• Mozambique

À la une

Distribution of tarpaulin and multipurpose vouchers in Mararange Montepuez District
©Action contre la Faim

Mozambique : La flambée des violences au Cabo Delgado provoque une augmentation des déplacements 

Au Mozambique, la seconde moitié de l’année 2025 a été marquée par une augmentation des attaques commises par les groupes armés non étatiques dans la région de Cabo Delgado, située à l’extrême Nord du pays. En septembre plusieurs districts dont Mocimboa da Praia, Balama, Montepuez, Macomia et Chiure ont été la cible de violences faisant régner la peur et provoquant le déplacement massif de sa population. Action contre la Faim continue d’intensifier ses efforts pour répondre à ces besoins urgents tout en maintenant ses projets de développement dans un pays qui souffre cruellement d’attention de la part de la communauté internationale.

Distribution of tarpaulin and multipurpose vouchers in Mararange Montepuez District
©Action contre la Faim

Après plus de 8 ans de conflit, le Mozambique fait face à une nouvelle vague de violences dans la province de Cabo Delgado entrainant la mort de nombreux civils et le déplacement de plus de 90 000 personnes entre septembre et octobre 2025, dont plus de la moitié sont des enfants1. Deux attaques nocturnes menées par un petit groupe d’hommes armés, ciblant un quartier de Mocimboa de Praia, à quelques jours d’intervalle, ont forcé plus de 23 000 personnes à fuir vers le district de Mueda, qui accueillait déjà un grand nombre de personnes déplacées, souvent depuis plusieurs années. 

« Les gens ont peur et partent même en anticipation d’autres éventuelles attaques, du fait de la violence extrême perpétrée à l’encontre des civils. Des familles dont des personnes âgées, femmes enceintes et enfants, marchent plusieurs jours pour rejoindre un endroit sûr, plus ou moins proche de chez elles afin qu’elles puissent revenir plus facilement une fois que la situation se stabilise, ou pour garder un œil sur leurs biens et leurs logements », explique Capucine Peignier, coordinatrice de zone adjointe pour Action contre la Faim au Mozambique.  

« On assiste à une situation imprévisible et relativement inédite. Auparavant certaines zones notamment côtières étaient particulièrement ciblées par ces attaques tandis qu’aujourd’hui elles ont lieu partout et de manière simultanée dans l’ensemble de la province. Ce contexte volatile complexifie la coordination et la réponse humanitaire qui reste insuffisante du fait de la faible présence d’acteurs humanitaires dans certaines zones, ainsi que de la baisse des financements. » 

Pour faire face à cette situation mêlant besoins chroniques, vulnérabilité face au changement climatique, et chocs ponctuels donnant lieu à des déplacements massifs de population, Action contre la Faim axe ses interventions à la fois autour de la résilience et du développement des communautés mais aussi autour de la réponse d’urgence et de l’appui aux services de bases dans les communautés difficiles d’accès. 

Dans le domaine de la santé et nutrition, Action contre la Faim déploie une clinique mobile et propose un appui aux brigades mobiles du gouvernement qui se déplacent dans les communautés les plus affectées et éloignées du système de santé, dans les districts de Macomia, Meluco et Quissanga. L’extension de ce programme à d’autres districts et le renforcement des déploiements d’urgence sont également prévus.  

« Nous intervenons également sur les deux nouveaux sites de déplacés de Songueia et Muagamula dans le district de Macomia à travers une réponse en Eau, Hygiène et Assainissement. Dans ces sites, les conditions de vie y sont très précaires avec peu ou pas de points d’eau. Notre réponse consiste à construire de nouveaux puits et des latrines durables car, même si ces sites sont prévus pour accueillir temporairement, les personnes y restent plusieurs mois voire années ». 

Enfin, via le Mécanisme de Réponse Rapide (RRM), Action contre la Faim répond aux besoins urgents à travers la distribution de kits ou de coupons permettant aux familles déplacées d’accéder à des articles alimentaires et non alimentaires pour subvenir à leurs besoins vitaux. À la fin du mois d’octobre le RRM venait en aide à plus de 1 000 familles déplacées récemment dans le district de Montepuez, à la suite d’attaques violentes, en étroite collaboration avec d’autres acteurs humanitaires apportant des services complémentaires tels que l’appui psychologique et la protection des enfants. 

Distribution of tarpaulin and multipurpose vouchers in Mararange Montepuez District
©Action contre la Faim

Aujourd’hui, 1,3 million de personnes ont besoin d’assistance humanitaire dans le pays. Dans un contexte de baisse généralisée de l’aide, seuls 14 % du plan de réponse humanitaire est financé.2 

« En fin d’année, de nombreux projets se terminent et les financements viennent à manquer. L’instabilité de la situation conjuguée aux aléas du changement climatique avec la saison des cyclones qui se profile, nous inquiètent quant à l’évolution de la situation et l’avenir de la population ». 

« Les besoins entre développement et urgence sont étroitement imbriqués. Il est important de maintenir ces deux volets et de pouvoir adapter notre réponse suite à une urgence tout en continuant nos actions de relèvement sur le plus long terme. Cette flexibilité ne peut être possible sans un appui financier de la communauté internationale qui ne doit pas tourner le dos à cette crise oubliée des radars », alerte C. Peignier.