© Peter Caton pour Action contre la Faim
En Immersion
Ethiopie
L’accès à l’eau: un combat du quotidien pour Loko
Dans le sud de l’Éthiopie, lorsque la saison des pluies se termine, une longue période de soif commence. Les habitants des villages reculés de la région de Borena, en particulier les femmes, doivent marcher pendant toute une journée pour aller chercher de l’eau.
« Je marchais jusqu’au sommet de la montagne et redescendais dans la même journée juste pour aller chercher de l’eau. Je partais à 6 h du matin et je revenais vers 18 h. Je marchais pendant des heures pour un jerrycan d’eau », se souvient Loko, une mère célibataire de cinq enfants. « [Et] l’eau était contaminée. Nous n’en avions pas assez pour pouvoir boire et pour notre vie quotidienne. Nous avons beaucoup souffert. »
Même enceinte de plusieurs mois, elle marchait toute seule pendant 12 heures par jour, en portant de lourds récipients d’eau qui duraient à peine une journée à sa famille.
"J’ai beaucoup souffert parce que je suis seule avec cinq enfants"
Loko
Ethiopie, Borena
« Je n’avais pas d’âne pour transporter l’eau, donc je portais le récipient sur mon dos sur cette longue distance. À mon retour, je n’avais même pas assez d’énergie pour préparer à manger. J’étais très fatiguée et j’avais besoin de me reposer pendant quelques heures, mais mes enfants avaient faim. Et parfois, je n’avais rien à leur cuisiner, donc je demandais de l’aide à mes voisins. »
Les enfants de Loko passaient leurs journées seuls à la maison. La plupart des habitants de son village faisaient le même trajet qu’elle pour aller chercher de l’eau, et les autres partaient chercher de l’herbe pour leur bétail très tôt, donc Loko n’avait personne pour s’occuper de ses enfants.
© Peter Caton pour Action contre la Faim
© Peter Caton pour Action contre la Faim
© Peter Caton pour Action contre la Faim
« J’ai beaucoup souffert parce que je suis seule avec cinq enfants », déclare Loko. Elle leur laissait de la nourriture pendant son absence, mais ils la finissaient plusieurs heures avant son retour. Elle s’inquiétait constamment pour eux.
Lorsque Loko rentrait chez elle, elle devait judicieusement répartir le contenu de son jerrycan. Elle utilisait le peu d’eau qu’elle pouvait ramener pour des activités nécessaires pour survivre : prendre un bain et laver le linge n’en faisaient pas partie.
"Je n’utilisais cette eau que pour cuisiner et pour boire. Nous ne lavions nos vêtements que lorsqu’il pleuvait"
Loko
Ethiopie, Borena
© Peter Caton pour Action contre la Faim
© Peter Caton pour Action contre la Faim
Action contre la Faim est intervenue dans le village de Loko en y installant un nouveau point d’eau et un grand réservoir. La communauté a désormais un accès continu à de l’eau propre et potable. « Aujourd’hui, nous souffrons beaucoup moins », dit Loko.
Le premier jour où le point d’eau a pu être utilisé a été une véritable fête pour la communauté. En effet, les avantages d’un accès facile à l’eau vont bien au-delà de pouvoir boire et cuisiner.
« L’endroit où nous allions chercher de l’eau [avant] n’était pas protégé. Les animaux la buvaient et la contaminaient. Grâce au point d’eau qu’Action contre la Faim a construit, nous avons le temps de faire d’autres choses, car nous n’avons plus à marcher pendant des heures pour aller chercher de l’eau », explique Loko.
« Nous pouvons couper du bois pour le vendre au marché et acheter de la nourriture. J’ai le temps de laver les habits de mes enfants. J’ai le temps de leur préparer des repas. J’ai le temps de les laver, et même de jouer avec eux et de prendre soin d’eux. Sans le point d’eau, rien de tout cela ne serait possible », déclare Loko.
Les nouvelles vont vite, même dans ces zones reculées d’Éthiopie. Les jours de marché, Loko se rend dans la ville la plus proche et se réunit avec des amies d’autres villages. Depuis qu’Action contre la Faim a construit le point d’eau, plusieurs de ces amies ont remarqué que Loko avait soudain l’air en très bonne santé.
« Les membres d’autres communautés me demandent comment nous avons fait pour construire ce point d’eau. Tout le monde aimerait avoir un accès facile à l’eau dans son village. Les gens ont remarqué que mon visage était plus rayonnant, que les vêtements de mes enfants étaient propres, que nous n’avions pas soif et que nous avions assez d’eau pour nous faire à manger. Depuis qu’Action contre la Faim a construit ce point d’eau, nous avons tout. »
© Peter Caton pour Action contre la Faim
© Peter Caton pour Action contre la Faim
Le rêve de Loko est que les autres villages puissent eux aussi prospérer et avoir accès à plus d’opportunités.
« Nous avons la chance de pouvoir accéder facilement à ce point d’eau, mais il y a d’autres villageois qui habitent loin d’ici et qui n’ont rien. Lorsque je les vois, je leur explique que nous ne souffrons plus, alors qu’eux doivent encore aller chercher de l’eau très loin. Cela me rappelle les difficultés que j’ai eues dans le passé », explique Loko.
« Action contre la Faim a résolu notre problème. Maintenant, nous aimerions qu’ils viennent en aide aux autres communautés qui n’ont pas accès à une eau propre et potable », poursuit-elle. « S’ils pouvaient aider d’autres communautés autant qu’ils nous ont aidés, ce serait merveilleux. »
Nos équipes d’Éthiopie s’efforcent de réaliser le rêve de Loko : de l’eau et de la prospérité pour tous. Nous élargissons l’accès à l’eau dans les villages reculés et les petits peuplements de tout le pays.
« Cette eau est comme du lait pour nous, nous la buvons et cela nous rend heureux », explique Loko. « Nous l’utilisons pour boire du thé en famille, en la mélangeant avec un peu de lait. Mes enfants adorent ça. »
