Communiqué de presse

Action contre la Faim alerte sur une famine confirmée au Soudan et appelle à un accès humanitaire immédiat
Paris/Madrid, le 3 novembre 2025. Action contre la Faim exprime sa profonde préoccupation face aux conclusions de la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), qui confirme l’existence d’une famine (Phase 5 de l’IPC) dans les villes d’El Fasher et de Kadugli, et avertit du risque imminent de famine dans 20 autres zones du Soudan. C’est la deuxième fois en moins d’un an que le Comité de révision de la famine (FRC) de l’IPC confirme la famine dans certaines parties du Soudan.
Selon le rapport, plus de 21 millions de personnes sont confrontées à des niveaux critiques d’insécurité alimentaire, et au moins 375 000 vivent dans des conditions catastrophiques, souffrant de faim extrême, de malnutrition aiguë et risquant la mort. 98 % des personnes en situation d’urgence ou de catastrophe sont concentrées au Darfour et au Kordofan, où les conflits armés, les déplacements massifs et les restrictions d’accès humanitaire ont provoqué l’effondrement des systèmes alimentaires et de santé.
« Le Soudan connaît une famine silencieuse qui menace de se transformer en catastrophe totale. El Fasher et Kadugli sont assiégées, sans accès à la nourriture, à l’eau ni aux soins médicaux. Les familles se nourrissent de feuilles bouillies, de coquilles d’arachides et d’aliments pour bétail. Cette situation est intolérable », déclare Samy Guessabi, directeur d’Action contre la Faim au Soudan.
« La communauté internationale ne peut pas détourner le regard. Nous avons besoin d’un cessez-le-feu immédiat, d’un accès humanitaire sans restriction et d’une mobilisation urgente de fonds pour sauver des vies. Chaque jour sans action est une condamnation à mort pour des milliers de personnes », ajoute-t-il.
Conflit, déplacements et flambée des prix alimentaires : les moteurs de la crise
Le conflit au Soudan a contraint des millions de personnes à fuir leur foyer, détruit les infrastructures essentielles — y compris 80 % des structures de santé — et limité sévèrement l’accès humanitaire. Bien que 2,6 millions de personnes soient retournées chez elles, plus de 9,6 millions restent déplacées. En parallèle, la crise alimentaire est aggravée par la hausse continue des prix, les pertes de récoltes et l’effondrement économique, laissant de nombreuses familles dans l’incapacité d’accéder aux denrées de base.
Les dernières données révèlent que plus de 60 % des localités évaluées présentent des taux de malnutrition aiguë globale supérieurs à 15 %, certaines zones du Darfour dépassant le seuil de 30 %, considéré comme un indicateur de famine. Le manque de données dans des zones telles que Dilling, Al Sunut et Habila empêche une classification précise, mais l’on craint que les conditions y soient également critiques.
Action contre la Faim appelle d’urgence les bailleurs de fonds, les organisations internationales et les acteurs politiques à placer le Soudan au cœur de l’agenda humanitaire mondial. Nous insistons sur le fait que seule une réponse coordonnée et durable, axée sur les communautés les plus touchées, peut éviter une tragédie encore plus grande.
Action contre la Faim au Soudan
Action contre la Faim intervient au Soudan en apportant une aide humanitaire dans des contextes de conflit extrême, en concentrant ses efforts sur la sécurité alimentaire, la nutrition, la santé, l’eau et l’assainissement. L’organisation lutte contre la famine et la malnutrition aiguë à travers des programmes de distribution alimentaire, de soutien aux moyens de subsistance, de transferts monétaires, ainsi que par le renforcement des systèmes locaux, tels que les cuisines communautaires et les groupes d’entraide. Nous œuvrons également à la protection, à la promotion de l’accès humanitaire et à la défense des droits civiques.