• Soudan

Communiqué de presse

soudan 2025
© Action contre la Faim

La saison des pluies aggrave les épidémies de choléra et fragilise le système de santé

Au Soudan, la saison des pluies, qui s’étend de juin à octobre et atteint actuellement son apogée, a des conséquences dévastatrices.

Les fortes précipitations ont déjà provoqué des inondations généralisées, détruisant des infrastructures essentielles, favorisant l’apparition de maladies infectieuses, bloquant des routes importantes et entravant considérablement l’accès humanitaire aux communautés les plus vulnérables.

Cette situation se produit dans un pays déjà confronté à la pire crise humanitaire au monde en termes d’ampleur. Après plus de deux ans de conflit armé, 30 millions de Soudanais ont besoin d’une aide d’urgence et 25 millions souffrent d’une insécurité alimentaire aiguë. En 2024, l’ONU a mis en garde contre une famine à Zamzam (Darfour), la première depuis plus de sept ans.

Pluies torrentielles et épidémies incontrôlées de choléra

Les inondations causées par les pluies détruisent non seulement les habitations et les routes, mais contaminent également les sources d’eau, obligeant des milliers de personnes à consommer de l’eau insalubre et exacerbant le risque de maladies infectieuses.

Depuis le début de l’année, près de 40 000 cas et plus de 900 décès dus au choléra ont été signalés, et les épidémies devraient s’aggraver à mesure que les pluies se poursuivent. On constate également une augmentation des cas de diarrhée aiguë et de fièvre typhoïde, en particulier dans les zones surpeuplées telles que les camps de personnes déplacées, où l’accès à l’eau potable et à l’hygiène est pratiquement inexistant.

Cette situation pousse les systèmes de santé et d’assainissement, déjà fragiles, à leurs limites. Dans des régions telles que le Darfour, le Kordofan du Sud et le Nil Bleu, où 80 % des hôpitaux sont fermés et plus de 60 % des stations d’épuration sont hors service, il est presque impossible de répondre à la crise. Dans les camps surpeuplés tels que Zamzam, la situation est particulièrement critique en raison des conditions insalubres, de la surpopulation et du manque de soins médicaux adéquats, qui touchent particulièrement les femmes et les enfants.

Des conditions de famine déclarées

Selon la Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC), les conditions de famine déclarées dans le nord du Darfour et les montagnes occidentales de Nuba pourraient s’étendre à cinq autres endroits, avec 17 zones supplémentaires à risque. Dans les endroits où l’aide est la plus difficile à acheminer en raison de blocus ou de sièges, les populations survivent en mangeant du fourrage, des racines ou des herbes sauvages qui ne répondent pas à leurs besoins nutritionnels de base. Plus de 3 millions d’enfants de moins de cinq ans pourraient souffrir de malnutrition aiguë cette année, dont 770 000 dans sa forme la plus grave.

« Déclarer la famine est une mesure extrême, réservée uniquement aux situations les plus graves », explique Paloma Martín de Miguel, directrice des opérations en Afrique chez Action contre la Faim. « Cela signifie que la faim a atteint des niveaux si critiques que la vie d’une grande partie de la population est en danger imminent. Il s’agit d’une alerte maximale qui doit être prise avec tout le sérieux qu’elle mérite, car elle reflète le fait que le Soudan est confronté à la pire crise humanitaire de notre époque. »

Action contre la Faim, présente au Soudan depuis 2018, continue d’apporter son soutien dans les zones où l’aide humanitaire est insuffisante et où l’accès est fortement entravé par les violences persistantes, les déplacements massifs de population, les fortes pluies et les coupes budgétaires. « Nous travaillons également avec la communauté internationale dans divers forums afin de permettre à l’aide d’atteindre sans entrave les personnes qui en ont le plus besoin ».

Malgré les contraintes d’accès et l’insécurité, les équipes d’Action contre la Faim continuent de distribuer des kits alimentaires et agricoles dans les zones critiques, de mettre en place des cliniques mobiles pour apporter des soins médicaux à celles et ceux qui n’y ont pas accès et de protéger les femmes les plus vulnérables à la violence sexiste. Entre avril 2023 et décembre 2024, Action contre la Faim est venue en aide à plus de 1,2 million de personnes dans les États du Darfour central, du Kordofan du Sud, du Nil Blanc, du Nil Bleu et de la Mer Rouge grâce à des programmes de nutrition et de santé, d’eau, d’assainissement et d’hygiène, et de genre.