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Sindh : une province confrontée à des conditions climatiques extrêmes
Le Pakistan se trouve pris entre deux extrêmes — des inondations dévastatrices et des sécheresses au cours d’une même année — alors que le pays peine à s’adapter à des conditions climatiques de plus en plus erratiques.
À peine quelques mois après l’une des inondations les plus meurtrières, qui ont déplacé et affecté près de 6,9 millions de personnes à travers le pays, l’intérieur du Pakistan, en particulier la province du Sindh, est désormais confronté à l’extrême opposé : une grave sécheresse et une inquiétante pénurie d’eau.
Au Sindh, la pénurie d’eau potable fait désormais partie du quotidien. Dans l’ensemble, bien que 90 % de la population du Sindh ait accès à une source d’eau potable améliorée, seuls 24 % bénéficient de services d’eau potable gérés de manière sûre. À mesure que les nappes phréatiques deviennent salines, les cultures dépérissent et les moyens de subsistance s’effondrent. Dans Thatta et d’autres communautés rurales, accéder à de l’eau potable est un combat quotidien : l’eau est non seulement rare, mais souvent impropre à la consommation, mettant la santé des habitants en danger à long terme.
Acheminer de l’eau potable à Ramzan Babar
Dans le village de Ramzan Babar, la communauté se sent exposée à des risques sanitaires, car l’eau qu’elle utilise habituellement est dure, contaminée et impropre à la consommation, tandis que les structures de santé sont éloignées ou inexistantes. En septembre, les équipes d’Action contre la Faim ont distribué de l’eau potable et des kits d’hygiène afin d’améliorer la santé et les pratiques d’hygiène de la communauté.
Seema, 21 ans, mère de deux enfants, est également membre de l’équipe locale d’intervention d’urgence d’Action contre la Faim. Ayant étudié jusqu’en huitième année, Seema est considérée comme l’une des femmes les plus instruites de son village. Cela reflète le faible taux d’alphabétisation et le manque d’accès à l’éducation dans la région. Elle souffre de calculs rénaux que les médecins attribuent à des années de consommation d’eau dure et contaminée. Malgré ses problèmes de santé, Seema reste déterminée à protéger les autres membres de sa communauté, ainsi que ses propres enfants, des dangers liés à l’eau non potable. Grâce à la distribution de kits d’hygiène par Action contre la Faim, elle a reçu du savon, des récipients pour le stockage de l’eau et divers articles essentiels du quotidien afin d’assurer un environnement sûr et hygiénique pour elle et ses enfants.
Dans son village, chaque foyer possède un grand nombre d’oreillers, soigneusement garnis et ornés de délicates broderies faites à la main, reflet du riche patrimoine culturel du Sindh.
Aujourd’hui, Seema s’emploie activement à sensibiliser son village à la santé maternelle et infantile, à l’hygiène et à la vaccination, afin de protéger non seulement sa propre famille, mais aussi toute sa communauté. « Nous pouvons acheter de la nourriture à crédit, mais pas de l’eau. Je ne veux pas que mes enfants soient exposés à une eau contaminée. Je souffre de calculs rénaux, mais je ne veux que personne d’autre ne vive la même chose».
Faire face à la sécheresse : une réponse d’urgence
Kaz Bano, responsable de ses trois filles et de son fils handicapé, assure la subsistance de sa famille grâce à l’élevage d’un petit troupeau de chèvres et de buffles. La sécheresse extrême avait rendu l’approvisionnement en fourrage irrégulier, mettant en péril son bétail et sa source de revenus. La situation a changé lorsque Action contre la Faim a commencé à distribuer du fourrage dans le cadre de sa réponse d’urgence à la sécheresse et aux vagues de chaleur dans la province du Sindh en 2025.


Grâce à un approvisionnement régulier en fourrage, ses animaux sont désormais en meilleure santé et produisent davantage de lait, qu’elle vend et qu’elle utilise pour nourrir sa famille. Ce soutien constitue une source de revenus vitale, l’aidant à répondre aux besoins de son foyer. Son expérience illustre le lien essentiel entre l’accès à l’eau potable, la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance, la nutrition et l’hygiène.
À environ cinq kilomètres de là, dans le village d’Ismail Sheikh, les enfants souffraient depuis longtemps de maladies de peau et d’éruptions fréquentes, généralement attribuées à une combinaison d’eau contaminée et d’exposition au soleil brûlant. Depuis, le village a bénéficié des interventions d’Action contre la Faim visant à assurer l’approvisionnement en eau potable. Avec l’arrivée de l’eau saine et des programmes de sensibilisation à l’hygiène, les habitants ont reçu des chariots à eau, des kits d’hygiène et de cuisine, et ont participé à des sessions éducatives pour améliorer leurs pratiques en matière d’hygiène et de santé. Aujourd’hui, les villageois constatent qu’ils n’ont plus besoin de parcourir de longues distances ni de se fier à l’eau des puits non sécurisée. Les enfants peuvent désormais remplir les récipients directement depuis le camion-citerne.


Aujourd’hui, de nombreuses familles dépendent encore de nappes phréatiques non sécurisées. Des pressions environnementales telles que l’augmentation de la salinité, l’épuisement des aquifères et la pluviométrie irrégulière continuent de représenter une menace réelle. Cependant, des villages tels que Ramzan Babar et Ismail Sheikh, autrefois synonymes de pauvreté et de difficultés quotidiennes, incarnent aujourd’hui la résilience et la volonté de surmonter les épreuves. Les expériences de Seema et de Kaz Bano mettent en lumière non pas la dépendance, mais le progrès et montrent que lorsque les interventions en matière d’eau, d’alimentation, de santé et de moyens de subsistance sont intégrées, elles peuvent générer un changement durable.
Les interventions d’Action contre la Faim dans le district de Thatta ont déjà transformé la vie de 15 villages, touchant 1 376 foyers et plus de 7 000 personnes, et fournissant plus de 1,3 million de litres d’eau potable. Parallèlement, la distribution de kits d’hygiène et les sessions de sensibilisation ont permis aux familles d’adopter des pratiques plus sûres en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène, des mesures essentielles qui vont au-delà de l’aide d’urgence pour renforcer la santé et la nutrition à long terme.
*La réponse à la sécheresse et aux vagues de chaleur dans la province du Sindh est soutenue par la Fondation STARR.