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Communiqué de presse

Ukraine 2025
© Anton Shynkarenko

Ukraine : Trois ans de guerre et de vies brisées

Depuis trois ans, une guerre de haute intensité bouleverse la vie de millions de citoyens ukrainiens. Plus de 12,7 millions de personnes, soit 40 % de la population, ont besoin d’aide humanitaire. Cette crise humanitaire sévère est à un tournant critique, notamment en raison de la baisse des financements.

L’Ukraine est l’une des plus grandes crises de déplacement au monde, avec 6,8 millions de personnes ayant fui le pays et 3,6 millions déplacées à l’intérieur depuis février 2022. Plus de 80 % des déplacés dépendent de l’aide humanitaire depuis plus d’un an, mais ils peinent à trouver des solutions pérennes.

Neuf millions d’Ukrainiens vivent désormais dans la pauvreté. La destruction des infrastructures et la fermeture des commerces ont conduit à un taux de chômage atteignant 22 % dans les régions proches de la ligne de front. Dans ces zones, l’augmentation des prix et la perte des moyens de subsistance menacent la sécurité alimentaire.

Pour soutenir les personnes affectées par le conflit, Action contre la Faim fournit une assistance financière en espèces, des bons alimentaires, des kits d’hygiène, des soins de santé, des formations professionnelles et une aide à la création d’entreprise dans les régions de Soumy, Kharkiv, Donetsk, Dnipro et Zaporijia. « Avec l’avancée des forces russes, au cours de la seconde moitié de 2024, plus de 200 000 personnes ont dû être évacuées de leurs maisons. Ces personnes ont du mal à se loger, et la limitation des prestations versées par le gouvernement aux déplacés, depuis mars 2024, a laissé de nombreuses personnes dans une situation encore plus précaire », explique Ionuț Raita, Directeur d’Action contre la Faim en Ukraine.

Une équipe de santé mobile pour atteindre les plus vulnérables

Le conflit a gravement perturbé l’accès aux services de santé. Les attaques répétées contre les infrastructures de santé et la pénurie de médicaments et de personnel limitent davantage l’accès aux soins. Pour relever ces défis, Action contre la Faim a mis sur pied des équipes de santé mobiles qui se rendent dans des zones difficiles d’accès, dans les régions de Dnipro et Kharkiv. Ces équipes, composées d’un médecin, d’une infirmière, d’une sage-femme et d’un gynécologue, fournissent des soins de santé et des médicaments aux personnes les plus vulnérables.

Valeriy, médecin généraliste au sein de l’équipe médicale mobile d’Action contre la Faim, a longtemps travaillé comme médecin de famille et comme directeur d’une clinique ambulatoire de médecine générale. « J’ai moi-même été affecté par les actions militaires puisque je suis actuellement déplacé. Je suis originaire de la région de Zaporijia. En raison de la guerre, j’ai également dû quitter ma maison, mon travail et mes amis. Je pense que c’est là l’une de nos principales missions : aider les gens à survivre à ces épreuves et leur fournir une assistance », explique Valeriy.

« Les histoires de nos patients sont touchantes. Il y a cette jeune femme, dont le mari est mobilisé sur le front. Elle attend son troisième enfant et a deux enfants en bas âge. Elle s’inquiète pour eux et gère seule tous les problèmes. A travers notre travail, nous nous assurons que les femmes comme elle sont soutenues et qu’elles ne sont pas seules », s’émeut Anastasia, gynécologue au sein de l’équipe mobile d’Action contre la Faim.

 

La santé mentale se détériore

La menace des frappes aériennes, les déplacements, la perte d’êtres chers et la perte des moyens de subsistance ont plongé de nombreux Ukrainiens dans une détresse profonde. Dix millions de personnes sont ainsi susceptibles de souffrir de troubles mentaux à court ou moyen terme.

La santé mentale des enfants, dont certains sont privés d’enseignement formel depuis quatre ans du fait de la pandémie de COVID-19 et de la guerre, est particulièrement menacée. « Chaque alarme aérienne accentue non seulement l’anxiété des enfants ukrainiens mais aussi leur perte d’apprentissage. Pour les enfants qui ne vont plus à l’école, l’enseignement à distance est rendu difficile par une connexion internet instable et les coupures de courant provoquées par les frappes aériennes », précise Ionuț Raita.

Un futur incertain à l’aune des réductions des financements

Les organisations humanitaires sont confrontées à deux défis principaux : la réduction de l’accès humanitaire, en particulier près de la ligne de front, et la réduction du financement, qui limite leurs ressources et les empêche de fournir une assistance complète.

En outre, la suspension de certaines opérations financées par l’aide américaine pourrait avoir un impact sur environ 20 000 personnes dans ces régions proches de la ligne de front. « En raison de cette suspension, l’accès aux soins pourrait devenir très limité pour 18 000 personnes vivant dans des zones reculées et dans des conditions précaires. Les sessions de soutien psychologique pour les enfants et adolescents déplacés et traumatisés ont dû être interrompues et environ 1 800 personnes en situation de grande vulnérabilité pourraient ne plus recevoir un soutien financier qui couvre leurs besoins essentiels », explique Ionuț Raita.

En 2025, Action contre la Faim, en collaboration avec six partenaires locaux et deux partenaires internationaux, souhaite atteindre 97 559 personnes dans quatre domaines clés : la santé, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, le soutien psychologique, l’eau, hygiène et assainissement et le renforcement de capacités pour les organisations de la société civile. Plus que jamais, le soutien international à cette crise reste crucial pour éviter une aggravation de la situation humanitaire.