aux éditeurs:

On estime à 23,7 millions le nombre de personnes qui auront besoin d’une aide humanitaire en Afghanistan en 2024. Malgré la gravité des besoins, seuls 25 % des 3,06 milliards USD nécessaires à la réponse humanitaire ont été financés jusqu’à présent cette année.

Le nombre de personnes déplacées de longue durée s’élèvera à 6,3 millions d’ici à juin 2024.

Environ 680 000 Afghans sont rentrés en Afghanistan depuis le Pakistan depuis septembre 2023, entrant majoritairement dans le pays au poste-frontière de Torkham (OIM).

L’Afghanistan enregistre une amélioration marginale malgré les chocs climatiques et les prix élevés des denrées alimentaires, poussant 14,2 millions de personnes à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire. (Analyse IPC mai-octobre 2024)

L’Afghanistan souffre de phénomènes météorologiques extrêmes et de catastrophes environnementales. Plus récemment, en juillet 2024, de graves inondations ont touché 29 districts à travers Badakhshan, Baghlan, Kunar, Laghman, Nangarhar et Nuristan, endommageant les maisons, les cultures et les infrastructures et affectant 1 925 familles (OCHA). Un tremblement de terre d’une magnitude de 6,3 a touché la région de Herat en octobre 2023, touchant 2,2 millions de personnes et endommageant plus de 47 000 maisons (OCHA).

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